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la nature, dans la Raison où, se reposant de ses œuvres périssab<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> se reconnaît et s’interprète el<strong>le</strong>-<br />

même. 172 »<br />

2.3.3. Les limites de la connaissance<br />

A la question de savoir si la connaissance de l’Absolu est possib<strong>le</strong>, Spinoza semb<strong>le</strong> répondre assez<br />

clairem<strong>en</strong>t par l’affirmative : l'homme est consci<strong>en</strong>ce et, s'il <strong>en</strong> a <strong>le</strong> désir et la volonté, il peut dev<strong>en</strong>ir<br />

connaissance et passer de la saisie imaginative du monde à la saisie rationnel de celui-ci. Goethe ne partage<br />

pas sur ce point l’optimisme du philosophe d’Amsterdam:<br />

« En fait, on ne sait que lorsqu’on sait peu ; <strong>le</strong> savoir augm<strong>en</strong>te <strong>le</strong> doute. 173 »<br />

« Le plus grand bonheur de l’homme p<strong>en</strong>sant, c’est d’avoir approfondi ce qu’on peut approfondir et<br />

de vénérer dans <strong>le</strong> calme ce que l’on ne peut approfondir. 174 »<br />

Car pour ce qui concerne la question du savoir accessib<strong>le</strong> à l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t humain, <strong>le</strong> poète semb<strong>le</strong><br />

davantage rejoindre la philosophie des stoïci<strong>en</strong>s que cel<strong>le</strong> de Spinoza. Si par sa démarche fausti<strong>en</strong>ne, Goethe<br />

invite l’individu à avancer jusqu’à la limite ultime de la connaissance accessib<strong>le</strong> à la nature humaine, il<br />

rejoint éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t cette tradition antique qui se refuse à mettre tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à nu la Nature, et que Lessing, bi<strong>en</strong><br />

qu’antérieur à l’idéalisme post-kanti<strong>en</strong> a exprimé dans cet extrait :<br />

« La va<strong>le</strong>ur de l’homme ne réside point dans la vérité qu’on possède ou prét<strong>en</strong>d posséder, mais dans<br />

l’effort sincère qu’on fournit pour l’atteindre. Car <strong>le</strong>s forces qui seu<strong>le</strong>s accroiss<strong>en</strong>t la perfectibilité humaine ne<br />

sont pas augm<strong>en</strong>tées par la possession, mais par la recherche de la vérité. Si Dieu, gardant dans sa main droite<br />

toute la vérité et ne t<strong>en</strong>dant dans sa gauche que <strong>le</strong> désir toujours ard<strong>en</strong>t de la vérité, me disait : « choisis ! » au<br />

risque de me tromper à jamais et pour l’éternité, je m’inclinerais humb<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t vers sa main gauche et dirais :<br />

« Père, donne-moi cette main-là ; la vérité absolue n’apparti<strong>en</strong>t qu’à toi 175 . »<br />

Dans la mesure où <strong>le</strong> poète amoureux des formes du monde refuse toute connaissance abstraite qui ne<br />

pourrait s’inscrire dans son approche phénoménologique, <strong>le</strong>s limites de la connaissance se dessin<strong>en</strong>t pareil<strong>le</strong>s<br />

à cel<strong>le</strong>s qu’il admet de lui-même : <strong>le</strong>s phénomènes primordiaux. Au-delà de l’horizon des Urphänom<strong>en</strong>,<br />

l’esprit et <strong>le</strong>s s<strong>en</strong>s ne peuv<strong>en</strong>t plus progresser conjointem<strong>en</strong>t. Mais comme <strong>le</strong> relève Cassirer, de la même<br />

façon que Kant n’est pas conduit au scepticisme par la reconnaissance des limites de la raison, Goethe n’est<br />

pas non plus am<strong>en</strong>é à concevoir un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t pessimiste de résignation ou une démission de la p<strong>en</strong>sée :<br />

172<br />

Schelling, L’Âme du monde, in Essais, Aubier, Paris, 1946, p. 121-122<br />

173<br />

Goethe, JW, Maximes et réf<strong>le</strong>xions p. 80<br />

174<br />

Ibid. p. 80<br />

175<br />

Lessing, GE, Eine Duplik, 1778, in Werke, tome 8, Munich, 1979, p. 32-33, cité in Hadot, Pierre, Le Voi<strong>le</strong> d’Isis , p.<br />

190<br />

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