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Tabbi a apporté son oreiller quand Misty a emménagé avec<br />
elle au Waytansea Hôtel. Elles ont toutes les trois apporté<br />
quelque chose. Misty a apporté ton oreiller, parce qu’il sent<br />
comme toi.<br />
Dans la chambre de Tabbi, Misty est assise au bord du lit, et<br />
peigne les cheveux de son enfant entre ses doigts. Tabbi a les<br />
longs cheveux noirs de son père et ses yeux verts.<br />
Tes yeux verts.<br />
Elle dispose d’une petite chambre qu’elle partage avec sa<br />
grand-mère, tout à côté de la chambre de Misty, dans le grenier<br />
à l’entresol, au-dessus du hall de l’hôtel.<br />
Pratiquement toutes les anciennes familles de l’île ont loué<br />
leur maison et emménagé dans le grenier de l’hôtel. Les<br />
chambres au papier peint de roses passées. Qui pèle à chaque<br />
raccord. Il y a un lavabo rouillé et un petit miroir boulonné au<br />
mur dans toutes les chambres. Dans chacune, deux ou trois lits<br />
en fer, à la peinture écaillée, au matelas mou et affaissé en son<br />
milieu. Il s’agit là des pièces à l’étroit, installées en soupente,<br />
sous des plafonds à l’oblique, derrière leurs petites fenêtres, ces<br />
lucarnes pareilles à des rangées de niches à chien sur le toit<br />
pentu de l’hôtel. Le grenier est un casernement, un camp de<br />
réfugiés pour de gentils nobles blancs de la campagne. Des gens<br />
nés seigneurs du manoir partagent maintenant une salle de<br />
bains dans le couloir.<br />
Ces gens qui jamais n’avaient eu le moindre boulot, cet été,<br />
ils servent aux tables. Comme s’ils s’étaient retrouvés, tous<br />
autant qu’ils sont, à court d’argent au même moment, cet été,<br />
chaque insulaire de sang bleu transporte les bagages à l’hôtel.<br />
Fait les chambres et le ménage. Cire les chaussures. Fait la<br />
plonge. Une industrie de service constituée de blonds aux yeux<br />
bleus, aux cheveux brillants et aux longues jambes. Polis, pleins<br />
d’allant, impatients et soucieux d’aller quérir un cendrier propre<br />
ou de décliner l’offre d’un pourboire.<br />
Ta famille – ton épouse, ton enfant et ta mère, elles dorment<br />
toutes les trois dans des lits en fer complètement défoncés à la<br />
peinture écaillée, sous des plafonds en soupente, en compagnie<br />
de leur butin, l’argenterie et les reliques en cristal de leur<br />
ancienne existence si distinguée.<br />
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