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Ben Ali le ripou - Webvirage

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Ainsi donc, <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> préparait à l’usage du ministre d’une part et de l’état-major d’autre part<br />

un bul<strong>le</strong>tin quotidien à vous donner la nausée. Il y déballait <strong>le</strong>s diverses médisances reçues la<br />

veil<strong>le</strong> de tout <strong>le</strong> territoire.<br />

M. Bahi Ladgham, Secrétaire d’Etat à la Défense Nationa<strong>le</strong> manifesta à la <strong>le</strong>cture de ces<br />

papiers quotidiens d’abord de l’étonnement puis de la colère pendant que son chef de cabinet,<br />

M. Habib <strong>Ben</strong> Ammar, s’en dé<strong>le</strong>ctait ou en faisait son régal matinal. Les niveaux culturels des<br />

deux hommes étaient sans commune mesure. Le sieur Habib <strong>Ben</strong> Ammar devait <strong>le</strong> poste<br />

important qu’il occupait non pas à sa va<strong>le</strong>ur intrinsèque mais à sa qualité d’époux, depuis<br />

1956, de Neïla <strong>Ben</strong> Ammar, sœur de Wassila <strong>Ben</strong> Ammar, alias la " Mejda ". Simp<strong>le</strong> soldat<br />

de l’armée beylica<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s années trente et bel homme, il s’enticha de Chafia Rochdi, jeune<br />

vedette de la chanson, eut d’el<strong>le</strong> une fil<strong>le</strong> et vécut durant plusieurs années de ses larges<br />

subsides.<br />

* * *<br />

L’état major de l’armée tunisienne comprenait initia<strong>le</strong>ment des transférés, soit de l’armée<br />

française soit de l’armée beylica<strong>le</strong>. La première catégorie de transférés était majoritaire. Ils<br />

venaient essentiel<strong>le</strong>ment du 8 ème RTT (Régiment de Tirail<strong>le</strong>urs Tunisiens) et du 4 ème RTT.<br />

Chacun de ces deux corps de troupe était placé sous la direction d’un colonel. La base, soit la<br />

troupe et quelques sous-officiers, était constitués d’engagés volontaires tunisiens, c’est-à-dire<br />

de jeunes il<strong>le</strong>ttrés qui, pour échapper au chômage, à la misère et à la faim, ont été réduits à<br />

choisir cette voie.<br />

En 1956, Bourguiba, alors Premier ministre de la jeune Tunisie indépendante a préféré <strong>le</strong>s<br />

récupérer et constituer avec eux <strong>le</strong> premier noyau de l’armée tunisienne. Il pensait, dans son<br />

for intérieur, qu’une armée composée d’ignorants ne pouvait avoir aucune velléité<br />

révolutionnaire. " Il y va de notre sécurité ", avait franchement répondu Bahi Ladgham à un<br />

journaliste qui l’interrogeait sur ce choix.<br />

Mohamed El Kéfi est issu du 4 ème RTT. Ce fils de cavaliers Jlass est monté de grade en grade<br />

dans <strong>le</strong>s écuries du régiment. Les vieux Soussiens (habitants de Sousse) disent que <strong>le</strong>ur cité<br />

était pourvue d’un hippodrome. On y organisait des courses auxquel<strong>le</strong>s l’armée française<br />

participait en bonne place, et ce, jusqu’à la veil<strong>le</strong> de la Deuxième Guerre Mondia<strong>le</strong>. Les<br />

connaisseurs jouaient <strong>le</strong> cheval monté par <strong>le</strong> lieutenant El Kefi. Par ail<strong>le</strong>urs, on aimait<br />

regarder ce bel officier, impeccab<strong>le</strong> dans son uniforme, traverser <strong>le</strong>s rues de la médina. En<br />

1952, il prit contact avec la cellu<strong>le</strong> destourienne de Sousse et soutint l’idée de la guérilla,<br />

unique moyen de battre une armée régulière. Il fut mis à la retraire avec <strong>le</strong> grade de capitaine.<br />

En 1955, <strong>le</strong> Néo-Destour, <strong>le</strong> parti nationaliste de l’époque, fit appel à lui en tant que<br />

consultant pour aider à combattre <strong>le</strong>s Yousséfistes (partisans du chef nationaliste Salah <strong>Ben</strong><br />

Youssef insurgé contre Bourguiba) réfugiés dans <strong>le</strong>s montagnes du centre et du sud. Ayant<br />

donné entière satisfaction, il fut promu Commandant en chef de l’armée tunisienne en 1956,<br />

quelques mois après sa création.<br />

Il reste cependant qu’il n’est pas possib<strong>le</strong> de modifier par décret <strong>le</strong> niveau d’instruction d’un<br />

individu. Aussi, qu’on <strong>le</strong> veuil<strong>le</strong> ou non, il faut reconnaître que <strong>le</strong> médiocre savoir de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong><br />

au moment de son intégration dans l’armée était plus important que celui de son nouveau<br />

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