Le cancer, un fardeau mondial - IARC
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<strong>Le</strong> nombre de nouveaux cas de <strong>cancer</strong> du<br />
larynx survenant dans le monde s’élève à<br />
environ 160 000, soit environ 2 % du nombre<br />
total de <strong>cancer</strong>s dans le monde, ce qui<br />
place ce <strong>cancer</strong> au 18 e rang des <strong>cancer</strong>s<br />
les plus fréquents. La maladie est nettement<br />
plus fréquente chez l’homme que<br />
chez la femme (ratio homme/femme de 12/1<br />
dans les pays en développement et de 6/1<br />
dans les pays développés). On observe <strong>un</strong>e<br />
grande variabilité géographique en<br />
matière de fréquence de la maladie, les<br />
pays à risque élevé étant situés dans le<br />
Sud de l’Europe (France, Italie, Espagne),<br />
en Europe de l’Est (Russie, Ukraine), en<br />
Amérique du Sud (Uruguay, Argentine) et<br />
en Asie occidentale (Turquie, Irak) (Fig.<br />
5.89). La mortalité par <strong>cancer</strong> du larynx<br />
est mal connue puisque les décès par <strong>cancer</strong><br />
de l'hypopharynx sont souvent identifiés<br />
à tort comme décès par <strong>cancer</strong> du larynx.<br />
<strong>Le</strong>s carcinomes des glandes salivaires et<br />
du rhino-pharynx se distinguent des <strong>cancer</strong>s<br />
de la tête et du cou en d’autres sites, de<br />
par leur épidémiologie et leur étiologie. <strong>Le</strong><br />
<strong>cancer</strong> du rhinopharynx est relativement<br />
rare à l’échelle <strong>mondial</strong>e (65 000 nouveaux<br />
cas par an, ou 0,6 % de tous les <strong>cancer</strong>s),<br />
mais sa distribution géographique<br />
est très distincte. <strong>Le</strong>s taux d’incidence<br />
standardisés sur l’âge sont élevés pour les<br />
populations vivant dans le Sud de la Chine<br />
ou originaires de cette région, alors que<br />
les taux sont relativement modérés pour<br />
les populations du reste de la Chine,<br />
d'Asie du Sud-Est, d'Afrique du Nord et les<br />
Inuits (Eskimos) du Canada et de l’Alaska<br />
(Fig. 5.90). <strong>Le</strong>s hommes sont plus souvent<br />
touchés que les femmes (ratio<br />
homme/femme de 2 à 3/1) et, dans la<br />
plupart des populations, on observe <strong>un</strong>e<br />
augmentation progressive du risque avec<br />
l’âge. Cependant, parmi les populations à<br />
risque modéré, et notamment en Afrique<br />
du Nord, on observe <strong>un</strong> pic de l'incidence<br />
à l'adolescence. Il semble y avoir eu <strong>un</strong>e<br />
diminution de l'incidence avec le temps<br />
dans certaines populations à haut risque<br />
(par exemple Hong-Kong).<br />
Etiologie<br />
<strong>Le</strong> tabagisme et l’alcoolisme constituent les<br />
principaux facteurs de risque de <strong>cancer</strong> de<br />
Fig. 5.89 Incidence <strong>mondial</strong>e du <strong>cancer</strong> du larynx chez l’homme. <strong>Le</strong>s pays à haut risque sont situés en<br />
Europe du Sud et de l’Est, en Amérique latine et en Asie occidentale.<br />
la tête et du cou dans les pays développés,<br />
aux Caraïbes et dans les pays d’Amérique<br />
du Sud [1-3]. On considère que le tabagisme<br />
serait responsable d’environ 41 % des<br />
<strong>cancer</strong>s du larynx et de la bouche/du pharynx<br />
chez l'homme et de 15 % de ces <strong>cancer</strong>s<br />
chez la femme, partout dans le monde. Ces<br />
proportions varient selon les différentes<br />
populations. On a aussi découvert que le<br />
tabagisme est <strong>un</strong> facteur de risque important<br />
du <strong>cancer</strong> du rhino-pharynx dans des<br />
populations par ailleurs à faible risque. Il a<br />
été démontré que ces facteurs de risque<br />
ont <strong>un</strong> effet "multiplicateur" ou synergique<br />
pour les <strong>cancer</strong>s du larynx et pour les <strong>cancer</strong>s<br />
oro-pharyngés.<br />
Dans le sous-continent indien, la consommation<br />
de tabac sous forme de chique de<br />
bétel (combinaison de feuille de bétel, de<br />
chaux éteinte, de noix d’arec et de tabac,<br />
avec ou sans autres condiments), de bidis<br />
(cigarette locale roulée à la main de feuille<br />
séchée de temburni contenant du tabac<br />
grossier) et de boissons alcoolisées brutes<br />
brassées sur place, constituent les principaux<br />
facteurs étiologiques. <strong>Le</strong> rôle de la<br />
chique de bétel sans tabac n'est pas clair,<br />
bien qu'<strong>un</strong>e récente étude cas-témoins<br />
menée au Pakistan ait rapporté <strong>un</strong> risque<br />
< 2.4 < 3.7 < 5.8 < 8.5 < 20.1<br />
Incidence standardisée sur l’âge/100 000 habitants<br />
élevé de <strong>cancer</strong> de la bouche [4]. La pratique<br />
de fumer à l’envers (qui consiste à<br />
placer dans la bouche l’extrémité incandescente<br />
de la cigarette pour ressentir <strong>un</strong>e<br />
chaleur intense) est <strong>un</strong> facteur de risque<br />
de <strong>cancer</strong> de la voûte palatine. <strong>Le</strong> tabac à<br />
priser est <strong>un</strong> nouveau facteur de risque de<br />
<strong>cancer</strong> de la bouche, en particulier chez<br />
l’homme je<strong>un</strong>e aux Etats-Unis.<br />
Une alimentation généralement insuffisante,<br />
particulièrement si elle est pauvre<br />
en légumes et en fruits, constitue <strong>un</strong> autre<br />
facteur de risque du <strong>cancer</strong> de la bouche<br />
[5]. De même, des études indiquent l’existence<br />
d’<strong>un</strong> effet protecteur d’<strong>un</strong>e alimentation<br />
riche en légumes et en fruits (réduction<br />
du risque de 20 à 60 %). Une consommation<br />
importante de poissons et de<br />
viandes salées et la libération de<br />
nitrosamines lors de la cuisson de ces aliments<br />
ont été liées au <strong>cancer</strong> du rhinopharynx<br />
dans les régions endémiques.<br />
L’infection orale par le virus du papillome<br />
humain (VPH) (transmission sexuelle ou<br />
périnatale) est associée à <strong>un</strong> risque accru<br />
de développement de carcinome épidermoïde<br />
de la tête et du cou [6]. <strong>Le</strong>s estimations<br />
globales de la prévalence du VPH<br />
dans le carcinome épidermoïde de la tête<br />
<strong>Le</strong>s <strong>cancer</strong>s de la tête et du cou 237