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Après avoir été témoin de la vio<strong>le</strong>nce des spectac<strong>le</strong>s volcaniques, <strong>en</strong> Italie et <strong>en</strong> Bohême, <strong>en</strong> 1808, puis à la<br />

<strong>le</strong>cture des théories « pseudo-volcaniques » de A<strong>le</strong>xander von Humboldt et de Voigt, Goethe va<br />

progressivem<strong>en</strong>t abandonner son attachem<strong>en</strong>t exclusif au neptunisme pour adopter une position plus<br />

ambiguë. Il admettra lui-même, notamm<strong>en</strong>t après 1820 une « douce humeur versati<strong>le</strong> 69 » vis-à-vis des deux<br />

théories contradictoires. Sans doute Goethe aurait-il accepté <strong>en</strong>core plus explicitem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s respectifs et<br />

combinatoires de l’ordre et du chaos, de la sédim<strong>en</strong>tation et du volcanisme, s’il n’avait cédé à son angoisse<br />

instinctive à l’égard de la vio<strong>le</strong>nce. Car <strong>en</strong> soi, cette idée d’alternance du chaos et de l’harmonie est une<br />

constante récurr<strong>en</strong>te de la philosophie de Goethe, comme nous allons <strong>le</strong> mettre plus <strong>en</strong> va<strong>le</strong>ur à prés<strong>en</strong>t.<br />

1.2.2. Botanique : contraction et expansion<br />

Goethe va ainsi affiner sa théorie botanique de la plante primitive <strong>en</strong> la complétant d’une vision du<br />

développem<strong>en</strong>t et de la métamorphose, fondée sur un dualisme <strong>en</strong>tre contraction et expansion. Selon cel<strong>le</strong>-ci,<br />

la croissance et l’évolution de la plante serai<strong>en</strong>t soumises à deux forces distinctes opposées, polaires, qui<br />

t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l’une à la prolifération végéta<strong>le</strong> et à l’expansion, l’autre à la conc<strong>en</strong>tration sémina<strong>le</strong> et à la<br />

contraction. Six phases ou périodes conduis<strong>en</strong>t ainsi de la graine à la f<strong>le</strong>ur, et de la f<strong>le</strong>ur au fruit. L’écrivain<br />

nous <strong>le</strong>s prés<strong>en</strong>te dans son poème La Métamorphose des Plantes.<br />

Lors de la première période, la plante tire de la graine ses premiers organes, <strong>le</strong>s cotylédons. Puis, <strong>en</strong> une<br />

succession d’élans expansifs, <strong>le</strong>s nœuds, et à chaque nœud, une feuil<strong>le</strong>, vont se développer. Les formes des<br />

feuil<strong>le</strong>s évolu<strong>en</strong>t : <strong>en</strong>core simp<strong>le</strong>s près du sol, el<strong>le</strong>s se comp<strong>le</strong>xifi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant de la hauteur, se d<strong>en</strong>tel<strong>le</strong>nt<br />

ou se divis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> folio<strong>le</strong>s.<br />

« Simp<strong>le</strong> dormait <strong>en</strong> la graine la force ; un modè<strong>le</strong> ébauché<br />

Etait là, clos <strong>en</strong> soi, replié sous <strong>le</strong> voi<strong>le</strong>,<br />

Feuil<strong>le</strong> et racine et germe mi-formés, sans cou<strong>le</strong>ur ;<br />

Dans <strong>le</strong> sec <strong>le</strong> noyau garde vie immobi<strong>le</strong>,<br />

Adonné à l’humidité douce, il se gonf<strong>le</strong> et se t<strong>en</strong>d,<br />

Et s’élève aussitôt de la nuit qui l’<strong>en</strong>toure ;<br />

Mais quand il apparaît, la forme <strong>en</strong> reste simp<strong>le</strong>,<br />

Dans <strong>le</strong>s plantes aussi, c’est de l’<strong>en</strong>fant <strong>le</strong> signe.<br />

Tout aussitôt se dresse une pousse suivante,<br />

Ajoute nœud à nœud, r<strong>en</strong>ouvel<strong>le</strong> la prime force,<br />

Non, certes, toujours la même ; car la feuil<strong>le</strong> suivante<br />

Est toujours, tu <strong>le</strong> vois mieux formée, plus variée,<br />

Plus ét<strong>en</strong>dues, plus échancrées, mieux séparées <strong>en</strong> pointes et parties,<br />

69 Lacoste, Jean, Goethe, Sci<strong>en</strong>ce et philosophie, p. 181<br />

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