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perceptib<strong>le</strong> aux s<strong>en</strong>s. Et quand <strong>le</strong>s s<strong>en</strong>s ne peuv<strong>en</strong>t prouver cet état de fait, il l'admet à titre d'hypothèse.<br />

Parce que la lumière <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs, et qu'el<strong>le</strong> doit donc, selon <strong>le</strong> poète, <strong>le</strong>s cont<strong>en</strong>ir nécessairem<strong>en</strong>t<br />

déjà <strong>en</strong> idée, Newton affirme qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s conti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait, matériel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, et que <strong>le</strong> prisme et l'ombre<br />

limitrophe <strong>le</strong>s <strong>en</strong> dégag<strong>en</strong>t seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Du point de vue du poète, l’ombre et la lumière blanche sont à<br />

l’origine des cou<strong>le</strong>urs et non pas l’inverse, ce qui l’<strong>en</strong>joint à affirmer que, dans la théorie newtoni<strong>en</strong>ne, un<br />

phénomène compliqué a été pris pour base et <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> a été expliqué à partir du comp<strong>le</strong>xe :<br />

« Ainsi nous estimons que la sci<strong>en</strong>ce a commis une grande erreur <strong>en</strong> considérant comme primordial un<br />

phénomène dérivé et <strong>en</strong> lui subordonnant <strong>le</strong> phénomène premier ; el<strong>le</strong> a même inversé <strong>le</strong> s<strong>en</strong>s du second, et<br />

prés<strong>en</strong>te sa nature composite comme simp<strong>le</strong> et <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> comme un composite. 142 »<br />

Il semb<strong>le</strong> ainsi que, selon <strong>le</strong> poète, il y a toujours dans l’expéri<strong>en</strong>ce cognitive un facteur non s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> qui<br />

s’ajoute à la perception s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> et qu’il existe <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce une possibilité d’appréh<strong>en</strong>sion simultanée de<br />

la forme et de l’idée, c’est-à-dire du s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> et de l’intelligib<strong>le</strong> que l’on peut nommer « connaissance<br />

intuitive ».<br />

2.2.3. Le refus du non-perceptib<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s faits doiv<strong>en</strong>t se hisser au niveau de la théorie<br />

<strong>Pour</strong> <strong>le</strong> poète, la connaissance de la lumière et de la nature intime des cou<strong>le</strong>urs est donnée ingénum<strong>en</strong>t dans<br />

la manifestation première et il n’existe pas de phénomène s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> plus pur que <strong>le</strong> phénomène lumineux lui-<br />

même susceptib<strong>le</strong> de nous <strong>en</strong> donner une explication. Par opposition, la conception newtoni<strong>en</strong>ne de la<br />

cou<strong>le</strong>ur considère que la lumière résulte de la vibration mécanique de petites particu<strong>le</strong>s imperceptib<strong>le</strong>s à la<br />

vue. Si la notion qu'une cou<strong>le</strong>ur est liée à un certain mouvem<strong>en</strong>t dans l'espace n'est pas contraire à la p<strong>en</strong>sée<br />

de Goethe, il s’oppose fermem<strong>en</strong>t à toute t<strong>en</strong>tative d’explication d’un phénomène s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t perceptib<strong>le</strong> à<br />

partir d’une matière ou d’un phénomène premier qui ne serait lui accessib<strong>le</strong> qu’<strong>en</strong> ses effets et non <strong>en</strong> son<br />

ess<strong>en</strong>ce. Autrem<strong>en</strong>t dit, expliquer l'ess<strong>en</strong>ce de la lumière, à partir de quelque chose de non-perceptib<strong>le</strong> mais<br />

qui corresponde au phénomène « lumière » est absurde de son point de vue, tant il est convaincu qu’un<br />

tab<strong>le</strong>au comp<strong>le</strong>t des effets produits par un objet perceptib<strong>le</strong>, embrasse nécessairem<strong>en</strong>t toutes <strong>le</strong>s<br />

manifestations dont il conti<strong>en</strong>t la virtualité idéel<strong>le</strong> :<br />

«Car <strong>en</strong> fait, c’est <strong>en</strong> vain que nous <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ons d’exprimer l’ess<strong>en</strong>ce d’une chose. Nous percevons<br />

des effets, et tout au plus une histoire complète de ces effets <strong>en</strong>globerait sans doute l’ess<strong>en</strong>ce de cette chose.<br />

Nous nous efforçons sans succès de peindre <strong>le</strong> caractère d’un homme ; rassemblons par contre ses actions, ses<br />

actes, et nous verrons apparaître une image de son caractère. 143 »<br />

142 Goethe, JW, Traité des cou<strong>le</strong>urs, p. 139<br />

143 Goethe, JW, Traité des cou<strong>le</strong>urs, p. 79<br />

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