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formes et des cou<strong>le</strong>urs dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> peintre développe sa théorie du cont<strong>en</strong>u intérieur des formes et des<br />

cou<strong>le</strong>urs primaires à partir du paradigme musical, certains principes d’analyse des effets déjà prés<strong>en</strong>ts dans la<br />

partie effet physico-moral de la Farb<strong>en</strong><strong>le</strong>hre. Il fait d’ail<strong>le</strong>urs directem<strong>en</strong>t référ<strong>en</strong>ce à Goethe :<br />

« Ces deux citations démontr<strong>en</strong>t la par<strong>en</strong>té profonde <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s arts <strong>en</strong> général, <strong>en</strong>tre la musique et la<br />

peinture <strong>en</strong> particulier. C’est certainem<strong>en</strong>t sur cette par<strong>en</strong>té que s’est construite l’idée de Goethe selon laquel<strong>le</strong><br />

la peinture doit trouver sa basse continue. Ce mot prophétique de Goethe est un press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de la situation<br />

dans laquel<strong>le</strong> se trouve la peinture de nos jours. Cette situation est <strong>le</strong> départ du chemin sur <strong>le</strong>quel la peinture,<br />

grâce à ses moy<strong>en</strong>s propres, devi<strong>en</strong>dra un art au s<strong>en</strong>s abstrait du mot et atteindra <strong>en</strong>fin la composition pictura<strong>le</strong><br />

pure. 264 »<br />

Le phénoménologue Michel H<strong>en</strong>ry ne voit aucune contradiction <strong>en</strong>tre représ<strong>en</strong>tation de la nature - au s<strong>en</strong>s de<br />

l’ess<strong>en</strong>ce - et abstraction. Interprétant ainsi <strong>le</strong> Grand Domaine de Kandinsky comme « l’unité de l’Art et de<br />

la Nature », il cite <strong>le</strong> peintre lorsque ce dernier écrit : « La g<strong>en</strong>èse d’une œuvre est de caractère cosmique 265 »<br />

et nous prés<strong>en</strong>te dans son ouvrage Voir l’invisib<strong>le</strong> <strong>le</strong> caractère de cette nature post-galilé<strong>en</strong>ne :<br />

« La nature dont l’art va retrouver <strong>le</strong> chemin est bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>te [de cel<strong>le</strong> représ<strong>en</strong>tée dans l’art du<br />

XIX ème sièc<strong>le</strong>]. C’est une nature dont <strong>le</strong>s qualités s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>s ne sont pas réduites à des caractères extérieurs,<br />

simp<strong>le</strong>s signes d’une réalité étrangère et se bornant à la « figurer ». Ces qualités sont des impressions, des<br />

sonorités, des tonalités : des modes de la vie. Nous compr<strong>en</strong>ons alors ceci : <strong>en</strong> arrachant cou<strong>le</strong>urs et formes<br />

linéaires à l’archétype idéal des significations qui constitu<strong>en</strong>t <strong>le</strong> monde objectif, <strong>en</strong> <strong>le</strong>s pr<strong>en</strong>ant dans <strong>le</strong>ur<br />

picturalité non référ<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>, l’abstraction kandinski<strong>en</strong>ne, loin d’écarter la nature, la r<strong>en</strong>d à son ess<strong>en</strong>ce<br />

intérieure. Cette nature originel<strong>le</strong>, subjective, dynamique, impressionnel<strong>le</strong> et pathétique, cette nature véritab<strong>le</strong><br />

dont l’ess<strong>en</strong>ce est la Vie, c’est <strong>le</strong> cosmos. Une proposition fulgurante de l’artic<strong>le</strong> du Blaue Reiter, soulignée par<br />

Kandinsky lui-même, définit l’Arché où Art et Cosmos sont id<strong>en</strong>tiques : "<strong>le</strong> monde est rempli de résonances. Il<br />

constitue un cosmos d’êtres exerçant une action spirituel<strong>le</strong>. La matière morte est un esprit vivant". 266 »<br />

Existe-t-il alors un li<strong>en</strong> intrinsèque <strong>en</strong>tre phénoménologie et abstraction ? Eliane Escoubas, dans son Essai<br />

d’une phénoménologie de l’espace pictural 267 , t<strong>en</strong>te de mettre <strong>en</strong> lumière <strong>le</strong>s rapports de la peinture du XX ème<br />

sièc<strong>le</strong>, et <strong>en</strong> particulier de la peinture abstraite, avec l’approche phénoménologique. El<strong>le</strong> déf<strong>en</strong>d l’idée que<br />

l’espace pictural n’est pas une « portion d’espace », mais « la mise <strong>en</strong> œuvre du faire-monde du monde », la<br />

représ<strong>en</strong>tation de « l’apparaître de ce qui apparaît » :<br />

264 Kandinsky, Wassily, Du Spirituel dans l’art, p. 114<br />

265 H<strong>en</strong>ry, Michel, Voir l’invisib<strong>le</strong>, p. 233<br />

266 H<strong>en</strong>ry, Michel, Voir l’invisib<strong>le</strong>, p. 236<br />

267 Escoubas, Eliane, Essai d’une phénoménologie de l’espace pictura<strong>le</strong> , in Phénoménologie : un sièc<strong>le</strong> de philosophie ,<br />

p. 187-193<br />

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