colloque sur la prudence. - Académie des sciences morales et ...
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l‘auteur <strong>des</strong> « Réflexions <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Révolution française », il dénonce les<br />
dangers d‘une pensée abstraite qui fait fi <strong>des</strong> traditions sociales<br />
(conservatisme) <strong>et</strong> d‘un pouvoir étatique qui veut façonner <strong>la</strong> société par le<br />
droit (libéralisme). Bickel partage avec Tocqueville <strong>la</strong> conviction qu‘un pays<br />
comme les États-Unis est un État de droit non seulement en raison de son<br />
régime politique mais avant tout dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e où <strong>la</strong> majorité <strong>des</strong> mœurs<br />
sociales se reconnaissent dans les décisions judiciaires. En ce sens, Bickel est<br />
favorable à une adaptation de <strong>la</strong> loi par le juge afin de refléter en droit les<br />
changements sociaux. Bickel accepte donc (à <strong>la</strong> suite d‘Alexander Hamilton)<br />
que <strong>la</strong> Cour Suprême ait <strong>la</strong> possibilité de poser <strong>des</strong> arrêts de règlement<br />
(principled judgments 143 )<br />
Pour Bickel, les décisions judicaires sont « louables <strong>et</strong> peu<br />
menaçantes pour <strong>la</strong> liberté quelle qu’elle soit » 144 uniquement du moment<br />
où elles prennent en compte les aspirations sociales. En revanche, <strong>la</strong> Cour<br />
Suprême n‘a pas à les provoquer au nom d‘un idéal (progressiste) 145 . Il est<br />
donc imprudent d‘aller contre le vouloir de <strong>la</strong> majorité. Une me<strong>sur</strong>e de <strong>la</strong><br />
réalité sociale doit toujours accompagner <strong>la</strong> décision du juge. La Cour<br />
Suprême peut engager <strong>des</strong> réformes, mais elle doit toujours le faire avec<br />
<strong>prudence</strong>. Selon Bickel, toute prise de position de <strong>la</strong> Cour Suprême est<br />
susceptible de subir une résistance sociale qu‘il nomme<br />
Countermajoritarian difficulty 146 .<br />
Bickel est ainsi favorable à une position de recul de <strong>la</strong> part de <strong>la</strong><br />
Cour Suprême. La <strong>prudence</strong> du juge est « une vertu passive » 147 .<br />
La pensée juridique libérale-conservatrice de Bickel est<br />
parfaitement illustrée dans ses critiques adressées au Chief Justice Earl<br />
Warren 148 . Le réalisme de Bickel s‘oppose à l‘idéalisme de Warren. En<br />
143 Sur <strong>la</strong> doctrine du droit constitutionnel d‘Alexander Hamilton voir l‘ouvrage de Broadus<br />
Mitchell, Alexander Hamilton , New York, Macmil<strong>la</strong>n,DATEXXXXX Vol.1,p.397 (disponible<br />
<strong>sur</strong> Intern<strong>et</strong>: http://www.questia.com/PM.qst?a=o&d=33717221 ).<br />
144 A. Bickel, The Least Dangerous Branch: The Supreme Court at the Bar of Politics, Yale,<br />
Yale University Press, 2 edition, 1986, p.53.<br />
145 A. Bickel, The Supreme Court and the Idea of Progress, Yale University Press; New, 1978.<br />
146 Voir A. Bickel, The Least Dangerous Branch: The Supreme Court at the Bar of Politics, op.<br />
cit.<br />
147 A Bickel, The Morality of Consent, Yale, Yale University Press, 1975.<br />
148 Earl Warren (1891-1974), a été Président (Chief Justice) de <strong>la</strong> Cour Suprême <strong>des</strong> États-Unis<br />
de 1953 à 1969. Voir le livre d‘A. Bickel, Politics and the Warren Court, New York, Harper &<br />
Row, 1965.<br />
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