Le cancer, un fardeau mondial - IARC
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SURPOIDS, OBESITE ET<br />
ACTIVITE PHYSIQUE<br />
L’indice de masse corporelle (IMC) est la<br />
mesure la plus utile de la masse corporelle.<br />
On le calcule en divisant le poids<br />
corporel exprimé en kilogrammes par le<br />
carré de la taille exprimé en mètres carrés.<br />
<strong>Le</strong>s valeurs normales vont de 18,5 à<br />
25 ; le surpoids correspond à <strong>un</strong> IMC >25,<br />
et l’obésité à <strong>un</strong>e valeur supérieur à 30.<br />
Dans de nombreux pays développés, près<br />
de la moitié de la population adulte peut<br />
être en surpoids et plus de 25% obèse.<br />
Des études épidémiologiques ont montré<br />
qu’<strong>un</strong> excès de masse corporelle est<br />
associé à <strong>un</strong> risque de <strong>cancer</strong> accru.<br />
C’est avec le <strong>cancer</strong> de l’endomètre qu’on<br />
observe l’association la plus importante et<br />
la plus concordante entre masse corporelle<br />
et <strong>cancer</strong> : le risque est 2 à 6 fois<br />
plus élevé chez les femmes obèses par<br />
rapport aux femmes minces, à la fois<br />
avant et après la ménopause. Une des<br />
explications biologiques de cette association<br />
est la richesse du tissu adipeux en<br />
aromatase, qui transforme l’androstènedione<br />
en œstrone, augmentant ainsi la<br />
stimulation œstrogénique de la muqueuse<br />
endométriale. Plusieurs études ont<br />
observé les marqueurs de la distribution<br />
adipeuse tels que le ratio taille-hanche ou le<br />
ratio des plis cutanés sous-scapulaires, par<br />
rapport au risque de <strong>cancer</strong> de l’endomètre.<br />
Certaines études ont observé <strong>un</strong> risque<br />
accru pour les marqueurs de l’obésité<br />
abdominale ou androïde (ratio taille-hanche<br />
ou ratio des plis cutanés sous-scapulaires<br />
élevé) après ajustement sur l’IMC, mais<br />
d’autres études n’ont pas obtenu les mêmes<br />
conclusions.<br />
<strong>Le</strong> rapport entre l’IMC et le <strong>cancer</strong> du sein<br />
est encore plus complexe. La majorité des<br />
études prospectives et cas-témoins ont<br />
observé qu’<strong>un</strong> indice élevé augmentait le<br />
risque de <strong>cancer</strong> du sein chez la femme<br />
ménopausée, alors qu’il le réduisait chez la<br />
femme non ménopausée. Une explication<br />
possible à cet apparent paradoxe pourrait<br />
être lié au fait que les cycles anovulatoires,<br />
et les cycles ovulatoires moins nombreux<br />
(déterminés par la grossesse et l’allaitement)<br />
sont généralement associés à <strong>un</strong><br />
risque de <strong>cancer</strong> du sein plus faible. Après la<br />
ménopause, l’obésité peut jouer <strong>un</strong> rôle dans<br />
le <strong>cancer</strong> de l’endomètre en facilitant la production<br />
périphérique (par opposition à la<br />
production gonadique et adrénale) d’œstrogènes.<br />
Fig. 2.59 Un exercice physique régulier semble être<br />
corrélé avec <strong>un</strong>e diminution du risque de <strong>cancer</strong>.<br />
De plus en plus d’indications suggèrent que<br />
les facteurs métaboliques liés au régime<br />
alimentaire, au statut nutritionnel, à l’anthropométrie<br />
et à l’activité physique ont<br />
<strong>un</strong>e influence sur le développement et la<br />
manifestation clinique de diverses formes<br />
de <strong>cancer</strong> (Weight Control and Physical<br />
Activity, <strong>IARC</strong> Handbooks of Cancer Prevention,<br />
Vol. 6, 2001). Des études épidémiologiques<br />
laissent penser que certains<br />
schémas alimentaires différents sont spécifiquement<br />
liés à <strong>un</strong> risque accru de<br />
types de <strong>cancer</strong>s particuliers. <strong>Le</strong> régime<br />
alimentaire et le mode de vie occidentaux<br />
sont généralement associés à <strong>un</strong>e forte<br />
incidence de <strong>cancer</strong> du côlon-rectum, du<br />
sein, de la prostate et de l’endomètre,<br />
mais à <strong>un</strong>e incidence faible de <strong>cancer</strong>s de<br />
l’estomac, de l’œsophage, du foie et du col<br />
utérin (voir Facteurs génésiques et<br />
hormones, p. 77).<br />
plusieurs études laissent penser qu’<strong>un</strong><br />
faible apport en vitamine E est lié à <strong>un</strong><br />
risque accru de <strong>cancer</strong> du poumon, du col<br />
utérin et du côlon-rectum.<br />
<strong>Le</strong>s études portant sur les conséquences<br />
d’<strong>un</strong>e supplémentation alimentaire en<br />
vitamines sur le risque de <strong>cancer</strong> ont<br />
obtenu des résultats variables (Chimioprévention,<br />
p. 153). Deux grandes études,<br />
ATBC et CARET [14], ont observé des augmentations<br />
de l’incidence du <strong>cancer</strong> du<br />
poumon de 18 et 28% respectivement<br />
dans le groupe recevant du β-carotène<br />
(β-carotène plus vitamine A dans l’étude<br />
CARET). Dans l’étude ATBC, on a observé<br />
pour le groupe recevant <strong>un</strong> supplément en<br />
vitamine E <strong>un</strong>e réduction de 34 % de<br />
l’incidence de <strong>cancer</strong> de la prostate, mais<br />
les décès par accidents vasculaires cérébraux<br />
ont doublé et auc<strong>un</strong>e baisse de la<br />
mortalité totale n’a été observée.<br />
On s’intéresse de plus en plus à <strong>un</strong><br />
éventuel effet préventif de l’acide folique ;<br />
certaines études prospectives ont montré<br />
que des apports alimentaires élevés et<br />
des niveaux sanguins plus élevés peuvent<br />
être associés à <strong>un</strong> risque réduit de <strong>cancer</strong><br />
et de polypes adénomateux du côlon-rectum.<br />
<strong>Le</strong>s folates et la vitamine B 6 sont<br />
impliqués dans la synthèse de la méthionine<br />
et de la choline en tant que donneurs<br />
de méthyle. Un déficit en acide folique<br />
mène à <strong>un</strong>e accumulation d’homocystéine.<br />
Des taux élevés d’homocystéine ont<br />
récemment été fortement associés au<br />
décès par infarctus du myocarde, à la<br />
mortalité totale et au risque de <strong>cancer</strong> du<br />
côlon [15].<br />
Des études épidémiologiques menées<br />
dans des populations à forte incidence de<br />
<strong>cancer</strong>s de l’œsophage en Chine ont montré<br />
que le déficit en zinc était courant<br />
dans ces populations. Des études expérimentales<br />
laissent également penser<br />
qu’<strong>un</strong> déficit en sélénium est susceptible<br />
d’accroître le risque de <strong>cancer</strong> [16].<br />
Plusieurs études épidémiologiques ont<br />
examiné l’association entre le risque de<br />
<strong>cancer</strong> et le déficit de l’<strong>un</strong> de ces<br />
minéraux, avec des résultats très<br />
variables.<br />
66 <strong>Le</strong>s causes du <strong>cancer</strong>