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colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

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médicale a le sien, avec tout ce que ce<strong>la</strong> peut <strong>la</strong>isser apparaître de<br />

divergences. Leur point de rencontre mobilise encore <strong>la</strong> phronèsis, sous<br />

l'espèce du kairos, ce « moment opportun » que le mythe représentait sous<br />

<strong>la</strong> forme d'un homme nu, au corps huilé, qui courait très vite, <strong>et</strong> qu'il fal<strong>la</strong>it<br />

attraper au vol en le saisissant par sa queue de cheval. Le souci du kairos,<br />

c'est aussi l'un <strong>des</strong> devoirs du médecin, qui sait d'avance qu'avant il est trop<br />

tôt pour agir tandis qu'après il sera trop tard.<br />

Mais le temps de <strong>la</strong> phronèsis comporte aussi une autre dimension :<br />

celle de l'expérience acquise. Comme Aristote le signale fort justement à<br />

propos <strong>des</strong> jeunes gens, le médecin débutant est incapable de phronèsis lors<br />

même qu'il peut briller en <strong>sciences</strong> exactes <strong>et</strong> en informatique. L'expérience<br />

lui perm<strong>et</strong> d'acquérir les habitus requis par son métier, <strong>et</strong> même aboutir à<br />

c<strong>et</strong>te curieuse forme d'intuition qui n'est pas une immédiat<strong>et</strong>é primaire,<br />

spontanée, mais seconde — celle qui fait dire au médecin qu'il « sent » ou pas<br />

son ma<strong>la</strong>de, son état <strong>et</strong> son devenir.<br />

Est-ce à dire que le médecin a besoin de connaître Aristote pour<br />

pratiquer <strong>la</strong> phronèsis ? Pour analyser précisément ce qu'elle est, il le faut.<br />

Mais pour <strong>la</strong> pratiquer ce n'est nullement requis. Aristote lui-même le<br />

confirme : c'est avant tout en prenant pour modèle <strong>la</strong> conduite d'un homme<br />

qui en est pénétré qu'on y accède. C<strong>et</strong> homme se nomme justement le<br />

phronimos. D'où l'importance du compagnonnage en médecine, d'où l'on a<br />

tiré l'image du « patron », terme qui évoque l'engendrement d'un fils par son<br />

père.<br />

Pourquoi <strong>des</strong> comités d'éthique ?<br />

Ce n'est pas par hasard, mais par suite d'un enchaînement de<br />

circonstances que les comités d'éthique ont fait leur apparition. Ils ne sont<br />

d'ailleurs que l'une <strong>des</strong> formes possibles <strong>des</strong> dispositifs qui se sont fait jour<br />

depuis <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> Seconde Guerre mondiale. Ils sont cependant les plus<br />

représentatifs <strong>des</strong> problèmes que pose l'idée de phronimos collectif, qui<br />

implique que l'on passe du niveau purement re<strong>la</strong>tionnel à <strong>la</strong> dimension<br />

institutionnelle.<br />

Car l'évidence est là : nous nous r<strong>et</strong>rouvons aujourd'hui, par <strong>la</strong> force<br />

<strong>des</strong> choses, dans <strong>des</strong> situations qui débordent de toutes parts <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

médecin-patient au sein du <strong>colloque</strong> singulier. C'est vrai au niveau <strong>des</strong><br />

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