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colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

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fantasia ? Et puis comment comprendre ce qu‘est le vivant ? Je prends<br />

d‘abord <strong>la</strong> fantasia. Celle-ci, je l‘ai déjà indiqué, a été maltraitée parce que<br />

son père l‘a <strong>la</strong>issée orpheline. Elle a pu accéder tout au plus au statut de<br />

sensation affaiblie <strong>et</strong> de bonne à tout faire, voire de folle du logis. C‘est<br />

d‘abord le rôle de médiatrice qui ne lui convient pas du tout. Il ne faut pas <strong>la</strong><br />

voir courir comme une p<strong>et</strong>ite folle exaltée <strong>et</strong> échevelée d‘un étage à l‘autre de<br />

c<strong>et</strong>te construction vénérable du corps vivant, épouss<strong>et</strong>ant <strong>et</strong> rangeant,<br />

cassant parfois dans sa frénésie les bibelots d‘inanité sonore qu‘y expose <strong>la</strong><br />

propriétaire <strong>sur</strong> ses étagères propositionnelles. La p<strong>et</strong>ite parvient parfois à<br />

séduire sa maîtresse par ses atours embrouilleurs, transformant les choses<br />

ou les rendant méconnaissables, de sorte que <strong>la</strong> raison ne sache plus quoi<br />

croire ni si elle doit suivre ou fuir. En fait <strong>la</strong> fantasia ne médiatise pas, elle ne<br />

transpose rien ni ne transcode ni ne transporte ceci vers ou en ce<strong>la</strong>, en fait<br />

elle tient ensemble toute c<strong>et</strong>te maison avec son batac<strong>la</strong>n de puissances. Elle<br />

est un cœur simple <strong>et</strong> naïf dont l‘acception est encore symbolique <strong>et</strong> ce<br />

faisant confère à tout ce bric-à-brac vécu <strong>et</strong> senti, un sens. Ou pour employer<br />

une autre image, au centre elle est ce point nodal à partir duquel l‘ensemble<br />

vivant commence à vibrer, elle est <strong>la</strong> forme que prend son devenir ou son<br />

devenir inaugurant sa forme. De ce centre qui est partout <strong>et</strong> nulle part, dans<br />

son ardeur partent <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ournent cycliquement tous les mouvements <strong>et</strong> les<br />

émotions <strong>sur</strong> le rythme <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> tonalité <strong>des</strong>quels nous éprouvons notre<br />

corps subjectif. Toute c<strong>et</strong>te activité pathique, je reviens <strong>sur</strong> ce paradoxe,<br />

s‘organise (ce verbe est à prendre littéralement <strong>et</strong> désigne l‘interaction entre<br />

tous les organes à tous les étages de c<strong>et</strong>te demeure animée qu‘est le corps<br />

vivant) en réponse à ce qui pénètre dans c<strong>et</strong> espace d‘accueil qu‘est l‘âme,<br />

dans lequel résonne, avant de tomber victime du raisonnement, tout ce qui y<br />

pénètre du monde extérieur. Ici je proposerais une espèce de jeu de mots, un<br />

jeu étymologique sans doute un peu risqué, mais voilà, il s‘agit d‘une fille un<br />

peu fée <strong>et</strong> sorcière, une décomposition du verbe ‗réverbérer‘ en ré-verbe-érer<br />

qui signifierait à <strong>la</strong> fois faire rebondir non pas seulement les rayons lumineux,<br />

mais les sons, les saveurs <strong>et</strong> les parfums pour les assumer en un chant, en un<br />

verbe qui chante les transports de l‘esprit <strong>et</strong> <strong>des</strong> sens. Pathique parce que<br />

c<strong>et</strong>te réverbération ne s‘opère pas après <strong>et</strong> comme en réaction, elle est <strong>la</strong><br />

façon même dont <strong>la</strong> sensation a lieu au moment où elle a lieu, elle est le<br />

processus même de rencontre avec le monde <strong>et</strong> elle s‘instaure en échange<br />

avec lui. A travers <strong>la</strong> sensation dans sa globalité l‘âme s‘expose<br />

continuellement <strong>et</strong> activement au monde, en elle l‘âme s‘éprouve vivante en<br />

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