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de grippe porcine. 8'000 haj (pè<strong>le</strong>rins) ont pourtant payé <strong>le</strong> prix du voyage et de<br />
l’hébergement à La Mecque et à Médine à la Société des services nationaux et des résidences.<br />
Beaucoup d’entre eux n’ont pas été remboursés.<br />
Le contingent des tunisiens autorisés à se rendre au pè<strong>le</strong>rinage a été fixé cette année à un peu<br />
plus de dix mil<strong>le</strong>. 7'600 places ont été commercialisées par <strong>le</strong>s services propres de la SSNR, et<br />
ce, selon deux variantes. Une première liste de 6'400 est destinée au commun des mortels au<br />
prix de 5'626 dinars. Une deuxième liste de 1'200 est réservée pour ceux ayant optés pour un<br />
meil<strong>le</strong>ur confort et pouvant payer en devises <strong>le</strong> prix de 12'000 dinars. Le reste des visas, soit<br />
trois mil<strong>le</strong> visas, octroyés par l'Ambassade de l'Arabie Saoudite a été attribué, selon <strong>le</strong>s<br />
consignes de la Trabelsi, à Imed Trabelsi. Ce dernier <strong>le</strong>s a vendu à quelques agences de<br />
voyage au prix unitaire de deux mil<strong>le</strong> dinars. Ainsi, il a empoché près six millions de dinars<br />
en se tournant <strong>le</strong>s pouces. Une des agences ayant eu cette faveur, la société Multi Services à<br />
Sousse, appartient à un ex-loubard, <strong>le</strong> sieur Khmaies <strong>Ben</strong> Fattoum, marié à une nièce de <strong>Ben</strong><br />
<strong>Ali</strong>, une fil<strong>le</strong> de Houria, sa sœur décédée. Multi Services a acquis 1'000 visas. 400 ont été vite<br />
cédés à des privés au prix de 3'000 dinars. Quant aux 600 visas restants, la société Multi<br />
Services a pu organiser <strong>le</strong> voyage avec deux avions. Le prix du "package" est de 11'000 dinars<br />
ou 14'000 dinars pour un meil<strong>le</strong>ur service. Sachant qu'un "package" satisfaisant revient à trois<br />
mil<strong>le</strong> dinars environ, on imagine ce que peut engranger la SSNR ou <strong>le</strong>s agences privées. C'est<br />
impudique et immoral.<br />
Ces hajjs sont des gens du peup<strong>le</strong>; certains ont économisé durant des années pour se payer la<br />
joie de <strong>le</strong>ur vie. Ils ont été <strong>le</strong>urrés et on <strong>le</strong>ur a soutiré <strong>le</strong>ur argent indûment. C'est malhonnête<br />
et scanda<strong>le</strong>ux, d'autant plus qu'ils sont rentrés mécontents. Leur grogne est la résultante de la<br />
mauvaise organisation en matière de transport, de santé, d'hébergement et d'orientation<br />
religieuse.<br />
La SSNR est une société inscrite au registre de commerce et dispose d'un code TVA. El<strong>le</strong><br />
n'est rattachée à aucun ministère. Quoi que dotée d'un PDG/écran, el<strong>le</strong> n'obéît qu'aux<br />
injonctions du Président ou de son épouse. Son site internet, comme son personnel sont<br />
muets. On devine un enchevêtrement inextricab<strong>le</strong> de diverses sources de financement de cette<br />
société : l'Etat, <strong>le</strong>s circuits commerciaux et <strong>le</strong> prix de vente des terrains.<br />
Citons à titre d'exemp<strong>le</strong> ceux appartenant au palais de Skanes à Monastir. Ce palais<br />
présidentiel est géré par la SSNR. Il est en situation d'abandon depuis <strong>le</strong> départ de son illustre<br />
hôte, <strong>le</strong> Président Habib Bourguiba. C'est au fait un simp<strong>le</strong> et vaste bâti d'un sty<strong>le</strong> moderne au<br />
bord de l'eau, mais entouré d'un très grand jardin avec de nombreux palmiers qui invitent <strong>le</strong><br />
passant à une promenade vivifiante et tonique. L'horizon marin est magnifique. A la mort de<br />
Bourguiba en l'an 2000, on décide de transformer <strong>le</strong> palais en musée en souvenir du<br />
Combattant Suprême, de créer un port nautique, et de lotir <strong>le</strong> terrain de quelques hectares pour<br />
<strong>le</strong> céder à des privés nantis et de préférence à ceux qui payent en devises.<br />
Dix ans après, on assiste à un spectac<strong>le</strong> désolant. Point de musée, mais une bâtisse<br />
poussiéreuse qui menace ruine. Point de port de plaisance et aucun aménagement. Quelques<br />
villas et immeub<strong>le</strong>s en construction, mais d'une architecture hétéroclite et laide, l'ensemb<strong>le</strong><br />
baignant dans des détritus, des gravats et des immondices. C'est une insulte à notre mémoire<br />
et à notre histoire récente. Quelques monastiriens ont osé é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>ur voix et réclamer <strong>le</strong>ur<br />
droit de propriété sur ces terrains, car disaient-ils, ils <strong>le</strong>s avaient offert à Bourguiba par<br />
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