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Ben Ali le ripou - Webvirage

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personnage virtuel, fruste et bête, représente à <strong>le</strong>urs yeux la censure exercée par l’Agence<br />

tunisienne d’Internet (ATI), un organe public.<br />

Dans un appel intitulé "La censure paralyse mon travail", diffusé sur <strong>le</strong> site Tunisnews,<br />

verrouillé en Tunisie (n° 3739 du 18 août 2010), <strong>le</strong> journaliste Rachid Khechana, rédacteur en<br />

chef de l’hebdomadaire de l’opposition Al Maoukif, évoque <strong>le</strong>s difficultés qu’il éprouve<br />

quotidiennement à travail<strong>le</strong>r, en raison du verrouillage de sa connexion à Internet, pourtant<br />

payée à un fournisseur d’accès local.<br />

"Outil libérateur censé s’adapter au contexte du pays, Internet en Tunisie est désormais sous<br />

la coupe tota<strong>le</strong> de la police politique, surtout après l’achat de Topnet par Tunisie Télécom",<br />

constate M. Khechana. Il ajoute: "Pour un journaliste, l’accès libre au Net est plus que vital,<br />

or cela fait un mois que la censure paralyse mon travail en m’y interdisant l’accès sans<br />

raison. Les réclamations quotidiennes et <strong>le</strong>ttres de protestation, tout comme <strong>le</strong>s visites des<br />

agents de Topnet chez moi, n’ont pas pu venir à bout des ‘‘problèmes techniques’’ invoqués<br />

(timidement certes) par <strong>le</strong>s fonctionnaires de mon fournisseur de service."<br />

Tout en affirmant tenir <strong>le</strong> ministre des Technologies de la communication et <strong>le</strong> PDG de<br />

Tunisie Télécom pour responsab<strong>le</strong>s directes de "cette atteinte grave à la liberté d’accès et au<br />

droit d’exercer la profession de journaliste, en acceptant que la cyber-police puisse<br />

suspendre, définitivement ou provisoirement, la connexion à toute personne dont la tête ne<br />

plait pas aux prépondérants", <strong>le</strong> journaliste lance à ces deux responsab<strong>le</strong>s: "Par votre<br />

démission, vous permettez à cette cyber-police de placer la Tunisie parmi <strong>le</strong>s pays <strong>le</strong>s plus<br />

répressifs du Net et confirmez sa triste gloire en se situant dans <strong>le</strong> bas du classement mondial<br />

de la liberté de la presse."<br />

En effet, <strong>le</strong> régime tunisien, qui passe pour être un chef de fi<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

au Maghreb et qui s’est même engagé dans une politique de baisse des coûts d’accès à<br />

Internet, reste très tatillon sur <strong>le</strong> contenu de la toi<strong>le</strong>. Dans ses rapports, l’organisation de<br />

défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières classe la Tunisie parmi <strong>le</strong>s ennemis<br />

d’Internet et qualifie <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> de prédateur du Web. Selon ces rapports, c’est l’ATI qui impose<br />

un filtrage sévère du web. El<strong>le</strong> recourt pour cela à plusieurs logiciels, qui lui permettent<br />

d’intercepter et même de détruire <strong>le</strong>s courriels. La loi relative au Code de la poste rend<br />

possib<strong>le</strong> cette pratique dans <strong>le</strong>s cas où <strong>le</strong>s courriels constituent " un troub<strong>le</strong> à l’ordre public ".<br />

Parmi <strong>le</strong>s autres spécificités du web en Tunisie, on par<strong>le</strong>ra aussi du marché des fournisseurs<br />

d’accès Internet qui y est détenu à 75% par deux entreprises: Planet et Topnet. Or, Planet est<br />

la propriété de Cyrine <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>, la fil<strong>le</strong> du président, alors que Topnet, fondée par un jeune<br />

ingénieur, Mehdi Khémiri, a été racheté, en juil<strong>le</strong>t 2010, par l’opérateur public Tunisie<br />

Te<strong>le</strong>com.<br />

En plus du fait qu’ils sont satellisés par <strong>le</strong> régime, <strong>le</strong>s fournisseurs d’accès à Internet agissent<br />

aussi sous son contrô<strong>le</strong> direct: un arrêté ministériel <strong>le</strong>s oblige en effet à communiquer la liste<br />

de <strong>le</strong>urs abonnés. Dans <strong>le</strong>s cafés Internet, <strong>le</strong>s gérants sont responsab<strong>le</strong>s des sites visités par <strong>le</strong>s<br />

internautes. Ils ont l’obligation de contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> contenu du courrier é<strong>le</strong>ctronique de <strong>le</strong>urs<br />

clients. Généra<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s internautes qui fréquentent ces cafés doivent présenter une pièce<br />

d’identité au gérant et sont tenus, par une notice affichée visib<strong>le</strong>ment, de ne pas consulter <strong>le</strong>s<br />

"sites prohibés" (sic !), sans, bien sûr, qu’une liste de ces sites ne soit officiel<strong>le</strong>ment établie ou<br />

mise à la connaissance des internautes.<br />

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