Le cancer, un fardeau mondial - IARC
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P1<br />
Exon 1 β<br />
Fig. 3.23 Généralement, <strong>un</strong> seul segment d’ADN code pour <strong>un</strong>e seule protéine. Cependant, les protéines<br />
p16 et p14 ARF sont toutes deux codées par <strong>un</strong>e seule région d’ADN. P = promoteur<br />
P2<br />
Exon 1 α Exon 2 Exon 3<br />
Gène<br />
CDKN2A/<br />
INK4A<br />
p16 INK4A<br />
Inhibiteur des<br />
complexes<br />
cyclines D/CDK4<br />
p14 ARF<br />
Inhibiteur de la<br />
formation de<br />
complexes p53-Mdm2<br />
mode d'inactivation dans les <strong>cancer</strong>s<br />
humains. Alors que la plupart des suppresseurs<br />
de tumeur sont modifiés par la<br />
perte d'allèles ou par des altérations ou<br />
insertions par délétion, p53 est généralement<br />
la cible de mutations ponctuelles<br />
dans la partie du gène qui code pour le<br />
domaine de liaison de la protéine p53 à<br />
l'ADN (fig. 3.22). Ces mutations<br />
empêchent le pliage correct de ce domaine<br />
protéique, et par conséquent perturbent<br />
les interactions de p53 avec ses cibles<br />
d'ADN spécifiques. Cependant, les protéines<br />
mutantes sont souvent extrêmement stables<br />
et s’accumulent par conséquent à des taux<br />
élevés dans le noyau des cellules cancéreuses.<br />
Il est souvent possible de détecter<br />
l'accumulation de cette protéine par<br />
imm<strong>un</strong>ohistochimie dans les tumeurs primitives<br />
ainsi que dans les métastases distantes.<br />
Même si toutes les mutations n'entraînent<br />
pas l'accumulation de la protéine,<br />
l'accumulation de p53 offre aux pathologistes<br />
<strong>un</strong> outil commode pour l'évaluation<br />
d’<strong>un</strong> éventuel dysfonctionnement de p53<br />
dans les échantillons tumoraux [21].<br />
La mutation n'est pas la seule manière<br />
d'altérer la protéine p53 lors du <strong>cancer</strong>.<br />
Dans les <strong>cancer</strong>s du col de l’utérus, les<br />
mutations du gène p53 ne sont pas<br />
fréquentes, mais la protéine est inactivée<br />
par liaison avec la protéine virale E6 produite<br />
par le VPH. Cette protéine crée <strong>un</strong><br />
pont moléculaire entre p53 et le mécanisme<br />
de dégradation protéique, résultant<br />
en <strong>un</strong>e dégradation rapide et en <strong>un</strong>e élimination<br />
efficace de la protéine p53. Cette<br />
interaction joue <strong>un</strong> rôle important dans les<br />
<strong>cancer</strong>s du col de l'utérus (Cancers de<br />
l'appareil génital féminin, p. 218). Dans les<br />
cellules normales, la dégradation de p53<br />
est régulée par la protéine Mdm2. Mdm2<br />
(‘murine double minute gene 2’) fut identifiée<br />
à l’origine chez la souris comme le produit<br />
d'<strong>un</strong> gène amplifié dans des fragments<br />
de chromosomes aberrants dénommés<br />
‘chromosomes minuscules doubles’.<br />
L’amplification de MDM2 est courante dans<br />
les ostéosarcomes et parfois détectée dans<br />
d'autres <strong>cancer</strong>s, tels que les carcinomes ou<br />
les tumeurs cérébrales. MDM2 se comporte<br />
aussi comme <strong>un</strong> oncogène, étant donné que<br />
son amplification entraîne l'inactivation d'<strong>un</strong><br />
gène suppresseur de tumeur [22].<br />
<strong>Le</strong> gène p53 (et son produit) est <strong>un</strong> des<br />
gènes les plus étudiés en cancérologie<br />
humaine. Au cours des 20 années qui ont<br />
suivi sa découverte en 1979, plus de 15000<br />
publications ont été consacrées à sa structure,<br />
sa fonction et son altération dans les<br />
<strong>cancer</strong>s. Plusieurs tentatives visant à<br />
exploiter ces connaissances dans la mise<br />
au point de nouvelles thérapies basées sur<br />
le contrôle de l'activité de p53 dans les cellules<br />
cancéreuses ont été faites. La<br />
thérapie génique expérimentale a révélé<br />
qu'il était possible de restaurer la fonction<br />
de p53 dans les cellules qui avaient perdu<br />
le gène. Plus récemment, des médicaments<br />
destinés à cibler spécifiquement et à<br />
restaurer la fonction de p53 mutant ont<br />
permis d'obtenir des résultats prometteurs<br />
dans des systèmes expérimentaux. Alors<br />
DENOMINATION DES GENES ET DES<br />
PROTEINES<br />
Un gène (c'est-à-dire <strong>un</strong> segment spécifique<br />
d'ADN) est conventionnellement identifié<br />
par <strong>un</strong> nom <strong>un</strong>ique, en majuscules et<br />
en italique (par exemple, l'oncogène RAS),<br />
qui indique le caractère ou la fonction de la<br />
protéine codée, laquelle est désignée par le<br />
même nom, en minuscules (ras dans le cas<br />
du présent exemple). <strong>Le</strong>s protéines sont<br />
aussi nommées par référence à leur poids<br />
moléculaire, avec le gène correspondant en<br />
exposant (par exemple, p21 WAF1 ). <strong>Le</strong>s<br />
noms des gènes sont souvent des sigles.<br />
Ils sont généralement baptisés par leur<br />
découvreur. L'identification d'<strong>un</strong> nouveau<br />
gène est souvent suivie de la découverte de<br />
gènes structurellement apparentés ou<br />
‘homologues’ (et des protéines correspondantes)<br />
et il est possible de leur donner des<br />
noms proches de celui du premier membre<br />
de la "famille" identifiée. Une telle approche<br />
de la nomenclature peut ne pas être<br />
adéquate, par exemple, dans les cas où <strong>un</strong><br />
seul segment d'ADN code pour de multiples<br />
protéines par épissage alternatif de l'ARN<br />
messager. Il est possible que les mêmes<br />
gènes ou les mêmes protéines reçoivent <strong>un</strong>e<br />
multitude de noms, en raison de leur découverte<br />
simultanée et indépendante par différents<br />
chercheurs. Ainsi, l'inhibiteur de la<br />
kinase cycline-dépendante WAF1 est aussi<br />
connu comme CDKN1A, CAP20, MDA-6, PIC-<br />
1 et SDI-1. Dans la littérature scientifique,<br />
tous les noms sont donnés à la première<br />
apparition, puis <strong>un</strong> seul nom est utilisé de<br />
manière cohérente dans le reste du document.<br />
<strong>Le</strong>s dernières estimations du projet du<br />
Génome Humain suggèrent qu'il y aurait<br />
environ 30 000 gènes chez l’homme.<br />
<strong>Le</strong>s conventions de dénomination des<br />
gènes et des protéines font l’objet d'accords<br />
internationaux et sont continuellement<br />
soumises à des révisions (HUGO<br />
Gene Nomenclature Committee, http://<br />
www.gene. ucl.ac.uk/nomenclature/).<br />
102 Mécanismes du développement tumoral