Numéro 66 - Café pédagogique
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leurs élèves, à des relations pacifiées en classe.<br />
Je pense que la majorité des élèves sont suffisamment adultes pour comprendre que leurs<br />
droits ne peuvent pas exister sans obligation. Le parallèle avec la famille est instructif. Le<br />
fonctionnement des familles est devenu plus démocratique. D'abord, l'autorité paternelle a<br />
disparu au profit de l'autorité parentale. Après cette égalité entre les conjoints, encore<br />
imparfaite, s'est développée aussi une plus grande écoute des enfants dans la famille.<br />
Le modèle du seul maître à bord appartient au passé. L'école ne peut pas rester en dehors de<br />
ce mouvement vers l'égalité des personnes. La promotion des droits des élèves est de plus en<br />
plus une nécessité pour parvenir à l'ordre scolaire. Aujourd'hui, ce sont les méthodes<br />
autoritaires qui sont source de désordre. Sur le moment, le professeur autoritaire obtient le<br />
calme par la terreur. Après, dans l'école et aux alentours, on retrouve des inscriptions<br />
vengeresses, des dégradations de matériel, des cailloux dans les lampadaires...<br />
Cependant, les problèmes qui existent dans la famille sont encore ceux qui existent dans<br />
l'école. Dans les deux cas, ce sont des fonctionnements démocratiques un peu particuliers. La<br />
démocratie scolaire n'est pas de même nature que le régime politique démocratique. La classe<br />
est certes une « petite société » dans laquelle les droits des élèves doivent être plus présents<br />
mais ce n'est pas une démocratie : le professeur n'est pas élu, il doit suivre les instructions<br />
officielles et les élèves sont soumis à l'obligation scolaire et même à l'obligation d'apprendre.<br />
Le professeur a donc des prérogatives tout à fait légitimes. Seul le développement des droits<br />
des élèves permet d'éviter que ces prérogatives soient parfois détournées de leurs missions et<br />
aboutissent à des pratiques d'humiliation.<br />
FJ- Souvent les vexations sont involontaires. C'est le cas par exemple quand un enseignant<br />
blesse un élève en dévoilant des problèmes familiaux. Quel conseil peut-on donner aux<br />
enseignants pour les éviter ?<br />
Un seul conseil : le respect de la vie privée des élèves. Ce qui revient, plus généralement, à ne<br />
pas exposer les élèves publiquement. Un professeur serait sûrement choqué de voir affiché en<br />
salle des professeurs et dans la cour de récréation sa note pédagogique, sa note administrative<br />
et son avancement « à l'ancienneté » (c'est-à-dire l'avancement le moins rapide). Les<br />
évaluations de sa compétence professionnelle par l'inspecteur pédagogique et le chef<br />
d'établissement ne regardent que lui.<br />
Pour quelle raison le professeur dévoile-t-il publiquement les notes des élèves à toute la classe<br />
? Cette pratique n'a aucun intérêt pédagogique. Si les élèves veulent connaître les notes de<br />
leurs copains, il leur suffit de leur demander. Les élèves sont catégoriques sur ce point et ont<br />
raison : « les notes, c'est comme un problème de santé ». Le respect de la vie privée que les<br />
professeurs souhaitent pour eux-mêmes doit inspirer leur conduite vis-à-vis de leurs élèves.<br />
FJ- Que faudrait-il faire pour construire une Ecole démocratique c'est à dire une Ecole qui<br />
prépare les jeunes à participer à une société démocratique ? Pensez-vous que la loi Fillon<br />
aille dans ce sens ?<br />
Pour parvenir à une école plus démocratique, il faut nécessairement que les règlements<br />
intérieurs des établissements soient davantage conformes à la réglementation en vigueur. Il est