Le cancer, un fardeau mondial - IARC
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famille à haut risque pour laquelle l’anomalie<br />
héréditaire n’a pas été décelée, le<br />
risque de <strong>cancer</strong> peut quand même rester<br />
élevé à cause d’<strong>un</strong>e mutation non décelée<br />
dans le gène ou dans <strong>un</strong> autre gène. A l’inverse,<br />
si l’anomalie génétique responsable<br />
du <strong>cancer</strong> dans <strong>un</strong>e famille prédisposée est<br />
identifiée, tout membre de la famille ayant<br />
été identifié comme non-porteur de cette<br />
anomalie aura <strong>un</strong> risque identique à celui de<br />
la population normale, risque qui peut être<br />
très faible pour le rétinoblastome, mais<br />
atteindre près de 1 sur 11 pour le <strong>cancer</strong> du<br />
sein [9]. Cependant, même quand <strong>un</strong> individu<br />
est identifié comme porteur d’<strong>un</strong>e<br />
mutation délétère connue, avec <strong>un</strong> risque<br />
de <strong>cancer</strong> élevé sur la vie entière, les stratégies<br />
d’intervention peuvent se révéler limitées.<br />
<strong>Le</strong>s conséquences psychologiques et<br />
sociales des tests génétiques pour les<br />
pathologies d’apparition tardive, dont le<br />
<strong>cancer</strong> du sein et le <strong>cancer</strong> du côlon, font<br />
aujourd’hui l’objet d’études. <strong>Le</strong>s membres<br />
de la famille, identifiés comme étant<br />
porteurs d’<strong>un</strong>e mutation prédisposant à la<br />
maladie, sont plus susceptibles de souffrir<br />
d’anxiété et de dépression en raison de<br />
cette révélation, et les parents peuvent<br />
éprouver de la culpabilité à avoir transmis la<br />
mutation à leurs enfants. Même les individus<br />
déclarés non-porteurs de la mutation<br />
présente dans le reste de leur famille<br />
peuvent souffrir occasionnellement de<br />
conséquences psychologiques secondaires<br />
du fait d’avoir été épargnés.<br />
<strong>Le</strong>s interactions gènes-environnement<br />
Des informations récentes indiquent que<br />
certains facteurs environnementaux<br />
présentent <strong>un</strong> danger particulier pour les<br />
individus qui sont affectés par <strong>un</strong> risque<br />
héreditaire très élevé de <strong>cancer</strong>. <strong>Le</strong> risque<br />
de <strong>cancer</strong> du sein chez les femmes<br />
porteuses des mutations BRCA1 est par<br />
exemple influencé par certains facteurs<br />
environnementaux, ce qui indique que de<br />
telles tumeurs sont sujettes à <strong>un</strong>e influence<br />
hormonale, comme le sont les <strong>cancer</strong>s du<br />
sein sporadiques [10,11].<br />
<strong>Le</strong> rôle des gènes connus pour engendrer<br />
des risques de <strong>cancer</strong> élevés ne suffit pas à<br />
expliquer l’ensemble du risque familial pour<br />
les <strong>cancer</strong>s concernés, et il est probable<br />
que d’autres locus soient impliqués, mais<br />
qu’ils n’engendrent pas individuellement de<br />
caractère familial détectable. Il sera difficile,<br />
voire impossible de détecter ces locus,<br />
qui peuvent être associés à <strong>un</strong> risque de<br />
<strong>cancer</strong> double ou triple de la normale (parfois<br />
moins), à l’aide des études de liaison<br />
menées dans les familles à haut risque. En<br />
revanche, ce sera plus facile à l’aide<br />
d’études cas-témoins familiales ou menées<br />
au sein de la population. Une autre<br />
approche consisterait à se concentrer sur le<br />
fait que, pour toute exposition environnementale<br />
donnée, des différences<br />
individuelles dans la prédisposition peuvent<br />
avoir <strong>un</strong>e origine génétique. La connaissance<br />
du polymorphisme génétique<br />
spécifique engendrant cette prédisposition<br />
pourrait améliorer la détection et la caractérisation<br />
des facteurs de risques environnementaux<br />
par le biais d’<strong>un</strong>e stratification<br />
de l’échantillon selon la constitution<br />
génétique sous-jacente. De même, certains<br />
facteurs environnementaux peuvent être<br />
associés au <strong>cancer</strong> (comme le tabagisme<br />
pour le <strong>cancer</strong> de la vessie) chez tout<br />
individu, mais avec des conséquences<br />
beaucoup plus importantes chez les<br />
individus qui ont <strong>un</strong>e capacité moindre à<br />
métaboliser les cancérogènes en question<br />
(par exemple les acétylateurs lents de la<br />
N-acétyltransférase-2, NAT2 [7] ou les<br />
individus nullizygotes pour la glutathion<br />
S-transférase, GSTM1 [12]). Deux enzymes<br />
cytochromes P450, la CYP2D6 et la CY2A6,<br />
sont associées au métabolisme de la nicotine<br />
[13,14]. <strong>Le</strong>s personnes avec des<br />
déficits génétiques de ces enzymes fument<br />
<strong>un</strong> nombre de cigarettes moins élevé, et<br />
peuvent s’arrêter de fumer plus facilement<br />
que les individus dont les enzymes ont <strong>un</strong>e<br />
activité normale. <strong>Le</strong>s médicaments<br />
réduisant l’activité de ces enzymes<br />
réduisent ainsi le besoin de cigarettes des<br />
fumeurs [15].<br />
<strong>Le</strong>s gènes relatifs à cette question peuvent<br />
être associés à <strong>un</strong> <strong>cancer</strong> particulier ou à<br />
des processus physiologiques ou cellulaires<br />
élémentaires, ils englobent:<br />
Risque cumulé de <strong>cancer</strong> du sein<br />
Population féminine générale<br />
Femme portant le gène muté BRCA1<br />
Age (années)<br />
Fig. 2.69 <strong>Le</strong>s femmes porteuses d’<strong>un</strong>e mutation<br />
héréditaire du gène BRCA1 ont <strong>un</strong> risque beaucoup<br />
plus important de développer <strong>un</strong> <strong>cancer</strong> du sein.<br />
- les gènes codant pour les enzymes<br />
impliquées dans le métabolisme et la<br />
détoxication de cancérogènes dont les<br />
familles du cytochrome P450 [16] et de la<br />
glutathion S-transférase (GST) [17] ;<br />
- les gènes impliqués dans la réparation des<br />
lésions de l’ADN ;<br />
- les gènes liés à la croissance et à la<br />
différenciation cellulaire ou aux voies des<br />
hormones stéroïdes ;<br />
- les gènes connus pour conférer <strong>un</strong> risque<br />
élevé, comme le p16 INKA4 , le BRCA1 ou le<br />
MLH1.<br />
Il reste à espérer qu’<strong>un</strong>e approche plus<br />
<strong>un</strong>ifiée de l’épidémiologie et de la génétique<br />
du <strong>cancer</strong> identifiera les combinaisons de<br />
prédisposition génétique et d’expositions<br />
environnementales entraînant <strong>un</strong>e augmentation<br />
importante du risque de <strong>cancer</strong> au<br />
niveau de l’individu et de la population. Cela<br />
pourrait en retour engendrer <strong>un</strong>e réduction<br />
du <strong>fardeau</strong> que constitue le <strong>cancer</strong>, en<br />
modifiant les modes de vie et en évitant les<br />
expositions spécifiques chez les individus<br />
génétiquement prédisposés.<br />
<strong>Le</strong>s prédispositions génétiques<br />
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