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femme qu’on appel<strong>le</strong> <strong>Ben</strong>t El Askri? Incident dont <strong>le</strong> Tout Tunis a fait des gorges chaudes au<br />
début des années 90. <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> n’a cessé ses virées nocturnes que quand la maladie a, par la<br />
force des choses, réduit ses moyens.<br />
Nesrine, la première fil<strong>le</strong> de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> et Leïla, est aujourd’hui mariée à un jeune homme<br />
d’affaires, Sakher El Materi. La première "drame" de Tunisie, sobriquet dont l’affub<strong>le</strong>nt ses<br />
compatriotes qui aiment casser du sucre sur <strong>le</strong> dos de la Présidente, donnera ensuite à Nesrine<br />
une petite sœur, Halima, puis un petit frère, Mohamed Zine el-Abidine, né <strong>le</strong> 20 février 2005.<br />
Là encore, à l’instar de Wassila, et peut-être à un degré encore plus é<strong>le</strong>vé, Leïla s’implique<br />
dans la vie politique. El<strong>le</strong> est même devenue un acteur de premier plan de la scène nationa<strong>le</strong><br />
tunisienne. Devenue "raïssa" (présidente, comme l’appel<strong>le</strong> la nomenklatura), alors que, selon<br />
<strong>le</strong> protoco<strong>le</strong> et selon la Constitution, el<strong>le</strong> n’a pas droit à ce nom, el<strong>le</strong> n’a pas pris beaucoup de<br />
temps pour prendre ses marques. L’influence qu’el<strong>le</strong> exerce aujourd’hui sur son mari est<br />
indéniab<strong>le</strong>, d’autant plus qu’il est malade.<br />
Manipulatrice à souhait et grande manœuvrière, el<strong>le</strong> est désormais derrière la plupart des<br />
nominations aux postes <strong>le</strong>s plus importants. Tous <strong>le</strong>s membres de l’entourage du président lui<br />
doivent sinon <strong>le</strong>urs postes du moins <strong>le</strong>ur maintien à ces postes. Les observateurs croient de<br />
plus en plus déce<strong>le</strong>r sa main derrière <strong>le</strong>s promotions et <strong>le</strong>s disgrâces, <strong>le</strong>s coups de pouce<br />
providentiels et <strong>le</strong>s croche-pieds fatals.<br />
Une chose est sûre cependant: mieux vaut aujourd’hui avoir <strong>le</strong>s faveurs de la Première dame<br />
pour espérer durer au gouvernement. Certains anciens compagnons de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>, tels l’homme<br />
d’affaires Kamel Letaief, ami intime du Président, écarté pour s’être opposé au mariage de ce<br />
dernier en seconde noce avec la fil<strong>le</strong> des Trabelsi, et l’ancien conseil<strong>le</strong>r spécial de la<br />
présidence et ancien ministre (du Tourisme, de l’Intérieur, de la Défense), Mohamed Jegham,<br />
limogé pour n’avoir pas montré beaucoup de zè<strong>le</strong> au service du clan des Trabelsi, en ont eu la<br />
preuve à <strong>le</strong>urs dépens. Le cas de Jegham, que certains avaient prématurément présenté comme<br />
un successeur potentiel, est assez significatif à cet égard. Ce commis de l’Etat et homme de<br />
confiance du président (comme lui, il est originaire de Hammam-Sousse), avait une réputation<br />
d’homme plutôt propre. "En 2007, il a jugé uti<strong>le</strong> de prévenir <strong>le</strong> président <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> que la<br />
famil<strong>le</strong> Trabelsi versait un peu trop dans la corruption et <strong>le</strong> racket. Mal lui en a pris ! Leïla<br />
eut vent de ses propos et <strong>le</strong> malheureux se retrouva ‘‘exilé’’ comme ambassadeur à Rome,<br />
avant de se voir proposer <strong>le</strong> même poste à Pékin, ce qu’il refusa, préférant faire valoir ses<br />
droits à la retraite et se lancer dans <strong>le</strong> business", racontent Nicolas Beau et Catherine Graciet.<br />
C’est ainsi que tous ceux qui étaient proches de la première épouse du Président ou de ses<br />
fil<strong>le</strong>s nées de son premier lit ont fini par se retrouver éjectés du sérail ou boutés hors du<br />
premier cerc<strong>le</strong> des courtisans. C’est <strong>le</strong> cas, par exemp<strong>le</strong>, de Slim Chiboub, gendre du<br />
président que l’on avait présenté un moment comme un possib<strong>le</strong> dauphin. Aussi, comme <strong>le</strong><br />
note Christophe Ayad, dans un artic<strong>le</strong> intitulé ‘‘La Tunisie de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> a un air de famil<strong>le</strong>’’<br />
(Libération, 31 octobre 2004), <strong>le</strong>s Tunisiens, à défaut de véritab<strong>le</strong> jeu démocratique "en sont<br />
réduits à parier sur <strong>le</strong>s hauts et <strong>le</strong>s bas des clans qui entourent <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>. Aux dernières<br />
nouvel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Chiboub seraient en perte de vitesse et <strong>le</strong>s Trabelsi feraient la pluie et <strong>le</strong> beau<br />
temps."<br />
‘‘La Régente de Carthage’’ consacre quelques passages pour raconter la disgrâce des anciens<br />
éléments du cerc<strong>le</strong> rapproché du président, tels Letaief, Chiboub et Jegham. Mais, en vérité,<br />
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