ils dévoi<strong>le</strong>nt cette « invisib<strong>le</strong> membrure du réel » qui n’est la résultante exclusive ni du sujet, ni de l’objet, mais cel<strong>le</strong> de la r<strong>en</strong>contre. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> l’œuvre d’art « symbolisera » d’autant mieux <strong>le</strong> réel qu’el<strong>le</strong> saura faire usage de sa liberté à développer, par ses propres voies naturel<strong>le</strong>s, des formes « qui, sans exister véritab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, pourrai<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant exister, et qui ne seront pas des ombres et des appar<strong>en</strong>ces pittoresques ou poétiques, mais auront une vérité et une nécessité intérieures 281 », pour repr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s mots que Goethe employait pour l’Urplanze. Or, dev<strong>en</strong>us ainsi que l’écrivait Descartes, « comme maîtres et possesseurs de la Nature », nous ress<strong>en</strong>tons intimem<strong>en</strong>t la rupture qui s’est instaurée <strong>en</strong>tre nous et notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. La domination et la banalisation de l’attitude prométhé<strong>en</strong>ne ont progressivem<strong>en</strong>t modifié <strong>le</strong> regard que nous portons sur l’univers, ses objets, ses formes, ses propriétés. Nous nous arrêtons <strong>le</strong> plus souv<strong>en</strong>t à <strong>le</strong>urs appar<strong>en</strong>ces et à ce que nos habitudes de p<strong>en</strong>sée nous font subjectivem<strong>en</strong>t projeter sur eux. C’est pourquoi, la démarche de connaissance et <strong>le</strong>s œuvres artistiques de Goethe, par <strong>le</strong> regard qu’el<strong>le</strong>s port<strong>en</strong>t et diffus<strong>en</strong>t sur <strong>le</strong> monde, m’apparaiss<strong>en</strong>t à l’ère du matérialisme dominant, comme particulièrem<strong>en</strong>t propices à rééquilibrer notre rapport au monde. Réalisant une admirab<strong>le</strong> synthèse <strong>en</strong>tre spiritualisme et pragmatisme, el<strong>le</strong>s sont <strong>en</strong> mesure de nous faire compr<strong>en</strong>dre que la beauté, <strong>le</strong> s<strong>en</strong>s et <strong>le</strong> mystère de l’exist<strong>en</strong>ce n’ont aucunem<strong>en</strong>t été annihilés par la sci<strong>en</strong>ce mathématique, et qu’ils ne se dissimu<strong>le</strong>nt pas, ne se situ<strong>en</strong>t pas dans un au-delà immatériel, inaccessib<strong>le</strong> à nos s<strong>en</strong>s. Ils se manifest<strong>en</strong>t au contraire p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t au travers de ce qui se dévoi<strong>le</strong> à chaque instant et dans chaque lieu du monde, dans l’expéri<strong>en</strong>ce même de l’être, pour peu que nous appr<strong>en</strong>ions, comme nous y <strong>en</strong>joint Mer<strong>le</strong>au-Ponty, à <strong>le</strong>s voir : « Le monde phénoménologique n’est pas l’explicitation d’un être préalab<strong>le</strong>, mais la fondation de l’être, la philosophie n’est pas <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d’une vérité préalab<strong>le</strong> mais comme l’art la réalisation d’une vérité. […] Le monde et la raison ne font pas problème, disons si l’on veut, qu’ils sont mystérieux, mais ce mystère <strong>le</strong>s définit, il ne saurait être question de <strong>le</strong> dissiper par quelques solutions. Il est <strong>en</strong> deçà des solutions. La vraie philosophie est de rappr<strong>en</strong>dre à voir <strong>le</strong> monde, et <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s une histoire racontée peut signifier <strong>le</strong> monde avec autant de « profondeur » qu’un traité de philosophie 282 . » 281 Goethe, JW, Voyage <strong>en</strong> Italie, p. 365 282 Mer<strong>le</strong>au-Ponty, Maurice, La phénoménologie de la perception, p. XV et XVI de la préface 102
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