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fenêtre ; el<strong>le</strong> revient au grand galop par la porte. Un nouveau colonialisme tout crasseux,<br />
arrogant et méprisant s’instal<strong>le</strong>. Pourquoi nous défaire aujourd’hui de nos entreprises, au<br />
prétexte de <strong>le</strong>s privatiser, alors qu’el<strong>le</strong>s étaient prospères et donnaient du travail à nos<br />
compatriotes (<strong>le</strong>s cimenteries, Tunisie Te<strong>le</strong>com, etc.) ? La seu<strong>le</strong> raison est la volonté<br />
d’alimenter <strong>le</strong>s comptes de qui vous savez, en devises, par des commissions dont <strong>le</strong> montant<br />
éga<strong>le</strong> celui des transactions figurant dans <strong>le</strong>s contrats de sessions.<br />
Y a-t-il une seu<strong>le</strong> raison pour louer ou vendre nos terres agrico<strong>le</strong>s aux étrangers sinon la<br />
reconnaissance de notre incapacité à bien <strong>le</strong>s exploiter? Y a-t-il une raison pour permettre aux<br />
étrangers de s’instal<strong>le</strong>r chez nous, et d’exercer des professions libéra<strong>le</strong>s, sinon pour<br />
concurrencer nos concitoyens? Et ces retraités à mil<strong>le</strong> euros par mois qui s’instal<strong>le</strong>nt<br />
roya<strong>le</strong>ment et profitent des sacrifices consentis par la communauté nationa<strong>le</strong> pour alléger la<br />
facture du pain, de l’énergie et des autres besoins de première nécessité?<br />
Monsieur <strong>le</strong> Président,<br />
La nature a doté notre pays d’une mer bel<strong>le</strong> et généreuse. La saveur de nos poissons est<br />
unique. Ce fait est rapporté dans <strong>le</strong>s récits des grands voyageurs. Il y a plus de huit cents ans,<br />
un Irakien, Al Imam Al Kazwini, auteur d’un dictionnaire historique des vil<strong>le</strong>s et des noms<br />
des lieux, avait souligné que chaque saison offre aux Tunisiens une variété particulière de<br />
poisson et que <strong>le</strong>s Tunisiens ne consomment un poisson que durant sa saison.<br />
C’est là une vérité constante. Personne ne vous achètera des sardines en décembre ni des<br />
loups en avril. Les connaisseurs vous diront que <strong>le</strong> mois de juin est la saison du poisson b<strong>le</strong>u,<br />
que juil<strong>le</strong>t est la saison du pagre et du mérou, que <strong>le</strong> thon est pris en août, que la daurade<br />
roya<strong>le</strong> est dégustée en septembre, que <strong>le</strong> mois d’octobre nous offre <strong>le</strong> mu<strong>le</strong>t et <strong>le</strong> muge et que<br />
novembre nous propose <strong>le</strong> rouget des roches. Si vous aimez <strong>le</strong> loup, attendez <strong>le</strong> mois de<br />
décembre. A Jerba, à Sfax, à Mahdia, à Monastir, à Sousse et à Tunis, on vous confirmera tout<br />
cela. Interrogez <strong>le</strong>s Italiens sur la saveur de nos poissons et <strong>le</strong>s Japonais sur la va<strong>le</strong>ur gustative<br />
de notre thon rouge.<br />
Du temps du Protectorat, l’exportation du poisson était quasiment inexistante, faute de<br />
moyens techniques. Au début de l’indépendance, el<strong>le</strong> était très limitée. " Satisfaire d’abord <strong>le</strong><br />
marché local " : tel<strong>le</strong> était la consigne de Bourguiba, lui-même fin connaisseur en la matière.<br />
Depuis une vingtaine d’années, <strong>le</strong>s portes de l’exportation de notre poisson furent ouvertes.<br />
Un système simp<strong>le</strong> et alléchant mais délictueux, imposé aux patrons de balancel<strong>le</strong>s et autres<br />
bateaux de pêche, a été mis en place. On vous instal<strong>le</strong> gratis un grand congélateur dans votre<br />
embarcation et on vous achète d’avance <strong>le</strong> produit entier de votre pêche.<br />
La sortie en mer dure, selon <strong>le</strong>s caprices de la météo, une ou deux semaines. Durant <strong>le</strong> trajet<br />
du retour, <strong>le</strong>s marins pêcheurs rangent dans <strong>le</strong>s caisses, par catégorie, <strong>le</strong>s variétés de poissons<br />
dits nob<strong>le</strong>s. A l’accostage, <strong>le</strong>s caisses pesées et cachetées sur <strong>le</strong> quai, sont rangées à bord d’un<br />
camion. Une fois <strong>le</strong>s opérations terminées, <strong>le</strong> camion est embarqué rapidement dans un navire<br />
en partance pour un pays européen. Des envois aériens sont aussi fréquents.<br />
Parfois, la décharge de la balancel<strong>le</strong> se fait en p<strong>le</strong>ine mer. Mirac<strong>le</strong> des communications par<br />
portab<strong>le</strong>. De l’autre bout du monde, un bateau japonais, ou autre, vient prendre livraison de<br />
notre thon rouge ou autre. Les variétés de poissons jugées impropres à l’exportation sont<br />
mêlées à des congénères en provenance du Yémen, de Libye, de Mauritanie ou d’Espagne<br />
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