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Ben Ali le ripou - Webvirage

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Depuis 2009, l’ATI a imposé aux gérants des Cybercafés, appelés en Tunisie publinets, <strong>le</strong><br />

programme Publisoft qui permet de savoir ce que <strong>le</strong>s internautes visitent comme sites. Le<br />

procédé fonctionne de la manière suivante: pour naviguer sur <strong>le</strong> web, <strong>le</strong>s internautes doivent<br />

inscrire <strong>le</strong>urs informations personnel<strong>le</strong>s sur une application. En retour, ils reçoivent un nom<br />

d’utilisateur et un mot de passe qu’ils garderont en permanence et qui seront valab<strong>le</strong>s dans<br />

tous <strong>le</strong>s cafés Internet. Les internautes ne peuvent accéder au web que s’ils donnent <strong>le</strong>ur nom<br />

d’utilisateur et <strong>le</strong>ur mot de passe. Ainsi, l’Agence tunisienne d’Internet sait en temps réel <strong>le</strong><br />

nom de l’usager, où il se trouve et quel site il consulte.<br />

Les sites et blogs tunisiens qui sont hébergés à l’étranger n’échappent pas à la surveillance des<br />

autorités tunisiennes. De nombreux sites ont fait l’objet d’attaques très sévères. C’est <strong>le</strong> cas<br />

notamment de nawaat.org et des sites des organisations de défense des droits de l’homme.<br />

Certains ont perdu <strong>le</strong>urs archives, d’autres ont été inaccessib<strong>le</strong>s durant plusieurs jours.<br />

La cyber-police s’emploie aussi à noyer la toi<strong>le</strong> sous <strong>le</strong>s sites officiels, ainsi <strong>le</strong>s recherches<br />

relatives à la Tunisie aboutissent sur ces sites qui seront bien placés dans <strong>le</strong>s moteurs de<br />

recherche. El<strong>le</strong> pirate éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s sites de l’opposition par des attaques DDOS et contamine<br />

<strong>le</strong>s serveurs et <strong>le</strong>s sites par des vers, chevaux de Troie et virus, filtre ces sites par l’adresse IP,<br />

efface <strong>le</strong> contenu des pages web et des courriels et bloque <strong>le</strong>s ports.<br />

El<strong>le</strong> recourt éga<strong>le</strong>ment à la technologie Deep Packet Inspection (DPI), une technologie de<br />

gestion de réseau avancée installée sur <strong>le</strong>s serveurs des fournisseurs de service Internet et qui<br />

permet de passer au crib<strong>le</strong> chaque "unité d’information" provenant du web afin de s'assurer<br />

qu’el<strong>le</strong> est conforme avec <strong>le</strong>s critères de contrô<strong>le</strong>s établis par l’ATI. De même, el<strong>le</strong> filtre et<br />

neutralise <strong>le</strong>s outils de contre-filtrage comme Anonymizer ou Guardster, <strong>le</strong>s proxy qu’utilisent<br />

souvent <strong>le</strong>s internautes tunisiens pour contourner <strong>le</strong>s techniques de filtrage.<br />

Les dizaines de sites Internet et de pages Facebook tunisiens qui sont censurés sont consacrés<br />

essentiel<strong>le</strong>ment à la question des violations des droits de l’homme et des libertés en Tunisie.<br />

On peut y lire une multitude d’informations sur des grèves, sur la répression policière, sur la<br />

torture, ainsi que sur <strong>le</strong>s arrestations de journalistes, de défenseurs des droits de l’homme ou<br />

de syndicalistes. Des informations qu’on ne retrouve pas dans <strong>le</strong>s médias nationaux. Outre <strong>le</strong>s<br />

sites et blogs animés par des opposants tunisiens à l’intérieur et à l’extérieur, de nombreux<br />

sites internationaux sont bloqués par l’ATI, tels Flickr, <strong>le</strong> site de partage d’images, ainsi que<br />

<strong>le</strong>s sites de partage de vidéos, Dailymotion, Youtube, Blip.tv et Wat.tv, ou encore des sites<br />

d’actualité français et arabes n’émargeant pas sur l’ATCE.<br />

Tout en admettant la nature discrète voire secrète de l’infrastructure de la censure<br />

cybernétique en Tunisie – on par<strong>le</strong> d’une plateforme forte de 600 ingénieurs en informatique<br />

basée à Carthage, non loin du palais présidentiel, qui assure 24 heures sur 24 <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la<br />

toi<strong>le</strong> (interception des email, blocage des sites critiques à l’égard du régime, cyber-contrô<strong>le</strong><br />

des agents de l’Etat, etc.) – certains opposants ont essayé d’étudier et de clarifier <strong>le</strong>s<br />

techniques de filtrage du web appliquées en Tunisie.<br />

C’est <strong>le</strong> cas de Sami <strong>Ben</strong> Gharbia, l’une des figures <strong>le</strong>s plus en vue de l’opposition tunisienne<br />

sur Internet, réfugié politique aux Pays-Bas depuis 1998, cofondateur de Nawaat.org, un blog<br />

col<strong>le</strong>ctif indépendant animé par des Tunisiens, et de Cybversion.org, un blog dédié à la<br />

censure d’Internet en Tunisie.<br />

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