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« Il est plus commode et plus faci<strong>le</strong> d’observer et d’apprécier la nature que l’art ; <strong>le</strong> plus humb<strong>le</strong><br />
produit de la nature a <strong>en</strong> lui la totalité de sa perfection et je n’ai besoin que d’avoir des yeux pour voir ; je peux<br />
alors découvrir <strong>le</strong>s relations, je suis sûr qu’à l’intérieur d’un petit cerc<strong>le</strong> toute une exist<strong>en</strong>ce véritab<strong>le</strong> est<br />
<strong>en</strong>serrée.<br />
Une œuvre d’art, à l’inverse, a sa perfection <strong>en</strong> dehors d’el<strong>le</strong>, <strong>le</strong> « meil<strong>le</strong>ur » se trouve dans l’idée de<br />
l’artiste, qu’il atteint rarem<strong>en</strong>t ou jamais, [et] dans certaines lois admises qui décou<strong>le</strong>nt certes de la nature de<br />
l’art et du métier, mais qui ne sont pas aussi faci<strong>le</strong> à compr<strong>en</strong>dre et à déchiffrer que <strong>le</strong>s lois de la nature<br />
vivante. Il y a beaucoup de tradition dans <strong>le</strong>s œuvres d’art, tandis que <strong>le</strong>s œuvres de la nature sont toujours<br />
comme la paro<strong>le</strong> que Dieu vi<strong>en</strong>t de prononcer 181 . »<br />
L’art des hommes et celui de la nature semb<strong>le</strong>nt avoir une commune origine pour Goethe ; ils jailliss<strong>en</strong>t<br />
d’une même énergie divine, d’une même « paro<strong>le</strong> », dont <strong>le</strong>s phénomènes naturels sont la manifestation la<br />
plus immédiate.<br />
« Le Beau nécessite une loi sui se manifeste dans l’appar<strong>en</strong>ce.<br />
Exemp<strong>le</strong> de la rose<br />
Au cours de la floraison, la loi de la vie végéta<strong>le</strong> apparaît dans sa manifestation suprême et la rose<br />
serait alors du même coup <strong>le</strong> sommet de cette manifestation.<br />
la loi pure) »<br />
Les péricarpes peuv<strong>en</strong>t avoir <strong>en</strong>core quelque beauté.<br />
Le fruit ne pourra jamais être beau ; ca à ce stade la loi de la vie végéta<strong>le</strong> se replie sur el<strong>le</strong>-même (sur<br />
« Lorsque la loi se manifeste dans sa plus grande liberté et selon ses conditions propres, el<strong>le</strong> produit <strong>le</strong><br />
Beau objectif qui nécessite toutefois des sujets dignes de l’appréh<strong>en</strong>der 182 »<br />
Mais Goethe même s’il concevait <strong>le</strong>s diverses manifestations de la nature comme liées, n’a jamais prét<strong>en</strong>du<br />
<strong>le</strong>s ram<strong>en</strong>er à une seu<strong>le</strong> théorie abstraite : il cherchait simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à déce<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s expressions particulières dans<br />
chaque domaine de ce qu’il nommait l’Idée, tout <strong>en</strong> conservant une soup<strong>le</strong>sse d’esprit similaire à cel<strong>le</strong> de la<br />
nature avec laquel<strong>le</strong> il souhaitait communier. Nous avons déjà cité dans notre introduction la profession de<br />
foi de Goethe à Jacobi où il énonce, <strong>le</strong> 6 janvier 1813 :<br />
« Quant à moi <strong>le</strong>s t<strong>en</strong>dances si multip<strong>le</strong>s de mon être ne me permett<strong>en</strong>t pas de m’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir à une vue<br />
unique des choses ; comme poète et comme artiste, je suis polythéiste ; je suis panthéiste au contraire comme<br />
naturaliste et l’un aussi nettem<strong>en</strong>t que l’autre. Si j’ai besoin d’un Dieu pour ma personnalité comme homme<br />
181 Goethe, JW, Goethes Briefe und Briefe an Goethe, Hambuger Ausgabe, 2, Munich, 1976, p. 31 cité in Lacoste, Jean,<br />
Goethe, sci<strong>en</strong>ce et philosophie, p. 7<br />
182 Goethe, JW, Maximes et réf<strong>le</strong>xions, p. 84<br />
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