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Ben Ali le ripou - Webvirage

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Nombre des <strong>le</strong>aders d’Ennahdha, qui ont été libérés sous caution, en plusieurs vagues<br />

successives, depuis 2003, après avoir purgé l’essentiel de <strong>le</strong>ur peine, ont commencé à<br />

réapparaître, mais encore timidement, sur la scène publique. Pour autant, ils ne sont pas<br />

devenus libres de <strong>le</strong>ur mouvement. La plupart d’entre eux doivent pointer tous <strong>le</strong>s jours au<br />

commissariat de police de <strong>le</strong>ur quartier. Traumatisés par la répression subie, <strong>le</strong>s islamistes<br />

vivent encore dans la peur et au jour <strong>le</strong> jour. Ils savent qu’ils peuvent retourner en prison à<br />

tout moment, à la faveur d’un nouveau procès. Cela ne <strong>le</strong>s empêche pas de sortir peu à peu au<br />

grand jour et faire exister <strong>le</strong>ur mouvement. En s’affichant dans <strong>le</strong>s réunions publiques et en<br />

s’exprimant dans <strong>le</strong>s médias étrangers et sur <strong>le</strong> réseau Internet, ils cherchent à se présenter<br />

sous un profil différent, celui d’islamistes démocrates, à l’instar des chrétiens démocrates<br />

européens. Ils par<strong>le</strong>nt désormais de liberté individuel<strong>le</strong> et de droit de l’homme et clament <strong>le</strong>ur<br />

acceptation du Code de Statut Personnel, promulgué par Bourguiba en 1956, qui interdit la<br />

polygamie et accorde aux femmes <strong>le</strong> droit de divorcer. Ils ont même ébauché un dialogue, à<br />

défaut d’une véritab<strong>le</strong> alliance, avec certains mouvements de l’opposition laïque, libéra<strong>le</strong> et<br />

de gauche, qui avaient pourtant soutenu, par <strong>le</strong> passé, la politique répressive à <strong>le</strong>ur égard du<br />

régime de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>. Ainsi, l’un des membres du mouvement a pris part à la grève de la faim<br />

observée par huit personnalités politiques, en octobre et novembre 2005, pour protester contre<br />

l’absence de libertés politiques et d’expression. Cette grève de la faim, qui a eu un large écho<br />

à l’étranger, a donné naissance au Mouvement du 18 octobre pour <strong>le</strong>s droits et <strong>le</strong>s libertés, une<br />

plateforme démocratique, où cohabitent des militants de gauche, d’extrême gauche et des<br />

islamistes d’Ennahdha.<br />

Les autorités ont certes ébauché, el<strong>le</strong>s aussi, en novembre 2004, un dialogue avec Ennahdha,<br />

lorsque l’un des dirigeants du mouvement en Europe a été reçu par l’ambassadeur de Tunisie<br />

à Berne en Suisse, un énième rendez-vous (sciemment) manqué et dont <strong>le</strong> pouvoir n’attendait<br />

visib<strong>le</strong>ment ni l’esquisse de dialogue ni l’amorce d’une réconciliation. C’était une simp<strong>le</strong><br />

manœuvre de diversion qui visait à susciter des divergences au sein du mouvement islamiste.<br />

Quoi qu’il en soit, la rencontre de Berne, qui n’a jamais été annoncée officiel<strong>le</strong>ment à Tunis,<br />

n’a pas eu de suite. El<strong>le</strong> a eu pour conséquences de renforcer l’ai<strong>le</strong> dure du régime, de<br />

radicaliser une frange de l’opposition, qui a lancé <strong>le</strong> Mouvement du 18 Octobre et relancé <strong>le</strong><br />

débat parmi <strong>le</strong>s islamistes sur l’intérêt d’une reprise du dialogue avec un régime qui refuse<br />

toujours de légaliser <strong>le</strong>ur mouvement. Débat qui a eu pour seul résultat, à ce jour, de diviser<br />

davantage la nébu<strong>le</strong>use islamiste en plusieurs factions exprimant des positions parfois<br />

contradictoires.<br />

Après avoir pris langue avec <strong>le</strong>s islamistes, en diverses occasions, comme démontré ci-haut,<br />

<strong>le</strong>s autorités critiquent aujourd’hui vivement <strong>le</strong> rapprochement entre la gauche et ces mêmes<br />

islamistes, qu’el<strong>le</strong>s qualifient d’"alliance contre-nature entre l’extrémisme religieux et<br />

l’extrême-gauche". "L’histoire et l’expérience nous ont appris qu’à chaque fois que <strong>le</strong>s<br />

gauchistes se sont alliés aux fondamentalistes religieux, ils ont toujours fini par être avalés<br />

par eux", disent-el<strong>le</strong>s, en allusion à la révolution iranienne de 1979, confisquée par <strong>le</strong>s<br />

mollahs.<br />

Ce rapprochement a suscité aussi des remous au sein de la gauche el<strong>le</strong>-même. Ses partisans<br />

soutiennent qu’Ennahdha doit pouvoir jouir du droit à l’existence et à l’expression libre dans<br />

la légalité démocratique, au même titre que <strong>le</strong>s autres composantes de l’opposition. Ils<br />

soulignent aussi que l’unité d’action avec <strong>le</strong>s islamistes est non seu<strong>le</strong>ment souhaitab<strong>le</strong> mais<br />

nécessaire. Car, l’éparpil<strong>le</strong>ment de l’opposition n’a profité jusque là qu’au régime et n’a servi<br />

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