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nouvel<strong>le</strong> loi <strong>le</strong> transforme en zone constructib<strong>le</strong>. N’est-ce pas un coup de baguette magique?<br />
Le terrain, rapidement loti par une administration zélée, est mis en vente à une clientè<strong>le</strong> triée<br />
sur <strong>le</strong> vo<strong>le</strong>t au prix exorbitant de quatre cent dinars <strong>le</strong> mètre carré. Voilà ce qu’on appel<strong>le</strong> une<br />
affaire très juteuse. Pour vous exprimer ses remerciements, <strong>le</strong> promoteur, derrière <strong>le</strong>quel se<br />
cache l’un de vos proches, vous offre en cadeau un magnifique lot d’un hectare avec vue sur<br />
mer. C’est ce qu’on appel<strong>le</strong> un pot de vin. Vous vous empressez de <strong>le</strong> visiter en catimini et<br />
bientôt la construction d’un beau château, que vous destinez à votre fils, touche à sa fin.<br />
Quel<strong>le</strong> générosité!<br />
Aujourd’hui, nous découvrons avec stupeur que <strong>le</strong>s factures que certaines entreprises ont osé<br />
vous présenter ont été payées par des chèques tirés des comptes bancaires de la Présidence de<br />
la République. La confusion entre biens publics et biens privés s’appel<strong>le</strong> abus de biens<br />
sociaux, et est norma<strong>le</strong>ment punie par la loi. Et vous persévérez à dire que nous sommes dans<br />
un Etat de droit. Cette ruse, car ruse il y a, vous permet de spolier <strong>le</strong>s vrais propriétaires du<br />
terrain d’une part, et d’autre part, d’enrichir des margoulins, en décrétant <strong>le</strong> changement de<br />
vocation du terrain. Et ce n’est pas un épisode isolé.<br />
En 1990, vous vous faites construire une luxueuse résidence à Hammamet. C’est votre droit.<br />
Vous faites bifurquer l’autoroute à coups d’expropriations pour cause d’utilité publique et<br />
rendez aisée l’arrivée à votre petit palais. Admettons. Et puis vous manifestez <strong>le</strong> désir<br />
d’acquérir un vaste terrain limitrophe de votre domaine. Admettons encore. Mais là où nous<br />
commençons à nous demander sous quel régime nous vivons, c’est quand <strong>le</strong> fisc s’acharne sur<br />
<strong>le</strong>s propriétaires réfractaires. Il s’agit de Chérif El Materi, avocat au barreau de Tunis, et de<br />
son épouse. L’homme, fils du regretté Mahmoud El Materi, ancien président du Néo-Destour,<br />
s’était permis de faire savoir son refus par voie d’huissier de justice. Son arrogance lui coûtera<br />
cher. L’inspecteur des finances chargé de lui chercher noise découvre une brumeuse fraude<br />
fisca<strong>le</strong> dans une SARL où <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> est actionnaire. Ils écopent de deux ans de prison. A <strong>le</strong>ur<br />
libération, ils découvrent que <strong>le</strong>ur terrain a été exproprié de force. Depuis, ce terrain vous<br />
appartient : il ne vous a pas coûté un millime.<br />
A Carthage, deux autres terrains contigus inconstructib<strong>le</strong>s, tout près de la nouvel<strong>le</strong> mosquée,<br />
de cinq hectares chacun, situés au cœur d’un site archéologique protégé et où l’UNESCO a<br />
entrepris des fouil<strong>le</strong>s – terrains, répétons-<strong>le</strong>, inconstructib<strong>le</strong>s –, ont été cédés par <strong>le</strong>urs<br />
propriétaires respectifs à raison de douze dinars <strong>le</strong> mètre carré. Aussitôt, une loi proclame <strong>le</strong>s<br />
terrains constructib<strong>le</strong>s. Après lotissement, la vente se fait sur la base de 700 à 1000 dinars <strong>le</strong><br />
mètre carré. Les derniers lots ont été vendus à 1400 dinars <strong>le</strong> mètre carré. Dans cette affaire,<br />
Hakim Hmila sert – encore une fois – d’écran à Belhassen Trabelsi.<br />
Même scénario dans un autre terrain dont une partie appartient à l’Etat, déclaré zone verte et<br />
situé dans la station touristique de Gammarth. Ici, c’est Tijani <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>, votre frère monsieur <strong>le</strong><br />
Président, qui s’acoquine à un autre entrepreneur en bâtiment, Nouri Chaâbane. Ce dernier<br />
était, à l’origine, charretier, transporteur de caillasse. Au bout de vingt ans, il est devenu<br />
multimilliardaire en dinars. Les deux compères agissent sous <strong>le</strong> couvert d’une société<br />
dénommée SAPRIM. La vente des lots de ce titre N° 86214 se fait sur la base de sept cent à<br />
mil<strong>le</strong> deux cents dinars <strong>le</strong> mètre carré.<br />
Votre gendre Sakher El Materi, jeune marié, ou ses conseil<strong>le</strong>rs du palais, ont voulu acheter un<br />
terrain de quatre hectares, propriété de la Société de la Promotion du Lac, pas loin du Palais<br />
de la Foire du Kram. Le PDG de l’époque, Farhat Mdini (2002-2004), consentit à la<br />
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