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narines. C’est stupide, trop stupide à avouer à Angel, mais les<br />
ombres en lisière de la forêt ont bougé.<br />
Le visage de métal était là, dans les arbres. La silhouette a<br />
fait un pas en avant et le terrible poids de son pied en bronze<br />
s’est enfoncé dans la terre molle en bordure de la prairie.<br />
Quand tu as fait la fac d’arts plastiques, tu sais reconnaître<br />
une mauvaise hallucination. Tu sais reconnaître un flash-back.<br />
Tu t’es enfilé des tonnes de produits chimiques capables de se<br />
déposer dans tes tissus graisseux, prêts à inonder ton système<br />
sanguin de mauvais rêves en plein jour.<br />
La silhouette a avancé d’un pas supplémentaire, et son pied<br />
s’est enfoncé dans le sol. Au soleil, ses bras paraissaient par<br />
endroits d’un vert éclatant, à d’autres, marron terne. Le sommet<br />
de sa tête et le dessus de ses épaules étaient blancs de toutes les<br />
chiures d’oiseaux accumulées. Les muscles de chaque cuisse de<br />
bronze se gonflaient, tendus, parfaitement délinéés, comme en<br />
relief, chaque fois que la jambe se levait, et la silhouette<br />
avançait. À chaque pas, la feuille de bronze bougeait entre ses<br />
cuisses.<br />
Maintenant, de regarder l’aquarelle posée sur le dessus de la<br />
sacoche-photo d’Angel, c’est plus que gênant. Apollon, le dieu<br />
de l’Amour. Misty malade et ivre. L’âme nue d’une artiste entre<br />
deux âges, excitée.<br />
La silhouette qui s’approche d’un pas plus près. Une<br />
hallucination débile. Une intoxication alimentaire. Elle nue.<br />
Misty nue. Toutes les deux répugnantes dans le cercle d’arbres<br />
qui entourent la prairie. Pour s’éclaircir les idées, pour faire<br />
partir la silhouette, Misty s’est mise à dessiner. Pour se<br />
concentrer. Un dessin de rien sur rien. Ses yeux se sont fermés,<br />
et Misty a placé le crayon sur le bloc à aquarelle et elle l’a senti<br />
qui raclait la texture du papier, déposant des traits bien<br />
rectilignes, elle a frotté du flanc de son pouce pour créer des<br />
contours ombrés.<br />
Écriture automatique.<br />
Lorsque son crayon s’est arrêté, Misty en avait fini. La<br />
silhouette avait disparu. Son estomac allait mieux. Les<br />
souillures avaient suffisamment séché pour qu’elle puisse en<br />
racler la plus grosse partie et enterrer les serviettes, ses dessous<br />
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