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Le principe sous-jac<strong>en</strong>t de la recherche du poète dans ce domaine est similaire à celui qui l’a guidé dans <strong>le</strong><br />

monde végétal : il doit exister un organe fondam<strong>en</strong>tal à la source du développem<strong>en</strong>t de toutes <strong>le</strong>s formes<br />

anima<strong>le</strong>s. L’idée de cet organe doit éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t se manifester de plus <strong>en</strong> plus visib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t au fur et à mesure de<br />

l’évolution du corps. El<strong>le</strong> s’empare de la matière pour lui imprimer une forme à sa ressemblance. El<strong>le</strong> doit<br />

donc trouver sa plus bel<strong>le</strong> incarnation dans <strong>le</strong>s organes supérieurs, <strong>le</strong>s organes nob<strong>le</strong>s du corps (comme l’œil<br />

ou <strong>le</strong> cerveau) tandis qu’el<strong>le</strong> disparaît dans <strong>le</strong>s organes inférieurs, informes, simp<strong>le</strong>s et non spécialisés. Ce<br />

qui n'existe qu'à l'état presque exclusif d’idée dans <strong>le</strong>s organes inférieurs se manifeste s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong>s<br />

organes supérieurs. Goethe conçoit ces différ<strong>en</strong>ts niveaux de développem<strong>en</strong>t dans une perspective de parfaite<br />

continuité : <strong>le</strong> spirituel est partout diffus dans la nature, mais avec plus ou moins de d<strong>en</strong>sité, cette d<strong>en</strong>sité se<br />

manifestant par l’adéquation plus ou moins parfaite de la forme et de l’idée.<br />

L’animal se définira alors, au regard des autres règnes minéraux et végétaux, par <strong>le</strong> caractère spécialisé et<br />

prédéfini de ses organes : aucun de ceux-ci n’est interchangeab<strong>le</strong> avec un autre qui exerce une fonction<br />

différ<strong>en</strong>te. Plus la nature s’élève vers l’Idée, plus el<strong>le</strong> adopte une forme ordonnée qui aspire à une certaine<br />

harmonie des parties <strong>en</strong>tre el<strong>le</strong>s et avec <strong>le</strong> tout. Les minéraux manifestai<strong>en</strong>t une organisation très réduite,<br />

limitée à <strong>le</strong>ur composition et à <strong>le</strong>ur structure grossière. Les plantes déjà nous prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t un modè<strong>le</strong> plus<br />

ordonné, mais où dominait néanmoins l’anarchie : au sein des deux premiers règnes de la nature,<br />

l’individualité, l’id<strong>en</strong>tité des parties <strong>en</strong>tre el<strong>le</strong>s et des parties par rapport au tout, se diluai<strong>en</strong>t dans la<br />

multiplicité des configurations et des associations. Chez <strong>le</strong>s animaux, et plus particulièrem<strong>en</strong>t chez <strong>le</strong>s<br />

mammifères dont l’Homme est <strong>le</strong> plus nob<strong>le</strong> représ<strong>en</strong>tant, par contre:<br />

« dans la plus régulière des organisations, tout a une forme, une place, un nombre déterminé, et,<br />

quel<strong>le</strong>s que soi<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s déviations que puisse produire l’activité multip<strong>le</strong> de la vie tout retrouvera toujours son<br />

équilibre 98 .»<br />

Comme Goethe considère que <strong>le</strong>s mammifères représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>le</strong> stade <strong>le</strong> plus évolué du règne animal, qui<br />

culmine dans l’homme, il va donc chercher à reconnaître son type primordial à partir du sque<strong>le</strong>tte des<br />

mammifères. Ces derniers lui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’expression la plus épurée de l’idée de ce type sous-jac<strong>en</strong>t qui doit<br />

néanmoins être commun à tout <strong>le</strong> règne animal. L’observation des animaux <strong>le</strong>s plus évolués lui permet ainsi<br />

plus faci<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de mettre <strong>en</strong> lumière <strong>le</strong>s lois primordia<strong>le</strong>s de l’organisme qu’il imaginait, dans un second<br />

temps, déce<strong>le</strong>r chez <strong>le</strong>s autres espèces, là où el<strong>le</strong>s apparaiss<strong>en</strong>t avec beaucoup moins d’évid<strong>en</strong>ce aux yeux du<br />

chercheur. Mais Goethe ne parvi<strong>en</strong>dra jamais à une représ<strong>en</strong>tation achevée de ce type animal primordial<br />

comme il croyait l’avoir découvert dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de la feuil<strong>le</strong>. Il ne trouvera que <strong>le</strong>s lois partiel<strong>le</strong>s de<br />

98 Goethe, JW, Schrift<strong>en</strong> zur Kunst, Schrift<strong>en</strong> zur Litteratur, Maxim<strong>en</strong> und Ref<strong>le</strong>xion<strong>en</strong> , Munich, 1981, p.210 cité in<br />

Lacoste, Jean, Goethe, Sci<strong>en</strong>ce et philosophie, p. 62<br />

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