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Ben Ali le ripou - Webvirage

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En janvier 2006, des millions de Tunisiens ont assisté, stupéfaits, à la présence de Joseph<br />

Bismuth, homme d’affaires juif tunisien, vice-président de la très officiel<strong>le</strong> Union Tunisienne<br />

de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (Utica), centra<strong>le</strong> patrona<strong>le</strong> proche et alliée du<br />

régime, devant l’hôpital Hadassa à Jérusa<strong>le</strong>m, où était hospitalisé <strong>le</strong> Premier ministre israélien<br />

Ariel Sharon. Interrogé par <strong>le</strong>s journalistes, M. Bismuth a déclaré sans cil<strong>le</strong>r, avec la grave<br />

contenance de quelqu’un qui remplit une mission importante: "Je suis ici pour rendre visite à<br />

M. Sharon". Mais en quel<strong>le</strong> qualité? Membre de la très officiel<strong>le</strong> Chambre des Conseil<strong>le</strong>rs,<br />

deuxième chambre du par<strong>le</strong>ment tunisien à laquel<strong>le</strong> il fit son entrée sur la liste proposée par <strong>le</strong><br />

président <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> lui-même, M. Bismuth représentait-il la nation tunisienne tout entière en sa<br />

qualité de par<strong>le</strong>mentaire et, ce, en vertu de la Constitution? A-t-il commis une grave erreur en<br />

allant au chevet d’un criminel de guerre, Premier ministre d’un pays avec <strong>le</strong>quel la Tunisie<br />

n’a pas, officiel<strong>le</strong>ment du moins, des relations diplomatiques?<br />

Avant cela, <strong>le</strong>s actes de normalisation étaient nombreux. Avant l’indépendance même de la<br />

Tunisie, et loin des yeux d’un peup<strong>le</strong> oeuvrant de concert avec <strong>le</strong>s <strong>le</strong>aders du mouvement<br />

national, des contacts entre Tunisiens et Israéliens ont été mentionnés dans <strong>le</strong>s archives de<br />

l’Etat hébreu. Selon l’historien israélien, Michael Laskier, spécialiste des relations israélomaghrébine,<br />

il faut remonter au début des années 1950 pour assister aux premières rencontres<br />

entre <strong>le</strong>s dirigeants tunisiens et <strong>le</strong>urs homologues israéliens. La liste des responsab<strong>le</strong>s<br />

tunisiens comporte notamment Habib Bourguiba, Salah <strong>Ben</strong> Youssef, Ahmed <strong>Ben</strong> Salah, Bahi<br />

Ladgham et même Mohamed Masmoudi.<br />

Mais, il faut attendre la fin du vingtième sièc<strong>le</strong> pour assister à une évolution majeure dans <strong>le</strong>s<br />

relations israélo-tunisiennes, imposée, dans d’énormes proportions, à l’asi<strong>le</strong> de la direction de<br />

l’Organisation de Libération de la Pa<strong>le</strong>stine (OLP) en Tunisie. En effet, <strong>le</strong>s pourpar<strong>le</strong>rs de<br />

paix ont été lancés en Tunisie, à partir de 1989, au siège de l’ambassade américaine à Tunis.<br />

Peu avant, <strong>le</strong> journaliste arabophone israélien, Amnon Kapeliouk, avait fait plusieurs al<strong>le</strong>rsretours<br />

pour rencontrer <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader pa<strong>le</strong>stinien Yasser Arafat, à Tunis.<br />

En somme, la Tunisie a été la terre d’accueil de toutes <strong>le</strong>s tractations, un rô<strong>le</strong> qui a fait<br />

éga<strong>le</strong>ment des terres tunisiennes <strong>le</strong> théâtre de lâches agressions israéliennes. Bombardement<br />

d’Hammam Chott, crime pour <strong>le</strong>quel Israël fut condamné par <strong>le</strong> Conseil de sécurité des<br />

Nations Unies, et assassinats de plusieurs dirigeants pa<strong>le</strong>stiniens....<br />

Après <strong>le</strong> départ de la majorité des Pa<strong>le</strong>stiniens, <strong>le</strong>s gouvernements tunisien et israélien<br />

décident de l’ouverture de bureaux de liaison, en 1996. Le ministère des Affaires étrangères,<br />

alors dirigé par Habib <strong>Ben</strong> Yahia, argumente que, dans la foulée des Accords d’Oslo et de la<br />

dynamique de paix qui s’en est suivie, il était judicieux de prendre part à la suite du processus<br />

en reconnaissant l’Etat d’Israël. Les partis tunisiens d’obédience nationaliste, notamment<br />

l’UDU, de tendance nationaliste arabe, sont restés muets sur ce qui représentait, pourtant, un<br />

tournant majeur dans l’évolution des relations tuniso-israéliennes.<br />

Le bureau est fermé depuis la fin de l’an 2000, suite au déc<strong>le</strong>nchement de la seconde Intifada.<br />

Mais, <strong>le</strong>s relations sont restées pratiquement intactes, notamment au niveau commercial. Les<br />

festivités annuel<strong>le</strong>s organisées en mai à la Synagogue de la Ghriba, à Djerba, ont été,<br />

éga<strong>le</strong>ment, au centre d’une timide polémique sur la participation d’Israéliens et <strong>le</strong>ur<br />

acheminement en Tunisie. D’autant qu’une grande partie des pè<strong>le</strong>rins israéliens étaient<br />

ramenés par avions charters de la compagnie privée Karthago Airlines, propriété de Belhassen<br />

Trabelsi. Des responsab<strong>le</strong>s tunisiens, notamment <strong>le</strong> ministre du Tourisme et <strong>le</strong> gouverneur de<br />

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