Un livre les Mots de la terre - Pardessuslahaie.net
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En septembre 2008, lors du conseil d’administration du<br />
Groupement <strong>de</strong> Vulgarisation Agricole, Valérie, C<strong>la</strong>ire, Catherine,<br />
Yo<strong>la</strong>n<strong>de</strong> et Jo, agriculteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Pontivy, s’interrogent<br />
sur <strong>la</strong> représentation que se fait le mon<strong>de</strong> extérieur <strong>de</strong> leur<br />
métier.<br />
« Les gens sont-ils conscients <strong>de</strong> ce qui se passe dans notre<br />
profession, questionnait Joseph :<br />
Comment nous faire entendre ? <strong>de</strong>mandait Catherine.<br />
Il faudrait l’écrire », pensait tout haut Valérie.<br />
La conseillère, Marie-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, propose alors <strong>de</strong> mettre par écrit le<br />
ressenti <strong>de</strong> chacun. Si tous adhèrent à l’idée, <strong>la</strong> mise en pratique<br />
se trouve confrontée à une première difficulté. L’époque <strong>de</strong>s<br />
rédactions faites à l’école est bien lointaine, mettre sa pensée en<br />
mots sur le papier se révèle plus complexe que d’échanger par <strong>la</strong><br />
parole. Comment fixer son idée, l’organiser, <strong>la</strong> rendre<br />
compréhensible ? Comment faire passer <strong>les</strong> émotions,<br />
transmettre <strong>les</strong> images ?<br />
Deux mois plus tard, un premier contact est établi entre <strong>les</strong><br />
agriculteurs et <strong>les</strong> animateurs d’un atelier d’écriture, Pierre et<br />
Simone.<br />
« Témoins <strong>de</strong> compréhension et d'ajustement, nous nous sommes<br />
efforcés <strong>de</strong> rendre cohérent ce que chacun <strong>de</strong>s cinq intervenants<br />
avaient à exprimer. Cette présence, tout au long <strong>de</strong>s trois années<br />
d'écriture, aussi discrète que possible, n'a pas été neutre, malgré<br />
notre souci d'objectivité. Les échos renvoyés aux uns et aux autres,<br />
ou suscités entre <strong>les</strong> uns et <strong>les</strong> autres, à chaque séance, ont modifié<br />
<strong>les</strong> trajectoires <strong>de</strong> pensée <strong>de</strong>s « écrivants », comme <strong>de</strong>s nôtres. La<br />
liberté entre nous et le respect réciproque ont été suffisamment<br />
grands pour nous permettre d'aboutir à ce texte collectif qui, le<br />
plus souvent, prend <strong>la</strong> forme d'un colloque, au sens que <strong>la</strong> tradition<br />
donne à ce terme : un entretien entre plusieurs personnes, dans <strong>la</strong><br />
diversité <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue ».<br />
Trois années s’écoulent pendant <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> cinq écrivains<br />
amateurs expriment à <strong>la</strong> fois toutes <strong>les</strong> palettes <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong><br />
paysan et toutes <strong>les</strong> couleurs <strong>de</strong> leurs humeurs. Ils témoignent<br />
avec simplicité et spontanéité d’un métier dans lequel ils sont<br />
entrés par tradition familiale ou par choix. Ils évoquent <strong>les</strong><br />
enfants qui grandissent dans leur univers professionnel et<br />
s’investissent dans certains travaux. Prendront-ils <strong>la</strong> suite <strong>de</strong><br />
l’exploitation ?<br />
Ils expliquent leur travail, <strong>les</strong> gestes répétitifs, le paysage qui<br />
change en fonction <strong>de</strong>s saisons, <strong>les</strong> animaux d’élevage ou<br />
domestiques, <strong>les</strong> cultures.<br />
Les re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> voisinage peuvent parfois se révéler<br />
conflictuel<strong>les</strong> mais el<strong>les</strong> montrent également <strong>la</strong> solidarité entre<br />
vil<strong>la</strong>geois, l’entrai<strong>de</strong> lors <strong>de</strong>s travaux agrico<strong>les</strong>, <strong>la</strong> participation<br />
aux fêtes, <strong>les</strong> échanges et <strong>la</strong> communication sociale.<br />
L’agriculteur ne compte ni ses jours <strong>de</strong> travail, ni son temps, ni le<br />
sacrifice <strong>de</strong> ses loisirs. Il doit se plier à une réglementation <strong>de</strong><br />
plus en plus draconienne pour un gain toujours réduit. Pour ne<br />
pas se sentir isolé et pour partager avec d’autres, <strong>les</strong><br />
associations, comme le GVA, permettent d’échanger sur <strong>de</strong>s<br />
sujets techniques ou sociaux, <strong>de</strong> rire, <strong>de</strong> pleurer aussi parfois.<br />
Cette nécessaire soupape <strong>de</strong> sécurité se fait au sein d’un groupe<br />
convivial, solidaire et heureux <strong>de</strong> se réunir.<br />
Les hommes et <strong>les</strong> femmes qui travaillent dans l’agriculture ont<br />
un but fondamental : nourrir <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. La passion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>terre</strong><br />
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