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moral, j’y ai pourvu éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Les choses du ciel et de la terre sont un si vaste domaine, que <strong>le</strong>s organes de la<br />

totalité des êtres seuls suffirai<strong>en</strong>t à <strong>le</strong> saisir 183 . »<br />

Poète, il chante la multiplicité et la diversité de l’imagination divine. Naturaliste, il dévoi<strong>le</strong> <strong>le</strong>s lois généra<strong>le</strong>s<br />

à l’œuvre derrière l’appar<strong>en</strong>te anarchie du monde des formes. Les deux approches se conjugu<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

perman<strong>en</strong>ce chez lui selon que son regard se porte de manière généra<strong>le</strong> sur l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de la nature pour <strong>en</strong><br />

saisir la fascinante unité ou sur <strong>le</strong>s individus pour s’efforcer de reconnaître la prés<strong>en</strong>ce divine dans la beauté<br />

objective du particulier. Mais si la création d’art se révè<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> prolongem<strong>en</strong>t d’une création de la nature,<br />

el<strong>le</strong> l’est à un niveau supérieur ; car dans l’œuvre de nature, la part idéel<strong>le</strong> n’est visib<strong>le</strong> qu’à l’œil<br />

spirituel alors que dans l’œuvre d’art el<strong>le</strong> devi<strong>en</strong>t une réalité perceptib<strong>le</strong>. Si <strong>le</strong> sci<strong>en</strong>tifique ou <strong>le</strong> philosophe<br />

se doiv<strong>en</strong>t de lire et de décrire la nature tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> se traduit directem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> idées et concepts purs, la<br />

mission de l’artiste consiste à transmuer la part idéel, prés<strong>en</strong>te au cœur des ouvrages de la nature, <strong>en</strong> images.<br />

2.4.2. Le sty<strong>le</strong> goethé<strong>en</strong> : l’artiste doit imiter l’ess<strong>en</strong>ce de la nature<br />

« J’ai banqueté à la tab<strong>le</strong> d’Homère comme à cel<strong>le</strong> des Nibelung<strong>en</strong>, mais je n’ai ri<strong>en</strong> trouvé de plus<br />

conforme à ma personne que la vaste et profonde nature, toujours vivante, et <strong>le</strong>s œuvres des poètes et des<br />

sculpteurs grecs 184 . »<br />

A de nombreuses reprises, comme nous v<strong>en</strong>ons de <strong>le</strong> constater, Goethe reconnaît avec pragmatisme, que<br />

l’accès à la totalité n’est pas donné à l’être humain. Mais si, son assouvissem<strong>en</strong>t semb<strong>le</strong> à jamais devoir<br />

demeurer chimérique, une intuition de la prés<strong>en</strong>ce de ce Tout semb<strong>le</strong> parfois se révé<strong>le</strong>r, dans certaines<br />

conditions privilégiées : la r<strong>en</strong>contre avec <strong>le</strong>s phénomènes primitifs dans la nature, d’une part, avec <strong>le</strong>s plus<br />

hauts chefs-d’œuvre de l’art classique dans <strong>le</strong> champ des créations humaines, d’autre part.<br />

Convaincu que <strong>le</strong>s Grecs procédai<strong>en</strong>t justem<strong>en</strong>t selon <strong>le</strong>s mêmes lois que la nature pour déduire «de la figure<br />

humaine <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de la création divine 185 », Goethe observera comm<strong>en</strong>t la nature accomplit ce développem<strong>en</strong>t<br />

au sein des règnes minéraux, végétaux ou animaux pour <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre l’utilisation et l’effet dans <strong>le</strong>s œuvres<br />

d'art, tant il est persuadé que la même nécessité préside à la floraison d’une plante et à la croissance d’un<br />

poème, d’une peinture ou d’une sculpture. L’inspiration est alors à l’art ce que l’intuition est à la recherche<br />

sci<strong>en</strong>tifique : <strong>le</strong> travail du poète et celui du savant consist<strong>en</strong>t précisém<strong>en</strong>t à dépasser <strong>le</strong> visib<strong>le</strong> pour atteindre<br />

<strong>le</strong> primordial, <strong>le</strong> premier par <strong>le</strong> biais des images, des sons et des rythmes, <strong>le</strong> second par l’usage de théories et<br />

de modè<strong>le</strong>s.<br />

183 Goethe, JW, Correspondances 1765-1832, p 202<br />

184 Lettre à Knebel du 9 novembre 1814, in Goethe, JW, Correspondances 1765-1832, p. 213<br />

185 Le 28 janvier 1787 in Goethe, JW, Voyage <strong>en</strong> Italie, p. 194<br />

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