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Ben Ali le ripou - Webvirage

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n’étais plus sûr, <strong>le</strong> soir même, de rentrer auprès des miens. Ce jour là, j’ai réalisé que la<br />

Tunisie n’était plus un pays de Liberté", raconte Bouebdelli, dont l’ouvrage est fina<strong>le</strong>ment,<br />

comme il <strong>le</strong> dit lui-même, "<strong>le</strong> résultat de cette douloureuse prise de conscience."<br />

Que s’est-il passé? Comment cet enfant du sud, grand patriote, ingénieur informaticien de<br />

formation, diplômé en Gestion à l’INSEAD en France et en linguistique à l’Université<br />

Georgetown aux Etats-Unis, qui a débuté sa vie professionnel<strong>le</strong> en France, où il a travaillé<br />

auprès de diverses sociétés multinationa<strong>le</strong>s spécialisées en informatique, et qui, rentré dans<br />

son pays en 1972 dans l’intention première de continuer une carrière d’ingénieur, a<br />

commencé sa nouvel<strong>le</strong> vie en créant une entreprise de maintenance et de conseil en<br />

informatique, avant de changer de cap et se lancer dans l’enseignement technique privé…,<br />

comment donc ce fin pédagogue devenu brillant entrepreneur, en est-il venu, au crépuscu<strong>le</strong><br />

d’une vie p<strong>le</strong>ine de satisfactions, à prendre sa plume pour réfléchir à la situation politique de<br />

son pays et proposer un "Programme d’action" – "clair, transparent et responsab<strong>le</strong>" – pour <strong>le</strong><br />

conduire "dans la voie du développement réel, égalitaire et durab<strong>le</strong>"?<br />

Son récit, par la teneur et la justesse du témoignage, apporte des éclairages décisifs sur <strong>le</strong>s<br />

modes de fonctionnement du système politico-administratif tunisien, un système de<br />

normalisation bureaucratique et de dressage politique, qui vise, par la policiarisation de la vie<br />

quotidienne, l’allégeance perpétuel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s manipulations de tous genres, la clôture des débats,<br />

<strong>le</strong> quadrillage et l’encadrement partisan, à maintenir définitivement <strong>le</strong>s Tunisiens, élites<br />

comprises, dans un statut de mineurs politiques, de sujets soumis, brimés et consentants, et<br />

non de citoyens libres et responsab<strong>le</strong>s.<br />

Ayant pris conscience de la dérive dictatoria<strong>le</strong> du système politique en place dans son pays,<br />

l’ingénieur, pédagogue et entrepreneur tranquil<strong>le</strong>, a été amené, dans la logique de ce que<br />

furent <strong>le</strong>s intentions proclamées de la nouvel<strong>le</strong> ère du 7 novembre 1987, à chercher à réfléchir<br />

aux bases d’un programme de réformes politiques uti<strong>le</strong>s à son pays pour <strong>le</strong>s années à venir.<br />

Ce programme est d’ail<strong>le</strong>urs détaillé dans l’ouvrage dont a été tiré ce long extrait.<br />

Ce que, par pudeur ou par prudence, Bouebdelli ne dit pas, mais suggère à mots couverts,<br />

c’est que l’incident qui a provoqué l’embal<strong>le</strong>ment de la machine administrative répressive<br />

contre ses établissements éducatifs, c’est <strong>le</strong> refus d'accorder des privilèges aux enfants des<br />

membres du clan présidentiel: notamment l’inscription de tel<strong>le</strong> nièce de l’épouse du président<br />

ou encore tel<strong>le</strong> fil<strong>le</strong> de l'avocat du coup<strong>le</strong> présidentiel qui n’avaient pas <strong>le</strong> niveau requis. Ce<br />

qu’il ne dit pas non plus, c’est que la fermeture du Lycée Louis-Pasteur a été "dictée d’en<br />

haut", dans <strong>le</strong> but de faire place nette et d’éliminer toute forme de concurrence devant un<br />

établissement éducatif similaire créé par la Première Dame, quelque part à Carthage. Bien que<br />

réalisé grâce à un investissement privé, cet établissement a bénéficié, en plus du coup de<br />

pouce providentiel de l’administration ayant éliminé son unique concurrent, d’une aide<br />

publique sonnante et trébuchante.<br />

L’établissement n’a en effet rien coûté à Leïla. Il a été construit, en partie, grâce à l’argent<br />

soutiré à la veuve de Yasser Arafat, dé<strong>le</strong>stée de la nationalité tunisienne et renvoyée comme<br />

une malpropre du pays où el<strong>le</strong> a séjourné de longues années. Des entrepreneurs zélés ont<br />

complété <strong>le</strong>s travaux gratuitement. Les pouvoirs publics ont offert l’infrastructure : un réseau<br />

routier, d’éclairage, de panneaux de signalisation… Le ministère de l’Education nationa<strong>le</strong> lui<br />

a versé une aide de 1 million de dinars (près de 500 millions d’euros), alors qu’aucune éco<strong>le</strong><br />

ou institut public privé n’a jamais reçu un millime d’aide.<br />

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