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manifestation de la création, l’Homme, dont l’intermaxillaire se dissimu<strong>le</strong> « par crainte de révé<strong>le</strong>r une<br />

voracité anima<strong>le</strong> » 40 . Il est important de souligner <strong>en</strong>core une fois que malgré l’impulsion spontanée qui nous<br />

amènerait à voir <strong>en</strong> Goethe un remarquab<strong>le</strong> précurseur de Darwin, <strong>le</strong> poète ne semblait pas du tout considérer<br />

cette évolution dans un cadre historique : dans son essai, <strong>le</strong>s degrés dont il décrit <strong>le</strong>s manifestations<br />

morphologiques coexist<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s uns à côté des autres, et jamais n’est m<strong>en</strong>tionnée une possib<strong>le</strong> filiation <strong>en</strong>tre<br />

<strong>le</strong>s espèces.<br />

Malgré tout son <strong>en</strong>thousiasme, Goethe n’attirera cep<strong>en</strong>dant guère l’att<strong>en</strong>tion des hommes du sérail, <strong>le</strong>s<br />

anatomistes reconnus de son temps et, profondém<strong>en</strong>t déçu par cet accueil, il interrompra ses études<br />

d’ostéologie pour se tourner vers l’étude des plantes jusqu’à ce qu’il retrouve quelques années plus tard son<br />

intérêt pour l’anatomie, sans doute excité par <strong>le</strong>s travaux qu’il v<strong>en</strong>ait de m<strong>en</strong>er sur <strong>le</strong>s plantes à f<strong>le</strong>ur, et<br />

caressant l’idée de transposer au règne animal cette notion de métamorphose. Ainsi, dans sa <strong>le</strong>ttre à Jacobi du<br />

3 mars 1790 41 , il annonce un écrit sur la forme des animaux qui serait <strong>le</strong> p<strong>en</strong>dant à son essai de botanique sur<br />

la Métamorphose des plantes. Or, la chance semb<strong>le</strong> décidém<strong>en</strong>t lui sourire puisque au cours du second<br />

voyage <strong>en</strong> Italie de mars à avril 1790 42 , il trouve sur <strong>le</strong> sab<strong>le</strong> des dunes du Lido, aux abords de V<strong>en</strong>ise, un<br />

crâne de mouton brisé d’une façon tel<strong>le</strong> que l'os palatin, <strong>le</strong> maxillaire supérieur et l'intermaxillaire semblai<strong>en</strong>t<br />

prés<strong>en</strong>ter l'image évid<strong>en</strong>te de trois vertèbres transformées. Cette découverte permet à Goethe de formu<strong>le</strong>r<br />

l’une de ses idées fondam<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>s selon laquel<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s os du crâne sont issus des vertèbres. Cette g<strong>en</strong>èse<br />

illustrerait d’une façon plus généra<strong>le</strong> <strong>le</strong> processus de métamorphose progressive qui <strong>en</strong>noblit et affine <strong>le</strong>s<br />

« masses organiques » de la nature, manifestation de cette grande et éternel<strong>le</strong> loi de l’int<strong>en</strong>sification, ou<br />

Steigerung, dont il décelait éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t l’action <strong>en</strong> botanique et dans la théorie des cou<strong>le</strong>urs, comme nous <strong>le</strong><br />

détail<strong>le</strong>rons plus loin. Il se déclare ainsi certain :<br />

« qu’un type général, qui s’élève par métamorphose, se retrouve dans tous <strong>le</strong>s êtres vivants, que ce<br />

type peut s’observer avec toutes ses parties à certains stades intermédiaires, et doit <strong>en</strong>core être reconnu même<br />

là où il régresse discrètem<strong>en</strong>t jusqu’à se dissimu<strong>le</strong>r <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t aux stades supérieurs de l’humanité 43 . »<br />

Sans aboutir à la formalisation d’une loi à même de décrire <strong>en</strong> un seul concept <strong>le</strong>s métamorphoses de la<br />

forme anima<strong>le</strong> dans son intégralité, Goethe parvi<strong>en</strong>dra cep<strong>en</strong>dant à énoncer deux lois de développem<strong>en</strong>t<br />

partiel : la première concerne la moel<strong>le</strong> épinière et <strong>le</strong> cerveau, la seconde <strong>le</strong>s os qui conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ces organes,<br />

<strong>le</strong>s vertèbres et <strong>le</strong> crâne. D’une part, <strong>le</strong> cerveau représ<strong>en</strong>te à ses yeux un état supérieur de la moel<strong>le</strong> épinière,<br />

et chaque c<strong>en</strong>tre nerveux ganglionnaire peut être considéré comme un cerveau demeuré à un stade inférieur<br />

39 Goethe, JW, Correspondances 1765-1832, p. 83<br />

40 Goethe, JW, Schrift<strong>en</strong> zur Kunst, Schrift<strong>en</strong> zur Litteratur, Maxim<strong>en</strong> und Ref<strong>le</strong>xion<strong>en</strong> , Munich, 1981, p. 173 cité in<br />

Lacoste, Jean, Goethe, sci<strong>en</strong>ce et philosophie, p. 49<br />

41 Lacoste, Jean, Goethe, sci<strong>en</strong>ce et philosophie, p. 50<br />

42 Dont il fait <strong>le</strong> récit dans <strong>le</strong>s Anna<strong>le</strong>s de 1790 (cf. Lacoste, Jean, Goethe, sci<strong>en</strong>ce et philosophie, p. 50)<br />

43 Goethe, JW, Autobiographische Schrift<strong>en</strong> II , Munich, 1981, p. 436 cité in Lacoste, Jean, Goethe, sci<strong>en</strong>ce et<br />

philosophie, p. 51<br />

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