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1.1.3. Ostéologie : L’Urtier<br />

Goethe avait comm<strong>en</strong>cé à manifester un intérêt sci<strong>en</strong>tifique pour l’ostéologie sous l’influ<strong>en</strong>ce de Lavater, qui<br />

l’avait persuadé <strong>en</strong> 1774 de collaborer à son <strong>en</strong>treprise de physiognomonie : cel<strong>le</strong>-ci consistait à t<strong>en</strong>ter de<br />

deviner <strong>le</strong> caractère des individus à partir des traits de <strong>le</strong>ur visage, <strong>en</strong> affirmant notamm<strong>en</strong>t qu’il serait<br />

possib<strong>le</strong> de deviner, comme l’avait jadis fait Aristote, <strong>le</strong> caractère de chaque espèce <strong>en</strong> partant de la<br />

configuration du crâne ou de la mâchoire. L’idée fondam<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> de Lavater et de Goethe était <strong>en</strong> effet qu’il<br />

existe une corrélation nécessaire <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s organes, <strong>le</strong>s actes et <strong>le</strong> caractère de l’homme ou de l’animal, et que<br />

cette cohér<strong>en</strong>ce permet de retrouver l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> (la personnalité) à partir d’un élém<strong>en</strong>t (la forme des corps ou<br />

des organes). Au fil de ses réf<strong>le</strong>xions, Goethe va ori<strong>en</strong>ter plus particulièrem<strong>en</strong>t ses recherches sur <strong>le</strong>s formes<br />

des os. Dans <strong>le</strong> cadre de ses études d’anatomie comparée, la mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce de l’os intermaxillaire chez<br />

l’homme va compter parmi ses grands titres de gloire.<br />

<strong>Pour</strong> résumer <strong>le</strong>s termes de la problématique qui se posait à l’époque, rappelons que chez <strong>le</strong>s animaux, la<br />

mâchoire supérieure est un organe composite : el<strong>le</strong> est constituée de deux maxillaires à droite et à gauche<br />

reliés à l’avant par l’os qui porte <strong>le</strong>s incisives. Or, alors que tous <strong>le</strong>s animaux, y compris ceux qui semblai<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong>s plus proches de l’être humain comme <strong>le</strong>s différ<strong>en</strong>tes races de singes, possédai<strong>en</strong>t de façon manifeste cet<br />

os, l’Homme semblait <strong>en</strong> être dépourvu. Cette abs<strong>en</strong>ce était interprétée par <strong>le</strong>s anatomistes comme la preuve<br />

de la distance infranchissab<strong>le</strong> qui séparait l’être humain <strong>le</strong> plus frustre de l’animal <strong>le</strong> plus évolué.<br />

Goethe, parvi<strong>en</strong>dra, contrairem<strong>en</strong>t à toute att<strong>en</strong>te, à id<strong>en</strong>tifier cet élém<strong>en</strong>t sur des crânes humains qu’il<br />

étudiait <strong>en</strong> 1784. Il fera immédiatem<strong>en</strong>t part à Herder de sa découverte <strong>le</strong> 27 mars, mais c’est seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dans<br />

sa <strong>le</strong>ttre à Knebel du 17 novembre 1784 <strong>en</strong> accompagnem<strong>en</strong>t d’un essai ostéologique qu’il indiquera toute la<br />

portée sci<strong>en</strong>tifique et philosophique qu’il accorde à cette découverte :<br />

« Je t’<strong>en</strong>voie <strong>en</strong>fin ma dissertation ostéologique et je te prie de m’<strong>en</strong> dire ton avis. Je me suis abst<strong>en</strong>u<br />

de laisser <strong>en</strong>trevoir dès maint<strong>en</strong>ant <strong>le</strong> résultat auquel j’aboutis et que Herder indique déjà dans ses Idées ; ri<strong>en</strong><br />

ne différ<strong>en</strong>cie l’homme de l’animal – tout au contraire <strong>le</strong>s rapproche, la par<strong>en</strong>té de l’homme et des animaux est<br />

étroite 39 . »<br />

C’est dans cet essai que Goethe va pour la première fois amorcer sa réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s phénomènes de<br />

métamorphoses et formaliser <strong>le</strong>s premières intuitions qui guideront par la suite ses recherches<br />

morphologiques. Le poète imagine dans ce <strong>texte</strong> une sorte de progression asc<strong>en</strong>dante des formes du sque<strong>le</strong>tte<br />

des animaux, et plus particulièrem<strong>en</strong>t de <strong>le</strong>ur mâchoire, <strong>en</strong> fonction de <strong>le</strong>ur degré d’évolution. Il caractérisera<br />

ainsi <strong>le</strong>s transformations de l’os intermaxillaire <strong>en</strong> dressant des tab<strong>le</strong>aux de ces différ<strong>en</strong>ts stades, du chevreuil<br />

dont l’os est dépourvu de d<strong>en</strong>ts jusqu’au lion, dont l’os est compact, massif, puissant et jusqu’à la plus nob<strong>le</strong><br />

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