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alchimiques, de découvrir <strong>le</strong>s différ<strong>en</strong>ts jeux d’influ<strong>en</strong>ces astrologiques, analogiques, sympathiques ou<br />
antipathiques <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s astres, minéraux, végétaux, animaux et êtres humains 204 .<br />
A partir du XIII ème sièc<strong>le</strong>, la possibilité de traitem<strong>en</strong>ts mathématiques de plus <strong>en</strong> plus rigoureux pour la<br />
résolution des problèmes de mécanique va <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer, jusqu’au XV ème sièc<strong>le</strong>, une foi et une confiance<br />
croissantes dans <strong>le</strong>s moy<strong>en</strong>s futurs qu’octroiera <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t des techniques. Roger Bacon compte <strong>en</strong> ce<br />
s<strong>en</strong>s parmi <strong>le</strong>s plus visionnaires de son temps, puisqu’il prédit, dans sa perspective de déf<strong>en</strong>se de la<br />
chréti<strong>en</strong>neté m<strong>en</strong>acée par l’arrivée prochaine de l’Antéchrist, l’avènem<strong>en</strong>t d’un art « usant de la nature<br />
comme d’un instrum<strong>en</strong>t » et qui serait « supérieure à la magie des charlatans » : il imagine et décrit des<br />
machines volantes, des navires sans rameurs, des miroirs inc<strong>en</strong>diaires, avec une presci<strong>en</strong>ce qui n’a ri<strong>en</strong> à<br />
<strong>en</strong>vier à cel<strong>le</strong>s de Léonard de Vinci ou de Ju<strong>le</strong>s Vernes 205 .<br />
3.1.3. Les Temps modernes : <strong>le</strong> triomphe de la physique mathématique<br />
Mais c’est Francis Bacon qui posera véritab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dès la fin du XVI ème sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s fondem<strong>en</strong>ts théorique et<br />
pratique de la future sci<strong>en</strong>ce expérim<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>, <strong>en</strong> la séparant définitivem<strong>en</strong>t de la magie naturel<strong>le</strong> et <strong>en</strong> mettant<br />
<strong>en</strong> exergue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> ess<strong>en</strong>tiel de l’expérim<strong>en</strong>tation dans l’édification de la nouvel<strong>le</strong> sci<strong>en</strong>ce. A l’aube de la<br />
modernité, il invite ses contemporains à se libérer de la répétition aveug<strong>le</strong> des vérités avancées par <strong>le</strong>s<br />
anci<strong>en</strong>s :<br />
« Ce qui a empêché <strong>le</strong>s hommes de progresser dans <strong>le</strong>s sci<strong>en</strong>ces et <strong>le</strong>s a ret<strong>en</strong>us comme sous l’effet<br />
d’un charme, c’est <strong>en</strong>core <strong>le</strong> respect de l’antiquité, l’autorité de ceux qui ont été regardés comme des maîtres<br />
<strong>en</strong> philosophie, et <strong>en</strong>fin <strong>le</strong> cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t général […] Quant à l’antiquité, l’opinion que <strong>le</strong>s hommes s’<strong>en</strong><br />
form<strong>en</strong>t est tout à fait superficiel<strong>le</strong> et ne s’accorde guère avec <strong>le</strong> mot lui-même. C’est <strong>en</strong> effet la vieil<strong>le</strong>sse et <strong>le</strong><br />
grand âge du monde qui doiv<strong>en</strong>t être t<strong>en</strong>us pour la véritab<strong>le</strong> antiquité ; et il faut <strong>le</strong>s attribuer à notre époque,<br />
non à l’âge <strong>le</strong> plus jeune du monde qui fut celui des anci<strong>en</strong>s. Car cet âge qui par rapport à nous est <strong>le</strong> plus<br />
anci<strong>en</strong> et <strong>le</strong> plus avancé fut, par rapport au monde lui-même <strong>le</strong> plus nouveau et <strong>le</strong> plus précoce. 206 »<br />
Avec <strong>le</strong> XVII ème sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s sci<strong>en</strong>tifiques, <strong>en</strong> particulier Bacon, Descartes, Newton, Galilée vont réaliser une<br />
véritab<strong>le</strong> rupture <strong>en</strong>tre l’histoire de la magie et cel<strong>le</strong> de la sci<strong>en</strong>ce, non pas par la formalisation de nouvel<strong>le</strong>s<br />
ambitions ou aspirations, mais par la découverte de la méthode analytique et réductionniste fondée sur <strong>le</strong><br />
raisonnem<strong>en</strong>t mathématique : c’est <strong>le</strong> début de l’époque des Lumières, qui va se caractériser par un<br />
<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour la connaissance pratique et <strong>le</strong> détachem<strong>en</strong>t conjoint des livres et des anci<strong>en</strong>s <strong>en</strong> tant que<br />
sources exclusives du savoir. C’est éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong> temps de la grande mécanisation de l’univers, de la<br />
représ<strong>en</strong>tation du monde comme une imm<strong>en</strong>se mécanique sur la base de laquel<strong>le</strong> Kep<strong>le</strong>r, Galilée, Descartes,<br />
204 Hadot, Pierre, Le Voi<strong>le</strong> d’Isis, p. 122-127<br />
205 Ibid., p. 132-135<br />
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