25.06.2013 Views

colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Consensus, utopie de <strong>prudence</strong> sociétale<br />

Christophe Pacific<br />

Le <strong>des</strong>tin du consensus est intimement lié au concept de <strong>prudence</strong>.<br />

A partir de l‘immense travail de Pierre Aubenque, nous pouvons<br />

dire qu‘Aristote a utilisé le concept de phronèsis dans une sémantique<br />

évolutive <strong>et</strong> paradoxale : elle désignait au départ un savoir supérieur,<br />

conforme à l‘idéal p<strong>la</strong>tonicien : le savoir véritable philosophique. Dans les<br />

premiers écrits d‘Aristote, rien ne différencie <strong>la</strong> phronèsis de <strong>la</strong> sophia qu‘il<br />

qualifie d‘ailleurs comme telle dans <strong>la</strong> Métaphysique ou encore du noos ou<br />

de l’épistémé. Il n‘y a que dans les traités éthiques que <strong>la</strong> phronèsis prend<br />

son sens de <strong>prudence</strong> tel que nous l‘avons repris aujourd‘hui en termes de<br />

choix de l‘action droite.<br />

Ce n‘est qu‘à partir de l’Éthique à Nicomaque qu‘il utilise un<br />

nouveau champ sémantique de <strong>la</strong> phronèsis qui, sortant du monde<br />

contemp<strong>la</strong>tif, pénètre le monde de l‘action où elle devient un moyen : une<br />

vertu. « Subordonnée à <strong>la</strong> sagesse elle n‘est plus qu‘un moyen, une intuition<br />

morale au service de ce qui est utile <strong>et</strong> bon à l‘homme. Elle devient concrète<br />

<strong>et</strong> intimement liée au monde réel pour une action droite sans référence à <strong>la</strong><br />

norme transcendante. 232 »<br />

Finalement il semble que <strong>la</strong> philosophie d‘Aristote n‘oppose à aucun<br />

moment les deux champs sémantiques de <strong>la</strong> phronèsis mais plutôt que l‘un<br />

pose le cadre <strong>et</strong> le sens de l‘autre : ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong> d‘extraire <strong>la</strong> phronèsis d‘une<br />

dialectique sémantique <strong>et</strong> de lui donner à <strong>la</strong> fois une vocation contemp<strong>la</strong>tive<br />

<strong>et</strong> une exigence pratique. Il n‘y a pas une vraie <strong>et</strong> une fausse définition mais<br />

deux définitions qui se complètent. La <strong>prudence</strong> est une praxis. Elle n‘est ni<br />

tout à fait une science, ni tout à fait un art, elle est une disposition pratique<br />

qui se nourrit d‘elle-même. « L‘homme prudent s‘applique à être prudent »<br />

nous dit Aristote. Voilà <strong>la</strong> <strong>prudence</strong> en termes de praxis : elle est une prise de<br />

conscience de l‘importance du lien entre le temps présent <strong>et</strong> l‘action de<br />

délibérer en soi. De c<strong>et</strong>te délibération va dépendre le futur, car une décision<br />

sera prise <strong>et</strong> un choix sera posé. Le présent devient événement historique<br />

232 Pierre Aubenque, La <strong>prudence</strong> chez Aristote, Paris, PUF, « Quadrige – grands textes »,<br />

2004, p. 11.<br />

91

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!