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Il cherchera ainsi à expliquer un phénomène comp<strong>le</strong>xe <strong>en</strong> montrant de quels phénomènes originels il est<br />

composé, et surtout un fait perceptib<strong>le</strong> <strong>en</strong> <strong>le</strong> ram<strong>en</strong>ant à un autre fait perceptib<strong>le</strong>. Il tire immédiatem<strong>en</strong>t de<br />

l'observation <strong>le</strong>s principes sur <strong>le</strong>squels il fonde son explication des phénomènes et écarte systématiquem<strong>en</strong>t<br />

toute notion ou théorie qui dépasse <strong>le</strong> domaine de l'observation. Recourir à des facteurs non observab<strong>le</strong>s est<br />

contraire à sa conception de la connaissance ; ainsi ne cherche-t-il pas, par exemp<strong>le</strong>, l'ess<strong>en</strong>ce de la lumière<br />

dans une substance ou des corpuscu<strong>le</strong>s invisib<strong>le</strong>s aux s<strong>en</strong>s. De proche <strong>en</strong> proche, il finit par iso<strong>le</strong>r, dans <strong>le</strong><br />

monde empirique, des élém<strong>en</strong>ts s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>s qui ne peuv<strong>en</strong>t plus se ram<strong>en</strong>er à d'autres. A titre d’illustration, il<br />

ne pouvait pas considérer l’expéri<strong>en</strong>ce du prisme de Newton comme primordia<strong>le</strong>, dans la mesure où ce<br />

prisme ne lui apparaissait que comme une condition secondaire et conting<strong>en</strong>te : la véritab<strong>le</strong> nécessité résidait<br />

dans la r<strong>en</strong>contre de l’ombre et de la lumière, au cours de laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> coin de verre n’interv<strong>en</strong>ait qu’<strong>en</strong> tant<br />

que médiateur. Une fois id<strong>en</strong>tifié l’Urphänom<strong>en</strong>, il n'y a plus lieu alors de chercher une explication, parce<br />

que ces phénomènes n'<strong>en</strong> demand<strong>en</strong>t aucune : ils ont <strong>le</strong>ur explication <strong>en</strong> eux-mêmes.<br />

« Le summum serait de compr<strong>en</strong>dre que tout ce qui est factuel est déjà théorie. Le b<strong>le</strong>u du ciel nous<br />

révè<strong>le</strong> la loi fondam<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> du chromatisme. Ne cherchons ri<strong>en</strong> derrière <strong>le</strong>s phénomènes, ils sont eux-mêmes la<br />

théorie 140 . »<br />

Et la lumière est précisém<strong>en</strong>t pour Goethe un élém<strong>en</strong>t de cette espèce ; el<strong>le</strong> ne saurait être la résultante d’une<br />

somme de radiations colorées. Au contraire, el<strong>le</strong> se révè<strong>le</strong> à l’observation comme la chose la plus simp<strong>le</strong>, la<br />

plus homogène et la moins décomposée qui soit.<br />

2.2.2. Le refus des théories de la préformation : l’idée est imman<strong>en</strong>te au phénomène<br />

Goethe ne peut absolum<strong>en</strong>t pas faire si<strong>en</strong>ne la sci<strong>en</strong>ce quantitative de Newton. La problématique est, <strong>en</strong> fait,<br />

similaire à la polémique générée par la théorie de Hal<strong>le</strong>r 141 et plus globa<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à cel<strong>le</strong> qui vit s’opposer, à la<br />

fin du XVIII ème sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s partisans de l’épig<strong>en</strong>èse aux t<strong>en</strong>ants de la préformation. Hal<strong>le</strong>r concevait <strong>en</strong><br />

botanique que l'organisme adulte était déjà cont<strong>en</strong>u avec toutes ses parties dans <strong>le</strong> germe, comme si la graine<br />

cont<strong>en</strong>ait déjà une plante <strong>en</strong> miniature. Selon Goethe, <strong>le</strong>s newtoni<strong>en</strong>s procèd<strong>en</strong>t de même : <strong>en</strong> affirmant que<br />

<strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs que la lumière blanche fait apparaître dans certaines conditions y serai<strong>en</strong>t déjà « physiquem<strong>en</strong>t »<br />

<strong>en</strong>fermées, ils faisai<strong>en</strong>t reposer <strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> sur une hypothèse étrangère aux s<strong>en</strong>s. Les cou<strong>le</strong>urs sont pour<br />

Goethe des formations nouvel<strong>le</strong>s nées de la lumière et de l’ombre, et non des composantes de la lumière<br />

blanche. De son point de vue, la p<strong>en</strong>sée newtoni<strong>en</strong>ne ignore l'ess<strong>en</strong>ce de «l'idée» <strong>en</strong> considérant cette<br />

dernière non pas comme un élém<strong>en</strong>t premier, mais comme un produit secondaire, issu des processus de la<br />

p<strong>en</strong>sée et coupé de la nature. Newton ne reconnaît que ce qui existe à l'état de fait, comme existe un objet<br />

140 Goethe, JW, Maximes et Réf<strong>le</strong>xions, p. 73<br />

141 Savant et écrivain suisse (1708-1777)<br />

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