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Numéro 66 - Café pédagogique

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Pour les lycées, en examinant département par département, on observe une corrélation<br />

statistique importante et significative entre l’écart de réussite par rapport aux taux attendus au<br />

bac (ce que la DEP appelle la « valeur ajoutée ») et le niveau de ségrégation sociale : plus la<br />

ségrégation sociale est forte au sein des lycées d’un département, plus les résultats sont<br />

faibles. Les données dans le tableau suivant montrent ce lien apparent entre forte ségrégation<br />

et faible valeur ajoutée.<br />

Valeur ajoutée<br />

moyenne<br />

Faible niveau de<br />

ségrégation<br />

(indice de<br />

dissimilarité 1<br />

inférieur à 20%)<br />

+ 1,5%<br />

(41 départements)<br />

Ségrégation modérée<br />

(indice de<br />

dissimilarité compris<br />

entre 20 et 30%)<br />

+ 1%<br />

(43 départements)<br />

Ségrégation<br />

importante<br />

(indice de<br />

dissimilarité supérieur<br />

à 30%)<br />

-2,5%<br />

(12 départements)<br />

Faible niveau de ségrégation (indice de dissimilarité (2) inférieur à 20%) Ségrégation<br />

modérée (indice de dissimilarité compris entre 20 et 30%) Ségrégation importante (indice de<br />

dissimilarité supérieur à 30%) Valeur ajoutée moyenne + 1,5% (41 départements) + 1% (43<br />

départements) -2,5% (12 départements) Entre le groupe des départements faiblement<br />

ségrégués et celui des fortement ségrégués, l’écart de valeur ajouté est de 4 %.<br />

Une simulation numérique faite à partir des coefficients statistiques obtenus montre que si la<br />

ségrégation à Paris était similaire à celle du Finistère, le taux de réussite progresserait de 7<br />

pts.<br />

Que cache cette corrélation statistique ? La ségrégation est-elle une cause directe de la<br />

faiblesse des résultats ou simplement la conséquence d’un système scolaire élitiste inefficace<br />

? De nombreuses études concluent à un effet stimulant de la mixité sociale que ce soit au sein<br />

des établissements scolaires ou dans le voisinage résidentiel et a contrario, à un effet<br />

déprimant de la ghettoïsation pour les élèves issus de milieux défavorisés. Mais, il y a d’autres<br />

explications possibles comme, par exemple, l’hétérogénéité de l’offre scolaire. Il est quasi<br />

certain que la ségrégation sociale au sein du système scolaire s’accompagne d’une forte<br />

ségrégation des enseignants selon leur niveau d’expérience : les enseignants chevronnés sont<br />

là où on n’a guère besoin d’eux.<br />

Il est techniquement facile d’améliorer la mixité sociale dans les lycées parisiens. De fait, la<br />

sectorisation scolaire en quatre districts permet en théorie une homogénéisation sociale, même<br />

s’il subsiste des différences entre districts : le district Est ne comptant « que » 56% de lycéens<br />

favorisés présents dans les lycées généraux (et technologiques) publics, contre 60% pour le<br />

Nord, 71% pour le Sud et 74% pour l’Ouest. Or, à l’intérieur de chacun des districts, le niveau<br />

de ségrégation des lycéens défavorisés reste supérieur à celui que l’on observe dans la plupart<br />

des départements. A titre d’exemple, dans le district Nord, alors qu’en moyenne il y a 20% de<br />

lycéens défavorisés, ce pourcentage varie de 6% à 52% au sein des lycées de ce district. Dans<br />

le district Sud, le pourcentage de lycéens favorisés varie de 27% à plus de 85%.<br />

1 L’indice de dissimilarité est une mesure synthétique de la ségrégation, calculée ici pour les établissements<br />

scolaires. L’indice utilisé ici est celui mesurant le niveau de ségrégation des élèves de milieux très favorisés. Une<br />

valeur de 20 signifie qu’il faudrait déplacer 20% des élèves de milieux très favorisés pour obtenir une répartition<br />

homogène de ces élèves au sein des lycées du département. Pour Paris, cette valeur est de 39 % ce qui la place au<br />

second rang derrière les Hauts de Seine (40%) et juste devant la Seine St-Denis (38%).

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