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Le cancer, un fardeau mondial - IARC

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ACTIVATION DES AGENTS CANCEROGENES ET REPARATION DE L'ADN<br />

RESUME<br />

> Beaucoup de cancérogènes chimiques<br />

nécessitent <strong>un</strong>e activation<br />

spontanée ou enzymatique pour<br />

produire des intermédiaires réactifs<br />

qui se lient à l'ADN. <strong>Le</strong>s adduits<br />

de cancérogènes à l'ADN qui en<br />

résultent peuvent être éliminés de<br />

l'ADN par différents processus de<br />

réparation à médiation enzymatique.<br />

> Dans les cellules et les tissus présentant<br />

<strong>un</strong>e déficience de la capacité de<br />

réparation de l'ADN, la réplication de<br />

l'ADN endommagé par des cancérogènes<br />

peut aboutir à la mutation de<br />

gènes qui régulent la croissance cellulaire<br />

et la différenciation dans les<br />

populations de cellules cibles. Ces<br />

modifications génétiques conduisent<br />

généralement à <strong>un</strong>e instabilité génétique<br />

progressive qui aboutit à <strong>un</strong>e<br />

croissance non contrôlée, à <strong>un</strong>e déficience<br />

de la différenciation, à<br />

l'invasion et aux métastases.<br />

Des études expérimentales sur des<br />

rongeurs et des cellules en culture ont<br />

conduit à la classification des cancérogènes<br />

chimiques en deux grandes<br />

catégories: génotoxiques et non-génotoxiques.<br />

<strong>Le</strong>s cancérogènes génotoxiques<br />

modifient la structure de l’ADN, principalement<br />

par des liaisons covalentes aux sites<br />

nucléophiles. Ces lésions, c’est-à-dire<br />

l'entité chimique du cancérogène lié à<br />

l’ADN, sont appelées ‘adduits’ à l’ADN. La<br />

réplication de l’ADN contenant des adduits<br />

non réparés peut soit engendrer des<br />

modifications de séquences (mutations)<br />

dans les molécules d'ADN filles nouvellement<br />

synthétisées, soit des réarrangements<br />

de l’ADN qui se manifestent par des<br />

aberrations chromosomiques.<br />

Cet événement génétique irréversible et<br />

critique peut ainsi déboucher sur la fixation<br />

de la modification structurelle originale<br />

dans l'ADN, ce qui se traduit par la<br />

présence d'<strong>un</strong>e lésion génétique permanente<br />

et transmissible, ou par la perte<br />

des informations génétiques via des<br />

altérations chromosomiques. Cette modification<br />

héréditaire, à laquelle on fait<br />

parfois référence comme à l'étape ‘d’initiation’<br />

du processus tumorigène (fig.<br />

3.7), peut perturber le contrôle de la<br />

croissance dans la cellule affectée.<br />

Activation des cancérogènes<br />

La première indication d'<strong>un</strong>e association<br />

de certains <strong>cancer</strong>s à l'exposition à des<br />

produits chimiques fut mise en évidence<br />

à partir d'observations faites par des cliniciens<br />

au XVIIIème et au XIXème siècles.<br />

<strong>Le</strong> domaine de la cancérogenèse chimique<br />

expérimentale est né en 1915 avec<br />

les expériences de Yamagiwa et Ichikawa,<br />

qui ont démontré que l'application de<br />

goudron sur des oreilles de lapins induisait<br />

des tumeurs cutanées. Dans les<br />

années 1940, des expériences sur la peau<br />

de souris ont établi l’évolution par étapes<br />

du <strong>cancer</strong> et ont permis de définir deux<br />

classes d'agents, les initiateurs et les<br />

promoteurs [1]. La plupart des<br />

cancérogènes sont soumis au métabolisme<br />

qui aboutit à leur élimination, mais<br />

au cours duquel des intermédiaires réactifs<br />

sont générés. Cette activation<br />

métabolique a pour résultat la modification<br />

des macromolécules cellulaires<br />

(acides nucléiques et protéines) [2]. Par<br />

conséquent, des tests de mutagénicité<br />

utilisant des bactéries et des cellules<br />

mammaliennes en culture ont été mis au<br />

point et sont largement utilisés pour identifier<br />

des cancérogènes potentiels. Il n'est<br />

toutefois pas possible de démontrer que<br />

tous les produits chimiques connus pour<br />

provoquer le <strong>cancer</strong> se lient à l’ADN et dès<br />

lors de les classer comme ‘génotoxiques’.<br />

L’activation de cancérogènes chimiques<br />

dans le tissu mammalien est principalement<br />

le résultat de l'oxydation par les<br />

mono-oxygénases microsomales (cytochromes<br />

P450, enzymes de phase I). <strong>Le</strong>s<br />

cytochromes P450 sont situés dans le<br />

réticulum endoplasmique (membranes<br />

internes de la cellule) et constituent <strong>un</strong>e<br />

superfamille protéique; on en connaît<br />

actuellement environ 50 chez l’homme.<br />

<strong>Le</strong>s produits d'oxydation sont des substrats<br />

pour d'autres familles d'enzymes<br />

(transférases, enzymes de phase II) qui<br />

lient les résidus cancérogènes à <strong>un</strong><br />

groupement glutathione, acétyle,<br />

glucuronide ou sulfate. <strong>Le</strong>s conjugués<br />

résultants sont hydrophiles et peuvent<br />

ainsi être facilement excrétés. <strong>Le</strong>s<br />

métabolites électrophiles cancérogènes<br />

se présentent comme des produits intermédiaires<br />

de ces réactions métaboliques.<br />

<strong>Le</strong>s voies métaboliques sont bien caractérisées<br />

pour les principales classes de<br />

cancérogènes chimiques (fig. 3.8),<br />

englobant les hydrocarbures aromatiques<br />

polycycliques, les amines aromatiques,<br />

les N-nitrosamines, les aflatoxines et les<br />

halogénures de vinyle qui donnent des<br />

espèces électrophiles par activation de la<br />

phase I [3]. D'autres voies métaboliques<br />

sont connues. A titre d'illustration, les<br />

dihaloalcanes sont activés en des<br />

métabolites cancérogènes par les<br />

glutathion-S-transférases.<br />

Détoxication<br />

Réparation<br />

de l'ADN<br />

Réplication cellulaire<br />

sans modification des<br />

séquences d'ADN<br />

CELLULES<br />

NORMALES<br />

PRO-CANCEROGENE<br />

Cancérogène ultime<br />

Activation<br />

métabolique<br />

Liaison covalente à l'ADN,<br />

à l'ARN et aux protéines<br />

Adduits promutagènes à l'ADN<br />

Pas de réparation de<br />

l'ADN ou réparation<br />

erronée<br />

Réplication cellulaire<br />

avec modifications des<br />

séquences d'ADN<br />

(mutations géniques)<br />

CELLULES<br />

INITIÉES<br />

Fig. 3.7 Etapes critiques du processus d'initiation<br />

induit par des produits chimiques génotoxiques<br />

Activation des agents cancérogènes et réparation de l’ADN 89

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