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Ben Ali le ripou - Webvirage

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Laissez-nous vous poser ces deux questions: En deux décennies de pouvoir sans partage,<br />

avez-vous rendu <strong>le</strong>s Tunisiens plus heureux? Et que retiendra l’histoire de votre proconsulat?<br />

Monsieur <strong>le</strong> Président,<br />

Je vous prie d’excuser mon franc-par<strong>le</strong>r : vous n’avez su ni développer ni même sauver<br />

l’héritage reçu de votre prédécesseur. Le libérateur de la nation avait effectué, durant trois<br />

décennies, des réalisations gigantesques que vous avez allègrement liquidées en l’espace de<br />

vingt ans. Ces réalisations couvraient non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> domaine politique, économique, social<br />

et éducatif, mais aussi celui de la renaissance des arts et des <strong>le</strong>ttres. Nous en étions fiers.<br />

Notre indépendance était réel<strong>le</strong>. Nous avions reconquis nos terres et bâti une économie saine.<br />

Le dinar, monnaie nationa<strong>le</strong> lancée dès <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain de l’indépendance, était coté.<br />

L’enseignement primaire a été étendu aux coins <strong>le</strong>s plus reculés du pays ; l’enseignement<br />

secondaire a été développé à la mesure de nos besoins ; l’enseignement supérieur a été créé et<br />

doté des instruments du succès. Nos éco<strong>le</strong>s, nos lycées et nos facultés n’ont rien à envier à<br />

ceux du monde occidental. Sur <strong>le</strong> plan du statut personnel, un code, promulgué dès 1956, fait<br />

honneur à la Tunisie. Nous avions des écrivains, des poètes, des dramaturges, des artistes dans<br />

toutes <strong>le</strong>s branches de l’art ; des comédiens, des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des<br />

hommes et des femmes qui excellaient dans l’art du chant, des choristes, des chansonniers,<br />

des humoristes.<br />

Tout un chacun mettait son cœur à l’ouvrage. Nous avions la conviction de participer à la<br />

création d’un monde nouveau. Nous étions enthousiastes. Au Palais de Carthage, <strong>le</strong><br />

Combattant Suprême communiquait son optimisme et son credo politique à ses ministres et à<br />

ses invités. Les ministres étaient de vrais ministres et non pas seu<strong>le</strong>ment des figurants aux<br />

ordres d’une clique de conseil<strong>le</strong>rs.<br />

Bien sûr, des erreurs ont été commises. Mais, à votre différence, Bourguiba a eu <strong>le</strong> courage de<br />

<strong>le</strong>s reconnaître et d’y mettre fin. Un peu trop bruta<strong>le</strong>ment, certes. Mais il a fait disparaître <strong>le</strong><br />

mal ainsi que sa cause. C’est l’essentiel. Tour à tour, Ahmed <strong>Ben</strong> Salah et Mohamed Mzali<br />

ont été congédiés et jugés. Et surtout, il n’a pas reculé devant la nécessité de répudier sa<br />

deuxième épouse et de réhabiliter la mémoire de la première compagne de sa vie. Dans <strong>le</strong><br />

mausolée de Monastir, cel<strong>le</strong> qui, pour l’éternité, dort auprès de lui n’est pas Wassila <strong>Ben</strong><br />

Ammar mais Moufida née Mathilde Lorain, mère de son fils Habib dit Bibi.<br />

Pouvez-vous en faire autant? Pouvez-vous congédier <strong>le</strong>s marchands du temp<strong>le</strong> qui vous<br />

entourent à Carthage et qui contribuent à la dépravation des mœurs, <strong>le</strong>s Abdelaziz <strong>Ben</strong> Dhia,<br />

Abdelwaheb Abdallah et compagnie? Vos ministres ne font qu’exécuter <strong>le</strong>urs ordres sans<br />

murmure. Ils n’ont même pas <strong>le</strong> droit de choisir <strong>le</strong>s membres de <strong>le</strong>ur cabinet. Vous avez<br />

neutralisé <strong>le</strong>urs cerveaux. Dans <strong>le</strong>s conseils ministériels vous ne vous gênez pas pour faire des<br />

remarques désobligeantes et de vous permettre de lâcher des mots grossiers ou orduriers et<br />

même des insultes. Cela vous donne la réputation non pas d’un président digne de son rang<br />

mais d’un patron mafieux et d’un affranchi.<br />

Vous avez rendu lugubre <strong>le</strong> palais présidentiel.<br />

Ecoutez bien ceci. Quoique pseudo-militaire, vous al<strong>le</strong>z aisément comprendre <strong>le</strong> schéma<br />

théorique suivant : un général nommé à la tête d’une brigade ou d’une division entreprend sa<br />

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