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appar<strong>en</strong>ces pittoresques ou poétiques, mais auront une vérité et une nécessité intérieures. La même loi<br />

s’appliquera à tous <strong>le</strong>s êtres vivants 36 . »<br />

L’Urpflanze semb<strong>le</strong> bi<strong>en</strong> se rapprocher d’un germe d’ordre idéel, d’un modè<strong>le</strong> générateur, et non d’une<br />

combinaison protéiforme d’élém<strong>en</strong>ts empruntés à toutes <strong>le</strong>s plantes. Il faut souligner au passage qu’il n’est<br />

pas question de sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que Goethe s’inscrirait d’une quelconque manière dans un schéma<br />

évolutionniste du vivant : il ne dit pas avoir trouvé, <strong>en</strong> l’Urpflanze, <strong>le</strong> germe réel, l’ancêtre primitif de toutes<br />

<strong>le</strong>s plantes. L’Urpflanze doit davantage être comprise comme un schéma de construction, un modè<strong>le</strong><br />

intel<strong>le</strong>ctuel caractéristique du règne végétal dont on peut percevoir la manifestation dans <strong>le</strong>s espèces<br />

existantes et <strong>en</strong> fonction duquel on peut, par ail<strong>le</strong>urs, <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer d’autres idées de plantes, des plantes<br />

virtuel<strong>le</strong>s qui sont logiques, conséqu<strong>en</strong>tes, sans pour autant exister dans la réalité s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>.<br />

En ce qui concerne notre deuxième interrogation quant à la nature s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> ou intelligib<strong>le</strong> de l’Urplanze, il<br />

semb<strong>le</strong> avéré que l’originalité du concept goethé<strong>en</strong> provi<strong>en</strong>t précisém<strong>en</strong>t de la nature intermédiaire que <strong>le</strong><br />

poète semb<strong>le</strong> lui conférer : il espère réel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t découvrir cette plante dans la réalité du monde végéta<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong><br />

ne se limite donc pas à une pure construction intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. Souv<strong>en</strong>ons-nous de la réaction du poète face à<br />

l’incompréh<strong>en</strong>sion de Schil<strong>le</strong>r lorsqu’il t<strong>en</strong>tait de prés<strong>en</strong>ter à ce dernier cette notion d’idée incarnée 37 . Là<br />

réside la singularité de l’Urplanze : ni complètem<strong>en</strong>t incarnée dans <strong>le</strong> s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>, ni exclusivem<strong>en</strong>t reléguée<br />

dans <strong>le</strong> monde des idées platonici<strong>en</strong>nes, el<strong>le</strong> est par ess<strong>en</strong>ce d’une nature à la fois s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> et spirituel<strong>le</strong>. On<br />

pourrait ainsi la qualifier comme Goethe, de supras<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>, au s<strong>en</strong>s où seul l’œil spirituel de l’artiste, exercé<br />

par la pratique de l’observation, de l’imagination et de l’intuition, saurait la percevoir dans sa plénitude.<br />

« Il m’apparut peu à peu de plus <strong>en</strong> plus clairem<strong>en</strong>t que <strong>le</strong> regard pourrait être vivifié jusqu’à atteindre<br />

un mode d’observation plus é<strong>le</strong>vé <strong>en</strong>core, exig<strong>en</strong>ce qui à cette époque était prés<strong>en</strong>te à mon esprit sous la forme<br />

s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> d’une plante primordia<strong>le</strong> supras<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>. Je suivais toutes <strong>le</strong>s transformations tel<strong>le</strong>s que je <strong>le</strong>s<br />

r<strong>en</strong>contrais, et c’est ainsi qu’au terme ultime de mon voyage, <strong>en</strong> Sici<strong>le</strong>, apparut clairem<strong>en</strong>t à mes yeux<br />

l’id<strong>en</strong>tité originel<strong>le</strong> de toutes <strong>le</strong>s parties du végétal, que je cherchais dès lors à retrouver partout, à percevoir<br />

partout. 38 »<br />

Nous aurons l’occasion plus bas de préciser la nature particulière du phénomène primitif à la lumière de<br />

l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de sa philosophie de la connaissance et d’<strong>en</strong> approfondir <strong>le</strong>s rapports avec l’art symbolique tel<br />

que Goethe <strong>le</strong> conçoit.<br />

36 Goethe, JW, Voyage <strong>en</strong> Italie, p. 365<br />

37 Goethe s’opposera d’ail<strong>le</strong>urs très vigoureusem<strong>en</strong>t à la proposition du botaniste Link de donner une illustration de<br />

l’Urplanze <strong>en</strong> termes purem<strong>en</strong>t mathématiques (cf. Cassirer, Ernst, Rousseau, Kant, Goethe, p. 116)<br />

38 Goethe, JW, Histoire de mes études botaniques (1831), in La métamorphose des plantes, p. 101<br />

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