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Nous pouvons remarquer que <strong>le</strong>s extraits cités nous font passer du pluriel au singulier, comme s’il existait un<br />

état primitif antérieur à la multitude des phénomènes primordiaux eux-mêmes. A une autre reprise Goethe<br />

précise que l’utilisation du pluriel « Idées » est inadéquate et qu’il n’existe qu’une seu<strong>le</strong> « Idée » :<br />

« L’idée est éternel<strong>le</strong> et unique ; il est donc mal v<strong>en</strong>u d’<strong>en</strong> par<strong>le</strong>r aussi au pluriel. Tout ce que nous<br />

appréh<strong>en</strong>dons et tout ce dont nous pouvons par<strong>le</strong>r ne sont que des manifestations de l’Idée ; nous énonçons des<br />

concepts et dans cette mesure l’Idée est el<strong>le</strong>-même un concept.<br />

Ce que l’on appel<strong>le</strong> Idée : ce qui toujours se manifeste et se prés<strong>en</strong>te donc à nous comme la loi de<br />

toute manifestation 56 . »<br />

L’influ<strong>en</strong>ce des écrits de Spinoza, tels que Goethe <strong>le</strong>s a compris, apparaît peut-être ici de façon diffuse : on<br />

perçoit <strong>en</strong> effet assez bi<strong>en</strong> dans sa démarche, la volonté de faire procéder tout l’univers phénoménal d’une<br />

« substance unique », de laquel<strong>le</strong> décou<strong>le</strong>rai<strong>en</strong>t des attributs spirituels (la « P<strong>en</strong>sée » au s<strong>en</strong>s spinoziste) et<br />

des attributs matériels (« l’Et<strong>en</strong>due »), <strong>le</strong> phénomène primordial permettant, au moy<strong>en</strong> d’une intuition<br />

supérieure, sorte de « connaissance du troisième type », de percevoir immédiatem<strong>en</strong>t l’unité qui lie l’idée et<br />

l’objet.<br />

La notion de phénomène primitif semb<strong>le</strong> par ail<strong>le</strong>urs étroitem<strong>en</strong>t appar<strong>en</strong>tée à cel<strong>le</strong> d’int<strong>en</strong>sification (ou<br />

Steigerung) que nous étudierons un peu plus bas : il semb<strong>le</strong> qu’aux différ<strong>en</strong>ts stades d’une évolution, <strong>le</strong>s<br />

phénomènes manifest<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong>urs formes matériel<strong>le</strong>s, avec plus ou moins d’évid<strong>en</strong>ce, une certaine idée<br />

directrice, un certain modè<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong> fruit, par exemp<strong>le</strong>, l’idée de la plante, la loi végéta<strong>le</strong>, ne se remarque<br />

que faib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. L’idée et la perception, ne se recouvr<strong>en</strong>t pas. En revanche :<br />

« Au cours de la floraison, la loi de la vie végéta<strong>le</strong> apparaît dans sa manifestation suprême et la rose<br />

serait alors du même coup <strong>le</strong> sommet de cette manifestation 57 . »<br />

Par « int<strong>en</strong>sification », Goethe <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d donc signifier que la nature cherche à créer des formes qui, <strong>en</strong><br />

progression asc<strong>en</strong>dante et continue, manifest<strong>en</strong>t toujours plus s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s idées des choses. Il faut<br />

souligner que <strong>le</strong> poète ne semb<strong>le</strong> jamais établir de dualisme <strong>en</strong>tre <strong>le</strong> monde des idées et celui des formes<br />

manifestées : il ne conçoit pas <strong>le</strong>s idées hors de la perception ; il n’imagine pas un monde idéel qui ne<br />

pénètrerait pas <strong>le</strong>s phénomènes, <strong>le</strong>s minéraux et <strong>le</strong>s organismes de la nature, qui n’<strong>en</strong> causerait pas la<br />

naissance, <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t et la disparition. Nous avons déjà m<strong>en</strong>tionné la méfiance qu’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t Goethe à<br />

l’égard de la métaphysique, du christianisme et des philosophies à son goût insuffisamm<strong>en</strong>t ancrées dans la<br />

réalité – tel<strong>le</strong>s cel<strong>le</strong> de Hegel, pour n’<strong>en</strong> citer qu’une. Nous pouvons nous <strong>en</strong> convaincre davantage <strong>en</strong><br />

56 Goethe, JW, Maximes et réf<strong>le</strong>xions, p. 116<br />

57 Goethe, JW, Maximes et réf<strong>le</strong>xions, p. 84<br />

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