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colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

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exécutif. La raison de fond en est tout simplement qu'un comité d'éthique est<br />

justement « d'éthique ». Or pour demeurer authentiquement « d'éthique », il<br />

est exclu qu'un comité puisse être assimilé à une instance normative<br />

encadrant les activités humaines de manière contraignante. C'est pourquoi le<br />

CCNE est habilité à rendre <strong>des</strong> avis mais pas à prendre de décisions. Ce<br />

faisant, on échappe à <strong>la</strong> confiscation de l'éthique par un groupe restreint.<br />

Autrement, un tel comité se comporterait comme les « routiers sympas » <strong>des</strong><br />

années 60 qui affichaient à l'arrière de leurs camions « je roule pour vous ».<br />

Les comités spécialisés vont dans le même sens, leurs travaux<br />

aboutissant généralement à <strong>des</strong> « recommandations », ce qui ne les empêche<br />

pas de jouir d'un certain pouvoir de refus <strong>et</strong> de blocage, notamment en ce qui<br />

concerne les expérimentations cliniques <strong>et</strong> les publications dans les revues<br />

internationales (les anglo-saxonnes exigent absolument un tel visa).<br />

Ainsi se <strong>des</strong>sine progressivement une sorte d'idéal type du comité<br />

d'éthique, né à <strong>la</strong> fois de considérations issues de <strong>la</strong> raison réfléchissante <strong>et</strong><br />

de l'expérience pratique étalée <strong>sur</strong> <strong>des</strong> années de fonctionnement effectif. Car<br />

de même que l'on n'apprend réellement à naviguer qu'en naviguant, les<br />

comités d'éthique n'ont pu établir leur autorité qu'en échappant à une série<br />

d'écueils.<br />

On sait que les premiers comités existants, constitués localement,<br />

ont souvent pris <strong>la</strong> forme de clubs de notables qui ne représentaient guère<br />

qu'eux-mêmes. Pour peu qu'ils se soient piqués de théoriser à tout va, ils<br />

s'approchaient de ces « sociétés de pensée », décrites par Augustin Cochin,<br />

qui ont préparé <strong>la</strong> Révolution française. Pour échapper à ce défaut, ils ont<br />

généralement opté pour une formule plus ouverte, intégrant <strong>des</strong> personnes<br />

de statuts différents <strong>et</strong> de conditions variées, personnellement investies dans<br />

les préoccupations éthiques. C'est actuellement <strong>la</strong> situation qui prévaut, mais<br />

deux tentations restent toujours à éviter.<br />

La première consiste à confondre comité d'éthique <strong>et</strong> groupe de<br />

parole, lieu fait pour dégorger son pathos, décharger son stress, partager ses<br />

difficultés <strong>et</strong> ses indignations. C'est pourquoi il n'est pas souhaitable d'ouvrir<br />

les comités d'éthiques aux associations de patients, dont les représentants<br />

sont généralement <strong>des</strong> militants à l'esprit revendicatif, marqués par un vécu<br />

antérieur traumatisant. Ce qui perm<strong>et</strong> de souligner, a contrario, l'intérêt de<br />

réunir <strong>des</strong> gens qui ont certes une grande expérience de terrain, mais qui<br />

sont capables d'entr<strong>et</strong>enir une juste distance à son égard.<br />

La deuxième tentation est celle du dogmatisme méthodologique,<br />

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