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colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...

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subjectif plus qu‘une trace historiographique. Le présent devient événement<br />

dans le sens où le suj<strong>et</strong> sait que, de ce présent dédié à <strong>la</strong> délibération, va<br />

dépendre son histoire.<br />

Prudence, entre éthique <strong>et</strong> politique<br />

La <strong>prudence</strong> dans son acception contemp<strong>la</strong>tive est du même ordre<br />

que le consensus cicéronien quand il dépend de <strong>la</strong> nature seule dans une<br />

harmonie, une sympathie <strong>des</strong> éléments entre eux <strong>et</strong> qui n‘a pas droit de cité<br />

dans les affaires humaines. Elle est aussi en lien avec le consensus dans son<br />

autre acception quand elle devient un moyen au service de l‘homme dans ce<br />

qui lui est utile <strong>et</strong> bon. Ici, <strong>la</strong> <strong>prudence</strong> se situe à <strong>la</strong> limite entre l‘éthique <strong>et</strong> le<br />

politique.<br />

A ce moment, il ne reste qu‘à galvauder l‘utile <strong>et</strong> le bon en termes de<br />

profit pour faire de <strong>la</strong> <strong>prudence</strong>, comme du consensus, <strong>des</strong> frères d‘arme au<br />

service de l‘action politique utilitariste anthropocentrique.<br />

Or, si Aristote dit dans Des parties <strong>des</strong> animaux que « <strong>la</strong> nature tire<br />

le meilleur parti <strong>des</strong> possibles dont elle dispose 233 », il a en vue <strong>des</strong> analogies<br />

humaines <strong>et</strong> s‘il m‘est permis une critique je ferai <strong>la</strong> suivante. Il a, à mon sens,<br />

fait un rapprochement trop rapide car le meilleur <strong>des</strong> possibles dont on<br />

dispose n‘est pas différent pour un homme de ce qui consiste à accéder à un<br />

moindre mal quand l‘action nous presse (un arbre qui pousserait à l‘ombre<br />

d‘un autre tenterait de s‘en écarter autant que faire se peut, dans les limites<br />

du possible : le meilleur du possible dont il dispose, ce qu‘il a sous <strong>la</strong> main.<br />

Ce meilleur là n‘est qu‘un moindre mal car <strong>la</strong> nature n‘a pas d‘autre choix<br />

que ceux dont elle dispose. Elle tire le moins mauvais parti d‘elle-même<br />

parce qu‘elle est contrainte par elle-même, elle ne peut pas s‘affranchir<br />

d‘elle-même. Alors que l‘homme, lui, dans sa boulésis (délibération, va<br />

pouvoir opérer une proaïrésis (capacité à faire <strong>des</strong> choix justes qui procèdent<br />

de c<strong>et</strong>te dernière qui peuvent l‘affranchir de <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> c‘est dans c<strong>et</strong>te<br />

acception que les utilitaristes vont s‘engouffrer en occultant <strong>la</strong> pensée<br />

d‘Aristote qui les dérange <strong>et</strong> qui dit que c<strong>et</strong>te proaïrésis est ce qui engage<br />

notre liberté, notre responsabilité <strong>et</strong> notre mérite.<br />

233 Aristote, Des parties <strong>des</strong> animaux, (IV,10,687,a 16), in Pierre Aubenque, La <strong>prudence</strong> chez<br />

Aristote, op. cit. p. 132.<br />

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