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fréquents séjours à Tunis, el<strong>le</strong> ne manque pas de lui téléphoner et de prolonger sa<br />
communication. El<strong>le</strong> décéda en 2002 mystérieusement !<br />
* * *<br />
C’est donc au cours du début de l’automne 1977 que <strong>le</strong> colonel <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> est rentré du Maroc,<br />
une fois sa mission achevée. Il réintègre son ministère d’origine mais ne reçoit aucune<br />
affectation. Abdallah Farhat, titulaire pour la seconde fois du portefeuil<strong>le</strong> de la Défense<br />
Nationa<strong>le</strong> <strong>le</strong> fait instal<strong>le</strong>r dans un bureau proche du sien, sans lui définir de fonction.<br />
Des jours passent… puis des semaines… et bientôt <strong>le</strong> colonel entame son quatrième mois de<br />
désœuvrement. C’est vraiment la poisse.<br />
Enfin <strong>le</strong> jour J arrive. Le vendredi 23 décembre 1977, vers 9h, Abdallah Farhat fait savoir à<br />
l’officier supérieur de rentrer chez lui et de retourner vite au bureau, après s’être habillé en<br />
civil. Et c’est ainsi que vers 11h30, comme si on craignait une invasion d’extraterrestres, <strong>le</strong><br />
Premier ministre Hédi Nouira et <strong>le</strong> ministre de la Défense Nationa<strong>le</strong>, accompagnés d’un<br />
officier supérieur de l’armée, font irruption au ministère de l’Intérieur. Le Premier ministre<br />
demande qu’on lui ouvre <strong>le</strong> bureau de Tahar Belkhodja, <strong>le</strong> ministre de l’Intérieur en mission à<br />
l’étranger.<br />
Prévenus par <strong>le</strong>s policiers en faction, Othman Kechrid et Abdelmajid Bouslama,<br />
respectivement secrétaire général du ministère de l’Intérieur et directeur général de la Sûreté<br />
nationa<strong>le</strong>, quittent <strong>le</strong>urs bureaux et, <strong>le</strong> regard effaré, accueil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s visiteurs sans rien<br />
comprendre à <strong>le</strong>ur irruption. L’événement rompt avec <strong>le</strong>s traditions.<br />
Dans une allocution bien mûrie, l’ancien ténor du barreau dit qu’"en application de la règ<strong>le</strong><br />
d’alternance dans l’exercice des responsabilités administratives", <strong>le</strong> Président de la<br />
république lui a donné pour mission d’annoncer que M. Tahar Belkhodja est appelé à de<br />
nouvel<strong>le</strong>s fonctions et que la relève sera assurée "momentanément" par M. Abdallah Farhat,<br />
ministre de la Défense Nationa<strong>le</strong>. Le Premier ministre ajoute qu’il est éga<strong>le</strong>ment chargé<br />
d’annoncer que M. Zine El Abidine <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> est nommé directeur général de la Sûreté<br />
nationa<strong>le</strong> en remplacement de M. Abdelmajid Bouslama. Enfin, Hedi Nouira précise que <strong>le</strong><br />
chef de l’Etat l’a chargé de témoigner sa reconnaissance à M. Tahar Belkhodja et à M.<br />
Abdelmajid Bouslama, <strong>le</strong> premier "pour <strong>le</strong>s services louab<strong>le</strong>s qu’il a rendus au département<br />
de l’Intérieur en en faisant, au vrai sens du terme, un département de sécurité" ; <strong>le</strong> second<br />
"pour la compétence dont il a fait preuve dans l’exercice de ses fonctions, à tel<strong>le</strong> enseigne que<br />
la direction de la Sûreté nationa<strong>le</strong> a pris va<strong>le</strong>ur d’exemp<strong>le</strong> en matière d’assouplissement des<br />
procédures administratives."<br />
M. Nouira ajoute que, personnel<strong>le</strong>ment, il a la plus grande estime pour <strong>le</strong>s hautes qualités<br />
mora<strong>le</strong>s de M. Bouslama. Mais <strong>le</strong> baume ne trompe personne, d’autant plus que <strong>le</strong> Premier<br />
ministre termine par une définition qui laisse perp<strong>le</strong>xe l’auditoire restreint invité à cette<br />
curieuse cérémonie d’investiture: "<strong>le</strong> ministère de l’Intérieur, dit-il, est une maison de verre<br />
où il ne doit y avoir ni arrière-pensées ni complaisances."<br />
Que s’était-il donc produit? A qui étaient attribuées <strong>le</strong>s arrière-pensées? Qui a montré de la<br />
complaisance et à qui? Est-ce celui-là même qui a fait du ministère "un département de<br />
sécurité au vrai sens du terme" qui est mis en cause?<br />
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