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colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

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du principe de non malfaisance) s‘accordent pour une décision de soin ?<br />

La confusion est de plusieurs ordres :<br />

– Le consensus naturel (Cicéron) : harmonie, accord comme les<br />

éléments de <strong>la</strong> nature entre eux.<br />

– Le consensus athénien ou romain politique : préétabli en<br />

oligarchie <strong>et</strong> soumis pour approbation au peuple.<br />

– Le consensus éthique contemporain : procède d‘un débat qui se<br />

veut en même temps philosophique <strong>et</strong> démocratique pour aboutir à une<br />

action éthique mais qui ne sera jamais que politique par le substitut abusif<br />

conscient ou inconscient du pouvoir par <strong>la</strong> parole.<br />

Ceci parce que le débat se connecte <strong>sur</strong> le mode de <strong>la</strong><br />

communication, de <strong>la</strong> logique de l‘expertise, de <strong>la</strong> philosophie… Tous les<br />

interlocuteurs ne sont pas à armes égales : les interlocuteurs s‘inscrivent<br />

dans tous les niveaux d‘une hiérarchie, dans <strong>des</strong> niveaux différents<br />

d‘expertise <strong>et</strong> dans <strong>des</strong> disciplines cloisonnées. A partir de là, émergent <strong>des</strong><br />

jeux de pouvoir qui construisent le différend entre éthique <strong>et</strong> politique<br />

(Lyotard) : « c<strong>et</strong> état instable <strong>et</strong> instant du <strong>la</strong>ngage où quelque chose qui doit<br />

pouvoir être mis en phrases, ne peut l‘être encore. 241 » Le manque de code<br />

commun entre l‘éthique <strong>et</strong> le politique provoque souvent c<strong>et</strong> instant. Le seul<br />

consensus dont nous ayons à nous soucier est celui qui peut encourager c<strong>et</strong>te<br />

hétérogénéité, dit Lyotard. L‘ère du consensus politique se nourrit de c<strong>et</strong>te<br />

confusion entre les velléités politiques pragmatiques, les idées<br />

machiavéliennes, les représentations ras<strong>sur</strong>antes du consensus naturel qui<br />

n‘a nul besoin de délibération pour s‘exprimer <strong>et</strong>, plus actuel, l‘idéal de <strong>la</strong><br />

communication comme le décrit le paradigme de Habermas.<br />

Redonner du sens au débat<br />

Le dissensus pourrait donc, par le fait du combat <strong>des</strong> idées, se<br />

révéler comme meilleur garant d‘éthicité que son contraire (le consensus). La<br />

<strong>prudence</strong> nous inviterait donc à promouvoir le conflit <strong>des</strong> idées plutôt que de<br />

tenter de s‘en préserver. L‘expression <strong>des</strong> divergences ne peut qu‘enrichir le<br />

débat <strong>et</strong> nous as<strong>sur</strong>e d‘une continuité de réflexion. Le dissensus est le moteur<br />

du débat, le consensus, lui, ne fait que promouvoir une forme de soumission<br />

241 Jean-François Lyotard, Le différend, Paris, Les Editions de Minuit, 1983, p. 29.<br />

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