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développem<strong>en</strong>t, <strong>le</strong> processus interne dans sa globalité. Nous pouvons y déce<strong>le</strong>r <strong>en</strong>core une par<strong>en</strong>té avec la<br />

phénoménologie selon laquel<strong>le</strong> la variation libre par l’imagination subjective est reconnue comme propice au<br />

dévoi<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de l’ess<strong>en</strong>ce de l’objet. L’imagination doit être libérée mais dans la stricte limite du phénomène<br />

tel qu’il a été observé <strong>en</strong> détail lors de la première étape.<br />

• La phase de perception intuitive<br />

C’est cette dernière étape, la plus ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong> et la plus diffici<strong>le</strong>, qui nécessite selon <strong>le</strong> poète, ainsi que nous<br />

avons déjà eu l’occasion de <strong>le</strong> re<strong>le</strong>ver, <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t d’un nouvel organe de perception 254 , d’un œil<br />

spirituel. Cette étape, qui peut se compr<strong>en</strong>dre comme <strong>le</strong> p<strong>en</strong>dant sci<strong>en</strong>tifique de la véritab<strong>le</strong> inspiration<br />

poétique, consiste à utiliser l’intuition pour à la fois combiner et dépasser <strong>le</strong>s différ<strong>en</strong>tes étapes précéd<strong>en</strong>tes.<br />

Il s’agit d’accéder à la réalité organique ou aux lois qui régiss<strong>en</strong>t <strong>le</strong> phénomène afin d’atteindre son type<br />

primordial. Ceci signifie tout autant saisir, par exemp<strong>le</strong>, la plante dans ce qu’el<strong>le</strong> est <strong>en</strong> tant que<br />

manifestation de l’idée mais éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t tout ce qui est <strong>en</strong> puissance dans son règne - par exemp<strong>le</strong> toutes ces<br />

plantes qui n’exist<strong>en</strong>t pas, mais qui serai<strong>en</strong>t « conséqu<strong>en</strong>tes » et pourrai<strong>en</strong>t exister puisqu’el<strong>le</strong>s suiv<strong>en</strong>t <strong>le</strong><br />

modè<strong>le</strong> symbolique de l’Urpflanze. C’est une étape ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> que Goethe id<strong>en</strong>tifie très<br />

probab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t au troisième mode de connaissance de Spinoza, et qui permet de percevoir <strong>le</strong> li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre la<br />

forme manifestée et l’ess<strong>en</strong>ce sous jac<strong>en</strong>te, l’idée du règne. C’est l’étape proprem<strong>en</strong>t intersubjective de l’acte<br />

de perception, où l’esprit s’ouvre p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t à l’idée du phénomène qui doit se révé<strong>le</strong>r comme une<br />

illumination. Nous <strong>en</strong> trouvons un exemp<strong>le</strong> significatif lorsque Goethe saisit soudainem<strong>en</strong>t la loi partiel<strong>le</strong> de<br />

développem<strong>en</strong>t des os des mammifères, à la vue des os du crâne du Lido qui lui apparaiss<strong>en</strong>t immédiatem<strong>en</strong>t<br />

comme trois vertèbres transformées. Cette perception intuitive est d’autant plus facilitée, selon <strong>le</strong> poète, que<br />

<strong>le</strong> phénomène observé est peu éloigné du phénomène primordial, puisque dans ce dernier <strong>le</strong>s formes<br />

manifest<strong>en</strong>t p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t et directem<strong>en</strong>t l’idée aux s<strong>en</strong>s.<br />

Il me paraît <strong>en</strong> outre important de souligner pour éviter toute ambiguïté que ces trois étapes ne se succèd<strong>en</strong>t<br />

pas immédiatem<strong>en</strong>t à l’occasion de l’observation d’un seul phénomène particulier : <strong>le</strong> poète doit se<br />

confronter à quantités d’observations avant d’être <strong>en</strong> mesure de passer du premier au second stade, et il doit<br />

procéder à plusieurs expéri<strong>en</strong>ces imaginatives avant d’atteindre l’illumination intuitive de la troisième phase.<br />

Nous avons déjà eu l’occasion d’insister sur l’importance que Goethe accorde à la pati<strong>en</strong>ce et à la<br />

multiplication des observations dans <strong>le</strong> processus de connaissance :<br />

« Aucun phénomène ne s’explique de et par lui-même ; seuls plusieurs pris <strong>en</strong>semb<strong>le</strong> et organisés<br />

avec méthode finiss<strong>en</strong>t par donner quelque chose qui peut avoir quelque va<strong>le</strong>ur pour la théorie 255 »<br />

254 Goethe, JW, Histoire de mes études botaniques (1831), in La métamorphose des plantes, p. 101<br />

255 Goethe, JW, Maximes et réf<strong>le</strong>xions, p.73<br />

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