15.07.2013 Views

Pour télécharger le texte en version PDF - Melencolia

Pour télécharger le texte en version PDF - Melencolia

Pour télécharger le texte en version PDF - Melencolia

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

« La persistance de l’individualité et <strong>le</strong> fait que l’homme secoue ce qui ne lui convi<strong>en</strong>t pas […] est<br />

pour moi une preuve qu’il existe quelque chose comme l’<strong>en</strong>téléchie. […] Leibniz a eu des p<strong>en</strong>sées analogues<br />

sur ces sortes d’êtres autonomes, et il appelait monades ce que nous désignons sous <strong>le</strong> terme d’<strong>en</strong>téléchie 110 . »<br />

Nous pouvons <strong>en</strong>fin songer à rapprocher la notion « d’idée <strong>en</strong> puissance dans <strong>le</strong>s choses » des « raisons<br />

sémina<strong>le</strong>s » récurr<strong>en</strong>tes dans la physique stoïci<strong>en</strong>ne de l’éternel retour que nous évoquerons brièvem<strong>en</strong>t dans<br />

notre seconde partie.<br />

Ainsi, quel que soit <strong>le</strong> rapprochem<strong>en</strong>t que nous effectuons, <strong>le</strong> vivant dans sa manifestation n’est pas au<br />

service d’une volonté transc<strong>en</strong>dante, il ne ti<strong>en</strong>t pas son droit à exister d’une <strong>en</strong>tité extérieure. Il est un<br />

achèvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> puissance et est à lui-même sa propre fin. C’est précisém<strong>en</strong>t ce que représ<strong>en</strong>te <strong>le</strong> phénomène<br />

primitif : la manifestation la plus évid<strong>en</strong>te aux s<strong>en</strong>s de ce qui porte la richesse pot<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t infinie de tout<br />

un règne ou de toute une classe de phénomènes. Se représ<strong>en</strong>ter la germination, la croissance, la<br />

transformation des organes, la reproduction de l'organisme et l’apparition des cou<strong>le</strong>urs comme un processus<br />

qui ti<strong>en</strong>t à la fois du s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> et de l’intelligib<strong>le</strong>, voilà <strong>le</strong> but que poursuit Goethe dans ses études naturalistes.<br />

Il considère que ce processus agissant sur <strong>le</strong>s deux plans de l’esprit et du monde des formes est <strong>le</strong> même,<br />

quant à l'idée, dans une classe donnée de phénomènes, et qu'il n'affecte des formes différ<strong>en</strong>tes que dans <strong>le</strong>s<br />

manifestations extérieures. Ce dualisme esprit-matière n’existe qu’<strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce pour l’homme qui ne<br />

cherche pas à développer son regard et mettre <strong>en</strong> œuvre son intuition. Ce dernier sépare alors arbitrairem<strong>en</strong>t<br />

ce qui est du ressort de la perception de ce qui lui paraît d’ordre purem<strong>en</strong>t idéel 111 .<br />

Si <strong>le</strong>s lois de développem<strong>en</strong>t et de métamorphoses résultant des polarités constitu<strong>en</strong>t la manifestation à<br />

proprem<strong>en</strong>t par<strong>le</strong>r matériel<strong>le</strong> des phénomènes, l’int<strong>en</strong>sification <strong>le</strong>s caractérise sous <strong>le</strong>ur aspect spirituel. A<br />

chaque stade évolutif, <strong>le</strong>s phénomènes manifest<strong>en</strong>t avec plus ou moins de clarté et d’évid<strong>en</strong>ce s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> une<br />

certaine idée fondam<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong> groupe des phénomènes primitifs, <strong>le</strong>s idées peuv<strong>en</strong>t apparaître<br />

s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t visib<strong>le</strong>s car l’int<strong>en</strong>sification y atteint sont but ; el<strong>le</strong>s se dévoi<strong>le</strong>nt à la surface des formes et<br />

devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t immédiates aux s<strong>en</strong>s. Par « int<strong>en</strong>sification » Goethe <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d donc l’élaboration, l’incarnation du<br />

spirituel dans des formes qui <strong>en</strong> progression asc<strong>en</strong>dante, manifest<strong>en</strong>t toujours mieux <strong>le</strong>s idées sous-jac<strong>en</strong>tes<br />

aux phénomènes, et par prolongem<strong>en</strong>t l’Idée première que <strong>le</strong> poète id<strong>en</strong>tifie à la Nature dans son processus<br />

créateur. Le poète nous expose <strong>le</strong> chemin qui mène à l’id<strong>en</strong>tité de la manifestation phénoména<strong>le</strong> et idéel<strong>le</strong> :<br />

« Ce n’est qu’au niveau <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé ou à celui <strong>le</strong> plus commun que l’idée et l’expéri<strong>en</strong>ce s’uniss<strong>en</strong>t ;<br />

à tous <strong>le</strong>s niveaux intermédiaires de l’observation et du vécu, el<strong>le</strong>s se sépar<strong>en</strong>t. Le stade supérieur est quand la<br />

110 Le mercredi 3 mars 1830 à Eckermann in Eckermann, Conversations de Goethe avec Eckermann, p. 340<br />

111 C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> Goethe <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t une défiance perman<strong>en</strong>te à l’égard de tous <strong>le</strong>s idéalismes portés sur <strong>le</strong><br />

dénigrem<strong>en</strong>t systématique du s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>, qu’ils soi<strong>en</strong>t d’ordre philosophique, métaphysique ou religieux.<br />

43

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!