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dossier sur le tourisme et le développement durable

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Tourisme, culture <strong>et</strong> société<br />

Tourisme, culture <strong>et</strong> société<br />

1. Le <strong>tourisme</strong> comme vecteur de changement culturel<br />

1.1. La transformation des sociétés méditerranéennes par <strong>le</strong> <strong>tourisme</strong><br />

Le <strong>tourisme</strong> est un puissant agent de transformation socia<strong>le</strong>. Il constitue une des principa<strong>le</strong>s<br />

occasions de rencontres entre cultures, rencontres qui s’accompagnent de phénomènes<br />

d’acculturation, de modernisation, de transfert de pratiques (par exemp<strong>le</strong>, la pratique des<br />

bains de mer). Idéa<strong>le</strong>ment, il peut être un facteur d’ouverture, de mise en va<strong>le</strong>ur des cultures<br />

loca<strong>le</strong>s <strong>et</strong> d’amélioration des conditions de vie des sociétés loca<strong>le</strong>s (créations<br />

d’infrastructures de transports, amélioration des services col<strong>le</strong>ctifs <strong>et</strong> du cadre de vie,<br />

animation des zones rura<strong>le</strong>s…). Cependant, même dans <strong>le</strong>s régions méditerranéennes où<br />

l’activité touristique est aujourd’hui la plus développée (par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s destinations matures<br />

de la Côte d’Azur ou de la Costa del Sol), cel<strong>le</strong>-ci a généra<strong>le</strong>ment entraîné l’irruption d’un<br />

mode de vie urbanisé dans des sociétés rura<strong>le</strong>s délaissées ou éloignées des grands centres<br />

urbains. Ainsi, des villages de pêcheurs ont été transformés en quelques années en de<br />

véritab<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s touristiques (Cadaquès, Bénidorm, Saint Tropez…). C<strong>et</strong>te introduction de<br />

modes de vie nouveaux constitue un choc d’autant plus important que <strong>le</strong> <strong>tourisme</strong> s’inscrit<br />

dans des cultures méditerranéennes très spécifiques, dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s dominent encore <strong>le</strong>s<br />

traditions, <strong>le</strong>s repères de la famil<strong>le</strong> <strong>et</strong> du clan, <strong>le</strong>s conventions religieuses. Loca<strong>le</strong>ment, ces<br />

impacts du <strong>tourisme</strong> <strong>sur</strong> la société <strong>et</strong> la culture sont souvent plus perceptib<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s<br />

populations autochtones que <strong>le</strong>s impacts environnementaux.<br />

C<strong>et</strong>te relation entre touristes <strong>et</strong> population est très variab<strong>le</strong> selon <strong>le</strong>s destinations. El<strong>le</strong> peut<br />

être influencée loca<strong>le</strong>ment par un ensemb<strong>le</strong> de facteurs. Le rythme des changements, par<br />

exemp<strong>le</strong>, conditionne la vitesse d’assimilation d’une « culture touristique » dans <strong>le</strong>s<br />

destinations. La résolution des tensions provoquées par <strong>le</strong> <strong>tourisme</strong> <strong>et</strong> la recherche de<br />

nouveaux équilibres sociaux demande du temps, pendant <strong>le</strong>quel c<strong>et</strong>te culture touristique est<br />

intégrée par la culture loca<strong>le</strong> préexistante (généra<strong>le</strong>ment basée <strong>sur</strong> l’agriculture, la pêche ou<br />

l’artisanat). De nouvel<strong>le</strong>s catégories d’entrepreneurs touristiques apparaissent, de nouvel<strong>le</strong>s<br />

alliances se forment, qui perm<strong>et</strong>tent au <strong>tourisme</strong> d’être accepté <strong>et</strong> géré. Ces mêmes sociétés<br />

loca<strong>le</strong>s ont parfois été « créées » par <strong>le</strong> <strong>tourisme</strong>, dans des régions antérieurement peu<br />

peuplées (la Côte d’Azur par exemp<strong>le</strong>). L’impact culturel effectif du <strong>tourisme</strong> dépend donc<br />

beaucoup de la capacité des sociétés loca<strong>le</strong>s à s’organiser pour <strong>le</strong> maîtriser au lieu de <strong>le</strong><br />

subir. Ce processus de <strong>développement</strong> touristique s’est déroulé <strong>sur</strong> plusieurs dizaines<br />

d’années dans <strong>le</strong>s destinations matures alors qu’il est beaucoup plus rapide dans <strong>le</strong>s<br />

destinations en p<strong>le</strong>in <strong>développement</strong> comme la Turquie, Chypre ou la Tunisie. Les logiques<br />

extérieures introduites très rapidement dans des communautés loca<strong>le</strong>s peu préparées sont<br />

parfois diffici<strong>le</strong>s à accepter.<br />

La différence de niveau de vie entre touristes <strong>et</strong> population loca<strong>le</strong> est un autre facteur<br />

influant <strong>sur</strong> la relation touristes-populations autochtones. Grâce au <strong>tourisme</strong>, la population<br />

des Baléares a, par exemp<strong>le</strong>, accédé au revenu par habitant <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé d’Espagne<br />

(parfois supérieur à celui des touristes). Le rapport de force (en terme de pouvoir d’achat, de<br />

contrô<strong>le</strong> du foncier <strong>et</strong> des entreprises touristiques) en est d’une certaine façon inversé par<br />

rapport à ce que l’on observe généra<strong>le</strong>ment. D’ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> <strong>tourisme</strong> sera mieux accepté si la<br />

population reçoit <strong>le</strong>s bénéfices de c<strong>et</strong>te activité <strong>et</strong> perçoit <strong>le</strong>s avantages de son<br />

<strong>développement</strong> dans la vie quotidienne.<br />

L’importance des phénomènes de « para-<strong>tourisme</strong> » n’est pas négligeab<strong>le</strong>. Les touristes ne<br />

font que passer, mais <strong>le</strong>s résidences secondaires – parfois suivies d’installation en résidence<br />

principa<strong>le</strong> – témoignent d’une occupation plus permanente de l’espace. Des r<strong>et</strong>raités ou des<br />

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