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Le regard phénoménologique et l’art peuv<strong>en</strong>t participer à cette redécouverte de l’être et de la signification.<br />

3.2.2. La postérité phénoménologique de Goethe<br />

« Les vrais sages se demand<strong>en</strong>t ce qu’il <strong>en</strong> est de cette chose <strong>en</strong> soi et quel est son rapport aux autres<br />

choses, sans se soucier de son utilité, de son application à ce qui est déjà connu et nécessaire à la vie, laissant<br />

ces découvertes à des esprits sagaces, <strong>en</strong>joués et versés dans la technique. 241 »<br />

<strong>Pour</strong> bi<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre l’avènem<strong>en</strong>t de la phénoménologie et la raison pour laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> est justem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

mesure de jouer un rô<strong>le</strong> déterminant et complém<strong>en</strong>taire au côté de la sci<strong>en</strong>ce quantitative contemporaine, il<br />

est uti<strong>le</strong> de souligner que la mathématisation de la physique a connu son p<strong>en</strong>dant <strong>en</strong> matière de philosophie<br />

de la perception, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce l’intel<strong>le</strong>ctualisme incarné par Lagneau, Alain et surtout Descartes dont<br />

l’exemp<strong>le</strong> fameux du morceau de cire rapporté dans la deuxième des Méditations métaphysiques 242 <strong>en</strong><br />

constitue l’illustration la plus évocatrice. L’intel<strong>le</strong>ctualisme part d’une multiplicité de s<strong>en</strong>sations discrètes (la<br />

cire est décrite comme un <strong>en</strong>semb<strong>le</strong> épars de qualités s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>s : l’odeur, la cou<strong>le</strong>ur, <strong>le</strong> son…) et introduit<br />

l’action de l’intel<strong>le</strong>ct <strong>en</strong>tre ce qui est donné et ce qui est effectivem<strong>en</strong>t perçu. Comme l’empirisme de Hume,<br />

qui fonde la connaissance sur un <strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de s<strong>en</strong>sations considérées isolém<strong>en</strong>t, l’intel<strong>le</strong>ctualisme comm<strong>en</strong>ce<br />

par poser une pure diversité de s<strong>en</strong>sations. C’est l’acte intel<strong>le</strong>ctuel qui confère une unité à cette diversité<br />

s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>. Cet intel<strong>le</strong>ctualisme constitue déjà <strong>en</strong> quelque sorte une réponse aux limites de la théorie empiriste<br />

qui fonde notre connaissance du monde et l’ess<strong>en</strong>ce même de l’Esprit sur la saisie d’hypothétiques<br />

s<strong>en</strong>sations pures considérées dans <strong>le</strong>ur multiplicité.<br />

Même s’ils font apparaître activem<strong>en</strong>t la consci<strong>en</strong>ce de l’observateur dans l’acte de perception, <strong>le</strong>s<br />

intel<strong>le</strong>ctualistes commett<strong>en</strong>t éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t l’erreur d’oblitérer <strong>le</strong> fait que la cire perçue n’est pas une simp<strong>le</strong><br />

col<strong>le</strong>ction de qualités indép<strong>en</strong>dantes considérées <strong>en</strong> <strong>le</strong>urs va<strong>le</strong>urs absolues, col<strong>le</strong>ction que notre <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t<br />

assemb<strong>le</strong>rait <strong>en</strong> un corps ou un phénomène. Les qualités de la cire sont déjà unifiées parce que chacune<br />

d’el<strong>le</strong>s est une manifestation partiel<strong>le</strong> de la cire selon un mode d’appréh<strong>en</strong>sion déterminé (odorat, vue,<br />

toucher…). La cire perçue est plus que la somme de sa cou<strong>le</strong>ur, de son parfum, de sa texture : el<strong>le</strong> est <strong>le</strong>ur<br />

tout et <strong>le</strong>ur harmonie indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t d’un acte intel<strong>le</strong>ctuel unificateur. Nous verrons plus bas que la<br />

psychologie de la forme puis la phénoménologie de Husserl et de Mer<strong>le</strong>au-Ponty nous appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’il est<br />

impossib<strong>le</strong> de distinguer <strong>le</strong> cont<strong>en</strong>u s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> du tout auquel il apparti<strong>en</strong>t, et qu’il n’existe pas, dans la<br />

consci<strong>en</strong>ce, de s<strong>en</strong>sations isolées qui se verrai<strong>en</strong>t unifiées <strong>en</strong> une forme par un acte intel<strong>le</strong>ctuel. Ce que nous<br />

percevons, ce ne sont jamais des qualités pures mais des relations déjà douées de signification. Chaque<br />

s<strong>en</strong>sation est donc tributaire de la configuration dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> s’insère.<br />

241 Goethe, JW, Maximes et réf<strong>le</strong>xions, p. 72<br />

242 Descartes, R<strong>en</strong>é, Méditations métaphysiques, p. 83-91<br />

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