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présidentiel de Radès. Ce rendez-vous a rassemblé plusieurs milliers de femmes, mobilisées<br />
par <strong>le</strong>s organisations et <strong>le</strong>s associations du parti au pouvoir, <strong>le</strong> Rassemb<strong>le</strong>ment<br />
Constitutionnel Démocratique (RCD). Aux premiers rangs figuraient <strong>le</strong>s épouses des<br />
principaux dirigeants politiques et hommes d’affaires, et la quasi-totalité des hauts cadres<br />
féminins de l’Etat, tous venus sur invitation personnel<strong>le</strong>", écrit Jeune Afrique. "En p<strong>le</strong>ine<br />
forme, p<strong>le</strong>ine de verve, sillonnant la scène tout en jouant de ses mains pour saluer la fou<strong>le</strong>,<br />
Leila <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> a été ovationnée par ses ‘‘fans’’", ajoute <strong>le</strong> magazine. Les guil<strong>le</strong>mets indiquent<br />
que l’auteur aurait aimé écrire ‘‘partisans’’ à la place de ‘‘fans’’, il est vrai très peu approprié.<br />
"Dans cette ambiance é<strong>le</strong>ctrique, l’épouse du chef de l’Etat tunisien a donné l’impression de<br />
tenir <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’une femme politique énergique, déterminée et fonceuse", croit devoir ajouter <strong>le</strong><br />
journal. Et Jeune Afrique de conclure, sur un ton vaguement professionnel, mais qui en dit<br />
long sur <strong>le</strong>s intentions de ceux qui ont inspiré l’artic<strong>le</strong> ou en ont dicté <strong>le</strong>s passages <strong>le</strong>s plus<br />
significatifs: "Maintenant que la campagne s’achève et que <strong>le</strong>s prochaines é<strong>le</strong>ctions n’auront<br />
pas lieu avant 2014, <strong>le</strong> tout Tunis s’interroge. Leila <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> va-t-el<strong>le</strong> se contenter de regarder<br />
<strong>le</strong>s informations tout en poursuivant ses occupations habituel<strong>le</strong>s de femme au foyer qui<br />
consacre beaucoup de temps à son association et surtout à son fils qu’el<strong>le</strong> accompagne<br />
chaque jour à l’Eco<strong>le</strong> Internationa<strong>le</strong> de Carthage dont el<strong>le</strong> est la promotrice? Ou, au<br />
contraire, cette femme énergique révélée par cette campagne é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> a-t-el<strong>le</strong> pris goût aux<br />
bains de fou<strong>le</strong> et aux apparitions télévisées pour envisager un avenir plus politique aux côtés<br />
de son mari? Seul l’avenir <strong>le</strong> dira."<br />
"Acteur politique sur <strong>le</strong>quel il faut désormais compter", "omniprésente dans <strong>le</strong>s médias",<br />
"apparitions télévisées", "combative", "posture offensive", "p<strong>le</strong>ine de verve, sillonnant la<br />
scène tout en jouant de ses mains pour saluer la fou<strong>le</strong>", "femme politique énergique,<br />
déterminée et fonceuse ", " ovationnée ", " bains de fou<strong>le</strong>"… En quelques phrases, Jeune<br />
Afrique brosse <strong>le</strong> portrait d’une future présidente. Le magazine parisien, dont la complaisance<br />
à l’égard du régime tunisien n’a pas de limite, aurait bien pu faire un clin d’œil à l’histoire en<br />
<strong>le</strong> titrant ‘‘Une femme nouvel<strong>le</strong>’’.<br />
L’artic<strong>le</strong> de Jeune Afrique annonce, sans en avoir l’air, <strong>le</strong> projet, déjà largement avancé, d’une<br />
transmission du pouvoir au sein du coup<strong>le</strong> présidentiel. Ce projet est si avancé que Leïla<br />
rivalise désormais avec son époux en nombre d’apparitions médiatiques. Ses activités, de plus<br />
en plus nombreuses et régulières, sont relatées avec <strong>le</strong> même intérêt par <strong>le</strong>s médias officiels et<br />
privés. Ses portraits f<strong>le</strong>urissent éga<strong>le</strong>ment partout.<br />
Faisant fi des symbo<strong>le</strong>s et codes républicains, Leïla considère <strong>le</strong>s ambassades tunisiennes<br />
comme des officines mis à sa disposition. El<strong>le</strong> traite <strong>le</strong>s employés, diplomates y compris,<br />
comme des valais. El<strong>le</strong> n’hésite pas à <strong>le</strong>s charger de faire ses diverses courses, quitte à utiliser<br />
la valise diplomatique pour l’envoi de ses colis et ses caisses d'argent à destination des<br />
banques étrangères, <strong>le</strong>squels échappent, bien sûr, au contrô<strong>le</strong> de la douane.<br />
Pis encore: l’ambassadeur de Tunisie à Paris logeait dans un appartement sis au premier étage<br />
de l’ambassade. El<strong>le</strong> n’a pas trouvé mieux que de <strong>le</strong> déloger et de récupérer l’appartement.<br />
Celui-ci lui servira, après de gros travaux déjà entrepris, de gîte privé durant ses séjours<br />
parisiens, ainsi qu’aux membres de son clan. Et tout cela en dehors de toute légalité<br />
républicaine et au frais du contribuab<strong>le</strong> tunisien.<br />
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