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Un livre les Mots de la terre - Pardessuslahaie.net

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en<strong>de</strong>z-vous.<br />

Je <strong>de</strong>scends à <strong>la</strong> cuisine, <strong>les</strong> chattes Cannelle et Lo<strong>la</strong><br />

atten<strong>de</strong>nt leurs croquettes. Je mets le café à chauffer dans<br />

une casserole et pendant ce temps, je donne à manger aux<br />

chattes sur le seuil <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte d’entrée. El<strong>les</strong> ont aussi le<br />

droit à quelques caresses. Je reviens vers mon café, sort un<br />

bol, <strong>de</strong>ux sucres, le pain, le beurre et m'assoie à <strong>la</strong> table <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> cuisine. J'allume <strong>la</strong> télévision pour regar<strong>de</strong>r Télé-matin<br />

afin d'avoir <strong>la</strong> météo et <strong>les</strong> informations <strong>de</strong> sept heures.<br />

A sept heures trente, je me lève <strong>de</strong> table, range le petitdéjeuner.<br />

Je fais ma toilette et sors <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison pour<br />

donner en vitesse du blé aux pou<strong>les</strong>.<br />

Je pars à pied au champ. Il me reste jusqu'à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l'aprèsmidi<br />

pour finir d'enlever le rumex dans le <strong>de</strong>rnier champ.<br />

J'emmène avec moi un seau et ma pioche. Ce travail<br />

physique me p<strong>la</strong>it pour différentes raisons. Je sais que je<br />

gar<strong>de</strong>rai mon côté sportif, habitué à l'endurance, pour<br />

conserver un physique musclé et fin. Naturellement, j'aime<br />

l'effort. Ce travail basique d'entretien <strong>de</strong>s champs, à<br />

marcher et piocher, me convient. Je suis au plus prés du sol,<br />

seul avec <strong>la</strong> <strong>terre</strong> que j’ai choisie pour avoir ma propre<br />

liberté d'entreprendre, sans compte à rendre à personne.<br />

Seul le bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> pioche au contact du sol marque ma<br />

présence au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Cet outil fait partie <strong>de</strong> ma<br />

vie. Mon père me l'avait donné à 14 ou 15 ans, quand il m'a<br />

appris à sélectionner <strong>les</strong> p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> <strong>terre</strong>. Sa<br />

forme étroite d'une vingtaine <strong>de</strong> centimètres, son manche<br />

en bois court me facilitent le travail quel qu'il soit. Je n'ai<br />

jamais désiré le modifier pour qu'il soit plus performant.<br />

Je coupe à travers champ pour passer vers le milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

haie <strong>de</strong> noisetiers, à cet endroit ce sont <strong>de</strong>s noisetiers<br />

rouvres qui ont été p<strong>la</strong>ntés, ils sont moins hauts et moins<br />

étoffés que <strong>les</strong> noisetiers greffés. J'utilise souvent ce<br />

passage et je ne suis pas le seul à m'en servir. Les animaux<br />

l'utilisent aussi, entre autres Mozart, le <strong>la</strong>brador <strong>de</strong> Marie-<br />

Reine qui fait son tour tous <strong>les</strong> jours au vil<strong>la</strong>ge. Je le trouve<br />

sur son chemin <strong>de</strong> retour, il me connait bien et suivant son<br />

humeur, il se <strong>la</strong>isse caresser ou reste à distance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

pas, l’air <strong>de</strong> me dire : « Aujourd’hui je suis pressé <strong>de</strong> rentrer<br />

à <strong>la</strong> maison. »<br />

Les renards aussi l'empruntent, mais pas <strong>les</strong> lièvres qui ne<br />

veulent pas se faire repérer alors qu'ils gîtent quelques fois<br />

à cinquante mètres du passage.<br />

Dès cette haie passée, <strong>les</strong> bruits s'estompent, je vais<br />

retrouver mon ambiance <strong>de</strong> travail en silence. Je reprends<br />

ma marche normale entre <strong>les</strong> rangs <strong>de</strong> cannes <strong>de</strong> maïs<br />

<strong>la</strong>issées l'année précé<strong>de</strong>nte. Jusqu'à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> matinée,<br />

j'avance à bonne allure dans cette parcelle <strong>de</strong> neuf hectares<br />

à l'écart <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> <strong>la</strong> route. Elle est en forme <strong>de</strong> cuvette<br />

et donne l'impression, suivant où l'on se trouve, d'être<br />

petite ou au contraire démesurée. Je l'ai entourée <strong>de</strong> haies<br />

bocagères, ce qui amplifie le sentiment d'être au fin fond <strong>de</strong><br />

nulle part. Je n'ai pas <strong>de</strong> montre, midi est sûrement passé.<br />

Je suis content car je n'ai pas trouvé <strong>de</strong> grand foyer <strong>de</strong><br />

rumex. Je prends <strong>la</strong> décision d'aller me faire à manger. Je<br />

dépose mon seau et ma pioche au bout du rang <strong>de</strong> cannes<br />

<strong>de</strong> maïs et rentre à pied à <strong>la</strong> maison.<br />

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