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deviendraient-ils demain en défendant aujourd’hui l’indéfendab<strong>le</strong>? En déformant la vérité<br />
pour accéder aux crédits et à la notoriété?", se demande Bagga.<br />
En réponse aux courageux anonymes qui l’accusent d’avoir trempé, lui aussi, dans<br />
l’assassinat de Abou Jihad, M. Bagga écrit notamment: "Ce régime policier est pourtant <strong>le</strong><br />
premier à savoir qu’après la suspension de Réalités [hebdomadaire où <strong>le</strong> journaliste<br />
travaillait] <strong>le</strong> 23 juin 1986 par <strong>le</strong> puissant ministre de l’Intérieur... <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>, j’ai quitté Tunis<br />
pour Paris et je n’y suis revenu qu’en avril 1988. C’est vraiment pas de chance pour <strong>le</strong>s<br />
désinformateurs mesquins. Par contre, Ehud Barak, Premier ministre israélien, avait fait une<br />
déclaration revendiquant ce crime, reconnaissant l’existence d’un foyer du Mossad en<br />
Tunisie ainsi qu’une assistance policière sur place. Merci qui?<br />
Ne serait-ce pas <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> auquel il est plus indiqué de demander des comptes? La direction<br />
pa<strong>le</strong>stinienne de l’OLP n’a-t-el<strong>le</strong> pas été quasiment décapitée depuis qu’il détient <strong>le</strong>s services<br />
de sécurité en 1984?"<br />
A travers <strong>le</strong>s accusations de connivence avec <strong>le</strong> Mossad qu’il ne cesse de lancer à ses<br />
opposants, à travers ses services spéciaux et la presse tunisienne aux ordres, <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> semb<strong>le</strong><br />
chercher à masquer <strong>le</strong>s relations de moins en moins secrètes, car de mieux en mieux<br />
documentées et connues des initiés, que son propre régime entretient avec l’Etat d’Israël.<br />
Ne pouvant assumer ouvertement ces relations, sachant l’aversion dont son peup<strong>le</strong> tient l’idée<br />
même de normalisation avec l’Etat hébreu, tant que celui-ci poursuit sa politique de<br />
colonisation, d’agression à l’égard des Pa<strong>le</strong>stiniens et d’entrave à toute possibilité<br />
d’instauration d’un Etat pa<strong>le</strong>stinien viab<strong>le</strong>, <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> cherche ainsi de faire d’une pierre deux<br />
coups: discréditer ses adversaires politiques et créer un écran de fumée susceptib<strong>le</strong> de<br />
dissimu<strong>le</strong>r au regard des Tunisiens ses propres accointances avec Israël. Car, au moment où<br />
ses services essaient de discréditer certaines figures de l’opposition en <strong>le</strong>s accusant de<br />
collaboration avec Israël, <strong>le</strong> processus de normalisation de certaines sphères politiques,<br />
économiques, intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s et artistiques en Tunisie avec cet Etat se poursuit, non pas en<br />
marge des instances officiel<strong>le</strong>s, mais souvent avec son accord et ses encouragements.<br />
Ainsi, en novembre 2005, <strong>le</strong> ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, a<br />
débarqué à l’aéroport de Tunis-Carthage dans un avion israélien arborant, de manière visib<strong>le</strong>,<br />
deux drapeaux b<strong>le</strong>u et blanc. Ce dernier a représenté officiel<strong>le</strong>ment son pays au Sommet<br />
mondial de la société de l’information, organisé à Tunis du 16 au 18 novembre 2005, en<br />
remplacement du Premier ministre Ariel Sharon, dont l’invitation officiel<strong>le</strong> par <strong>le</strong> président<br />
<strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> avait suscité de vives protestations dans <strong>le</strong>s rangs de l’opposition et choqué une<br />
majorité des Tunisiens. Silvan Shalom ne s’est pas contenté de prendre part à cette réunion<br />
internationa<strong>le</strong> organisée sous l’égide des Nations unies, il a eu droit aussi à un accueil très<br />
personnalisé, avec, notamment, une esca<strong>le</strong> à l’aéroport de Djerba-Mellila (avec <strong>le</strong> même avion<br />
arborant <strong>le</strong>s mêmes drapeaux) et un saut dans sa vil<strong>le</strong> nata<strong>le</strong>, Gabès, où il a visité la maison de<br />
ses parents, restaurée pour l’occasion au frais du contribuab<strong>le</strong>. Le gouverneur de Gabès et<br />
tous <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s locaux s’étaient déplacés pour lui souhaiter la bienvenue et faire<br />
résonner <strong>le</strong>s sons des tablas et des cornemuses à son honneur. Les images relatives à ces<br />
événements ont été diffusées par <strong>le</strong>s médias israéliens et certains médias internationaux, mais<br />
<strong>le</strong>urs homologues tunisiens, souvent prompts à accuser <strong>le</strong>s opposants au régime de<br />
collaboration avec Israël, ont observé un si<strong>le</strong>nce vaguement gêné, évitant de rendre compte<br />
d’une visite somme toute officiel<strong>le</strong>.<br />
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